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France : Strasbourg 1872 – 1918 : Fort Fransecky / Fort Ney

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Message par MJR Jeu 4 Avr 2013 - 8:12

France : Strasbourg 1872 – 1918 : Fort Fransecky / Fort Ney (1)


Système fortifié

Ceinture des forts détachés de Strasbourg – Rive gauche du Rhin – Secteur Nord.

Type

Fort détaché à fossé plein d’eau de type « Biehler ».

Construction (gros œuvre)

Eté 1873 - 1876

Façade de gorge - entrée du fort (photo MJR mai 2008). Les forts à fossés pleins d’eau non que très peu de locaux à l’entrée de l’ouvrage : juste le porche d’entrée avec porte blindée, grille et pont levis, quelques créneaux de défense de l’entrée, suivit d’une longue poterne sous traverse en capitale, quelques locaux du poste de garde, de part et d’autre les latrines du fort et au 1er étage un local de stockage des vivres. Tous les autres locaux du casernement et de l’artillerie sont répartis dans les deux ailes du front de tête. Il reste toutefois quelques locaux de stockage de part et d’autre de la poterne principale.

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Dénomination

Les forts détachés de Strasbourg ont été numéroté en partant du fort situé le plus au nord sur la rive gauche du Rhin, c’est-à-dire le fort Fransecky (fort Ney), en tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre en finissant par la rive droite du Rhin, au nord de Kehl, en face du fort Ney, avec le Fort XII qui est le fort Blumenthal. Néanmoins ont ajoutera deux forts complémentaires : le Podbielski (Fort Ducrot) et le fort Schwarzhof (Fort Hoche), qui prendront des numéros intermédiaires peut utilisés dans la dénomination des forts.

Entrée du fort Fransecky / fort Ney (Photo MJR 2010)

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Blockhaus de défense de l’entrée (Photo MJR 2008)

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Fort I - Fort Wantzenau : vers 1873

Fort Fransecky : 1er septembre 1873

Fort Ney : vers 1919

Fort Fransecky : 1940 – novembre 1944

Fort Ney : à partir de décembre 1945 à priori (date exacte du baptême est inconnue)

Entrée principale, pont-levis, porte et grille (photo MJR 2010)

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Poterne principale sous traverse en capitale (Photo MJR 2010)

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Courte biographie des noms de baptême du fort

Fransecky : général Eduard Friedrich von Fransecky (1807-1890), commandant du II° Corps d’armée prussien lors de la guerre de 1870. A l’issue du conflit, Fransecky prend le commandement du XV. Corps d’armée allemand crée pour tenir garnison en Alsace-Lorraine, dans les territoires annexés à l’empire.

Ney : maréchal d’Empire Michel Ney (1790-1815), duc d'Elchingen et prince de la Moskova, surnommé par Napoléon Ier le « brave des braves ».

Façade du casernement du flanc gauche du front de tête ; les grandes baies ont été ouvertes en 1943 pour l’installation du laboratoire secret ; auparavant nous avions deux fenêtres par baie (photo MJR 2008).

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Situation géographique

Situé sur le front Nord de la ceinture des forts détachés de Strasbourg, sur la limite nord du ban de la commune de Strasbourg, en limite nord de la forêt de la Robertsau, dans un coude de la rivière dénommé l’Ill.

Vue de la douve et de la caponnière de tête (Photo MJR 2010)

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Propriétaire

Ministère de la défense ; le site est classé « Terrain militaire ».

Utilisation : unités de la base de défense de Strasbourg-Haguenau et une association de pêche.

L’accès à ce site est strictement interdit : articles 413-5 et R644-1 du code pénal (peine maxi 1 an de prison et 50 000 € d’amende).

Caponnière de l’aile gauche (Photo MJR 2010)

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Rôle stratégique

Ce fort, avec son voisin de la rive droite, le fort Blumenthal, commande le cours inférieur du Rhin et sa vallée et plus particulièrement la vaste zone humide du Ried nord autour de la Wantzenau, la route de Lauterbourg et la voie ferrée vers Lauterbourg - Germersheim.

Caponnière de l’aile droite (Photo MJR 2010)

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Histoire succincte du fort

Décembre 1872 : adjudication des travaux de construction des trois forts à fossés plein d’eau : les forts près de la Wantzenau, d’Illkirch et au sud d’Ostwald.
La presse avait publié les conditions : « La prise en charge d’un fort nécessite un consortium comportant au moins trois maître maçon, mais les grandes entreprises de travaux étant une société solidement organisée peuvent soumissionner pour la construction de plusieurs forts dans le cas ou elles s’engage à mettre sur chaque fort, en permanence, un maître maçon expérimenté dans la conduite d’un tel chantier. Les consortiums qui participent à cette soumission doivent présenter les attestations de leurs membres pour le 10 décembre, documents à envoyer au service de la Fortification et doivent disposer en plus, d’un capital d’entreprise certifié d’au moins 50 000 thalers.
La caution a déposé pour la construction d’un fort est fixée à 20 000 thalers, de celle-ci 10 000 thalers doivent être déposés à la signature du contrat sous forme d’obligation d’Etat, et le reste sous forme de payement d’environ 5% des sommes successives à percevoir.
Chaque construction de fort nécessite :
environ 195 000 mètres cubes de terrassement,
environ   30 000 mètres cubes de maçonnerie.
La durée de construction d’un fort est fixée à 3 ans.
Les conditions particulières peuvent être consultées au bureau des fortifications ».

Printemps 1873-1876 : construction difficile du fort sur un terrain marécageux situé dans un coude de l’Ill ; ce terrain n’a pas été exproprié mais à fait l’objet d’un échange de terrain entre la ville de Strasbourg et l’administration militaire allemande. La préparation du chantier des zones d’action de l’artillerie du fort nécessite d’importants défrichement (le bois a été vendu aux enchères sur place) et la construction d’une route d’accès. Les matériaux sont acheminés par voie fluviale.
Un ouvrage français publié en 1875 et intitulé « Les Armées françaises et étrangères en 1874 » nous donne quelques renseignements sur les difficultés rencontrées pour construire le Fort Fransecky dans ce terrain inondable situé dans un coude de l’Ill : « Quand à Strasbourg, tous les travaux de la rive gauche sont les uns achevés, les autres sur le point de l’être. L’importance des forts élevés autour de cette grande place mérite qu’on s’occupe de chacun d’eux en particulier……Le Fort Fransecky, par lequel nous commencerons, s’élève dans la forêt de la Wantzenau. Il a fallut, pour le construire, raser une partie de ces bois qui appartenaient à la ville ; ce fort est l’un des moins avancés, parce qu’on a eu à surmonter des difficultés considérables pour parvenir à établir des fondations solides, dans un terrain qui en grande partie se trouvait inondé ».

Printemps 1876 : adjudication des travaux de pose de fascines pour consolider les fossés du fort.

Juillet 1876 : premier exercice de forteresse au Fort Fransecky par des unités de la garnison de Strasbourg.

Jeudi 3 mai 1877 : visite impériale au fort Fransecky : passage de l’empereur Guillaume 1er (Kaiser Wilhelm I).

1935 – 1940 : le fort sert d’abri et de casernement pour les troupes chargés d’occuper les casemates défendant les accès au Rhin dans le forêt de la Robertsau.

Insigne d’une unité de motocyclistes français trouvé dans le poste de garde à l’entrée du fort près des latrines (photo MJR 2010)

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Durant la Seconde Guerre mondiale : un important laboratoire secret nazi de recherches médicales chargé notamment d’élaborer et de tester des antidotes aux gaz de combat (phosgène) est installé en 1943 et reste en fonction jusqu’en septembre 1944 ; on procède notamment à des expériences animales sous la direction du Prof. Otto Bickenbach, prélude aux essais sur des cobayes humains à la chambre à gaz du camp du Struthof. L’ensemble du fort a été complètement remanié, et le laboratoire secret occupait 90% des locaux du fort ! Actuellement il reste toujours les locaux d’expérimentation des antidotes des gaz (chambres à gaz, tables de laboratoire, etc.).

La grande chambre à gaz (20 m3) du laboratoire de recherche nazi, volume identique à celle installée au camp de concentration de Natzwiller (Struthof), pour mettre au point le dosage (photo MJR 2010)

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Le 23 novembre 1944 : alors que vers 10h00 le sous-groupement Rouvillois de la 2° division blindée française entre dans Strasbourg en passant par Mundolsheim, le général Franz Vatterodt commandant les troupes allemandes à Strasbourg se retranche au Fort Ney. Le lendemain, le Groupement Tactique L (G.T.L.) renforcé par le sous-groupement Rouvillois reçoit l’ordre de tenir les lisières nord de Strasbourg et de réduire la résistance ennemie au fort Ney. Dans la matinée du 25 novembre 1944, le G.T.L. négocie dans le courant de la matinée la reddition du fort Ney ; à 13h00 la compagnie allemande défendant le pont de la Wantzenau est anéantie par une attaque blindée et le fort se rend livrant le général Vaterrodt et son état-major.

14 août 1946 : Robert Wagner ancien Gauleiter qui a instauré le service militaire obligatoire pour les Alsaciens et trois fonctionnaires de la Gauleitung sont fusillés au Fort Ney, dans une des cours, en présence de la presse.

1946 : le fort et le terrain attenant « Beckenwoerth » sont à priori utilisés en tant que terrain d’exercice.

Années 1950-1960 environ : le fort aurait été utilisé par l'Armée de l'air (information complété par "CPIO").

1970 à 1978 environ : le fort Ney est utilisé comme annexe du centre d’instruction commando de Kehl, le C.E.C. n°7 (information complétée par "CPIO").

Vers 1997 : les équipements du parcours d’évasion sont démantelés par le 1er RG.

2011 : le fort et le terrain d’exercice entre dans le giron de l’ECI n°4 et sont gérés par le 2e RH, certains obstacles et pistes ont été rénovés et réinstallé. La façade du casernement du front gauche est utilisée pour les descente en rappel.

A bientôt pour la suite de la visite….

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Message par Admin Jeu 4 Avr 2013 - 8:43

Merci Richard, ce sujet est passionnant ! je connais un fort où je passais mais nuits pas très loin de là "Le Chalet Razz Very Happy "

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Message par CPIO Ven 5 Avr 2013 - 5:06

Richard,

Sujet très intéressant que l'histoire de la ceinture des forts de Strasbourg, tu as de sacré archives photos et sans doute une belle documentation.

Comme je le disais précédemment, le fort Ney a été un des "terrains de jeu" de l'équipe SAF du 33/32RG, que ça soit avec nos amis du CEC7 ou après sa dissolution. Les ayants tellement fait j'ai encore quelques souvenirs des pistes, des parcours évasion et des lieux. Il a même un stage PSIS de l'EPAT (encadré par par l'Adj/C Michel G...) qui est passé entre ces murs.

Le CEC7 a du occuper les lieux au tout début des années 70 et ce jusqu'en 1978. Puisqu'ensuite, pour accéder au fort, nous allions chercher les clés au bureau de garnison de Strasbourg.
J'ai eu en son temps une autre info, par qui je ne sais plus, comme quoi le fort aurait été occupé par l'Armée de l'Air dans les années 50.
Le fort Ney était aussi à l'époque la réserve de pêche des Officiers.

J'ai également le souvenir d'une décoration particulière d'une des salles voutée qui se trouvait en extrémité de la grande circulation qui traversait le fort d'un bout à l'autre.
Déco "métro Parisien" des années 50. La déco de la salle correspondait à une station, et dans le couloir d'accès était peint une pub de l'époque que l'on voyait dans les tunnels: Dubo....Dubon....Dubonet c'était un apéro.

Comme tu es très documenté, peut être as-tu quelque chose sur le fort Ampère. Il est à un peu plus d'un kilomètre de la, de l'autre coté de la route qui mène à la Wantzenau. Nous y sommes rentrés en douce et nous sommes posés des questions sur son utilisation au regard de son état d'entretien apparent. Au bureau de garnison nous n'avons obtenu aucune réponse, si ce n'est que c'était la réserve de pêche des Sous Officiers.


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Message par MJR Ven 5 Avr 2013 - 8:09

Bonsoir,

l'ouvrage Neuf-Empert appartient pour l'intérieur de l'ouvrage à l'éducation nationale et l'extérieur au Ministère de la Défense. Il y a toujours le club de pêche mais le chercheur qui avait installé des appareils sysmographique dans l'ouvrage a pris sa retraite et les appareils ont été retirés.

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Message par GUIHENEUF jean paul Ven 5 Avr 2013 - 9:51

bonsoir richard ,
je me souviens de ce fort utilisé fin des années 60 par le CEC de Kehl ou en temps que stagiaire ( 23°cie du 11°RG ) nous devions nous évader pour rejoindre le rhin sur la Wantzenau ou un chaland nous permettait de rejoindre la RFA pour continuer vers la foret noire avec des treillis marqués KG à la peinture blanche . que de souvenirs !!!
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Message par carrere Sam 6 Avr 2013 - 1:38

Que de souvenirs...le parcours d'évasion du fort Ney et le "chalet" Cool

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Message par MJR Sam 6 Avr 2013 - 8:21




Poterne transversale (se situe entre la porterne sous traverse en capitale (à droite) et le casernement du front de tête (à gauche sous les remparts), photos MJR 2010.

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Vue intérieure de la traverse-abri n°2 (pièce 156) – photo MJR 2010

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Traverse-abri n°4 :

Partie haute du monte-charge à munitions – photo MJR 2010

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Insigne des électromécaniciens du 1er RG (1935-1940) – Photo MJR 2010

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Message par GRADWOHL Jacques Ven 12 Avr 2013 - 20:25

Bonjour,
Voici quelques photos du parcourt commando en novembre 1975 quand j'étais au régiment

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Message par MJR Sam 14 Sep 2013 - 10:13




Merci Jacques pour ces belles photos du temps du CEC.

Douche de décontamination située au 1° étage de l’aile gauche : l’aile gauche de cet étage est réservé aux études des antidotes du phosgène ; deux sas de décontamination sont installés dans ces locaux, et une grande cheminée a été érigée sur les parapets situés au-dessus de ces casemates, lors de l’installation du laboratoire en 1943.

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Salle du laboratoire, encore équipé de tables avec becs à gaz pour les analyses. Au fond, cette pièce comportait initialement deux fenêtres car casemate comme tous les forts. Lors de l’installation du laboratoire, ces deux fenêtres ont été transformées en une grande baie vitrée.

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Au rez-de-chaussée de la même aile, les installations laissent à penser qu’il s’agissait peut-être de la zone où l’on stockait les animaux dans des cages. Certaines pièces sont munies de restes de supports muraux et de rigoles.

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Autre pièces avec table de laboratoire, et se faisceau électrique qui parcours l’ensemble des locaux aménagés en laboratoire nazi sur les deux étages.

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Sur les parapets de l’aile gauche, le reste de la grande cheminée, le restant est tombé à terre. Elle est située au-dessus de la pièce contenant les deux chambres à gaz, à proximité de la deuxième traverse-abri. .

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Petite chambre à gaz du deuxième étage.

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Porte de guerre : comme les autres forts détachés de Strasbourg, le fort Fransecky a été équipé de porte de guerre, avec sas, ce qui permettait de condamner les accès principaux en cas de siège. Ces travaux ont été réalisés vers 1914.

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Message par papepa Sam 22 Nov 2014 - 2:28

Bonjour,

Sujet très intéressant , est ce que quelqu'un pourrait me dire si il est possible de visiter ce fort ?
Je fais partie de l'association du fort Ducrot , et visiter les autres fort sud de la ceinture pourrait être " éducatif " .

Merci

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Message par MJR Sam 9 Avr 2016 - 8:04

CPIO a écrit:Richard,

Sujet très intéressant que l'histoire de la ceinture des forts de Strasbourg, tu as de sacré archives photos et sans doute une belle documentation.

Comme je le disais précédemment, le fort Ney a été un des "terrains de jeu" de l'équipe SAF du 33/32RG, que ça soit avec nos amis du CEC7 ou après sa dissolution. Les ayants tellement fait j'ai encore quelques souvenirs des pistes, des parcours évasion et des lieux. Il a même un stage PSIS de l'EPAT (encadré par par l'Adj/C Michel G...) qui est passé entre ces murs.

Le CEC7 a du occuper les lieux au tout début des années 70 et ce jusqu'en 1978. Puisqu'ensuite, pour accéder au fort, nous allions chercher les clés au bureau de garnison de Strasbourg.  
J'ai eu en son temps une autre info, par qui je ne sais plus, comme quoi le fort aurait été occupé par l'Armée de l'Air dans les années 50.
Le fort Ney était aussi à l'époque la réserve de pêche des Officiers.

J'ai également le souvenir d'une décoration particulière d'une des salles voutée qui se trouvait en extrémité de la grande circulation qui traversait le fort d'un bout à l'autre.
Déco "métro Parisien" des années 50. La déco de la salle correspondait à une station, et dans le couloir d'accès était peint une pub de l'époque que l'on voyait dans les tunnels: Dubo....Dubon....Dubonet c'était un apéro.  

Comme tu es très documenté, peut être as-tu quelque chose sur le fort Ampère. Il est à un peu plus d'un kilomètre de la, de l'autre coté de la route qui mène à la Wantzenau. Nous y sommes rentrés en douce et nous sommes posés des questions sur son utilisation au regard de son état d'entretien apparent. Au bureau de garnison nous n'avons obtenu aucune réponse, si ce n'est que c'était la réserve de pêche des Sous Officiers.

   


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Message par MJR Sam 9 Avr 2016 - 8:11

Réponse à la question précédente : le fort Ney et le terrain d’exercice du « Beckenwoerth » sont situés sur un terrain militaire. L’accès est strictement interdit. Ce terrain est régulièrement utilisé par les unités de la région et par la police nationale. Par ailleurs, la douve est utilisée par une association de pêche et les terrains environnant par une association de chasse militaire.

Si vous souhaitez accéder à ce site, je vous conseille vivement de contacter le 2e régiment de hussards (Camp d’Oberhoffen, Haguenau) en charge de ce terrain.

Photographies prises en février 2014 par MJR.

Entrée de la poterne principale sous traverse en capitale

Cette entrée était initialement protégée par une grille, un pont-levis et une porte blindée à deux vantaux. Le cartouche du nom porte encore le nom du « General Fransecky », le nom allemand remis en place lors de l’installation du laboratoire nazi vers 1943. De part et d’autre on trouve le poste de garde et casemates permettant de défendre l’entrée à l’aide de créneau à fusil. Puis plus loin dans chaque aile, des latrines comportant initialement 4 box de 4 places et en face des urinoirs.

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Nous allons faire une petite balade sur les parapets d’artillerie, en partant du flanc gauche vers le flanc droit.


Parapets d’artillerie du flanc gauche



Traverse-abri n°1


Prévu initialement pour abriter les artilleurs servants les pièces de forteresse de 12 cm lisse, puis de 9 cm sur affût de forteresse, elle est finalement transformée en salle de piquet d’alerte après le retrait de la majorité des pièces d’artillerie suite à la crise dite de la « brisance » ou de « l’obus torpille » en 1887. L’entrée a été réduite et au niveau de la plate-forme on aperçoit encore une des niches à munitions d’artillerie. Ce type de niches étaient destinées à recevoir les obus et les gargousses pour la dotation d’alerte.

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Les IPN devant la traverse-abri sont les restes du parcours du risque installé vers les années 1960-1970.

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Parapets d’artillerie du front gauche



Traverse-abri n°2


Il s’agit d’une traverse-abri classique dotée d’un abri à l’épreuve des bombes, avec à gauche une niche à munitions et à droite, la partie supérieure du monte-charge à munitions, transformé en sortie d’un des parcours d’évasion. Sur le dessus, un autre vestige du parcours du risque, à priori un poste de départ de câbles qui traversaient la douve.
Devant la traverse-abri, un tronçon de l’ancienne cheminée du laboratoire nazi. Cette cheminée était reliée aux deux chambres à gaz où se déroulait les expérimentations relatives aux antidotes contre le gaz de combat phosgène. L’autre moitié de la cheminée est encore debout à droite de la traverse-abri.

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Ancien monte-charge à munitions transformé en parcours d’évasion

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A gauche de la traverse-abri, de nouveaux câbles ont été tendus avec une tyrolienne simple traversant la douve.

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Traverse-abri n°3



Traverse-abri avec une seule niche à munitions.

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Les garde-corps près de cette traverse-abri

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Traverse-abri n°4



Traverse-abri dotée de deux niches à munitions. Le rail incrusté dans la niche gauche est un reste du parcours du risque. La façade de la caserne située sous ce parapet était utilisée comme mur d’escalade ou de rappel. Elle est toujours utilisée à cette fin par les unités françaises et allemandes de la région.

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C’est dans cette traverse-abri que le 1er régiment du génie a installé vers 1935-39 une petite centrale électrique comportant deux groupes électrogènes. Sur le flanc de l’entrée l’insigne des électromécaniciens du 1er régiment du génie est toujours visible, mais il est malheureusement tagué.

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Emplacement des groupes électrogènes français installés dans la traverse-abri n°4. Entre les deux emplacements de groupes, un reste de tableau électrique.

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Dans la même traverse-abri, on trouve l’arrivée d’un monte-charge à munitions. Il ne reste plus que la poulie.

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Parapet du saillant du front de tête


Traverse-abri n°5



Nous sommes ici au centre de l’ouvrage, sur la capitale. Le rôle de cette traverse-abri était de permettre la sortie des troupes. Elle est reliée à un grand escalier qui descend jusqu’aux locaux du casernement. Ultérieurement, elle a été modernisée et protégé par une avancée à priori en béton. Le rail de voie de 60 est un reste d’un parcours du risque.

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A l’intérieur de la traverse-abri, ces impressionnants arcs en plein cintre successifs au-dessus de l’escalier menant au casernement.

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Emplacement des bancs d’un piquet d’alerte et dans la niche les entrées supérieures des conduits d’aération.

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Vue de l’accès latéral gauche

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La suite de la visite dans le prochain reportage.

A bientôt

Cordialement

MJR


Dernière édition par MJR le Lun 9 Jan 2017 - 23:51, édité 1 fois

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Message par MJR Mer 20 Avr 2016 - 7:37

Nous allons poursuivre notre visite en partant du centre de l’ouvrage, au saillant, en passant sur les parapets d’artillerie de la traverse-abri n°6 jusqu’à la traverse-abri n°8 sur le flanc droit de l’ouvrage.



Traverse-abri n°6



Traverse-abri enracinée avec deux niches à munitions.

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Intérieur de la traverse-abri et escalier reliant le casernement gauche.

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Traverse-abri n°8


Traverse-abri enracinée avec une niche à munitions.

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La traverse-abri n°8 et l’aile droite du casernement sous le front droit.

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Traverse-abri n°9



Traverse-abri du flanc gauche, transformée en salle de piquet d’alerte après 1887.

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Cour et casernement du front gauche



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Lors des travaux d’aménagement du laboratoire nazi en 1943, de grandes baies ont été aménagées sur chaque pièce en lieu et place des deux fenêtres d’origine. Cette aile abrite le laboratoire destiné aux essais en chambre à gaz, au niveau du 1er étage, et au rez-de-chaussée, une série de locaux pour les recherches et à priori, deux pièces destinées à recevoir les cages des animaux. La façade de ce casernement a été équipée pour les exercices d’escalade et de descentes en rappel.


Rez-de-chaussée du casernement du front gauche


Ces pièces comportent encore quelques restes de l’ancien laboratoire nazi.


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Les rainures installées sur les murs sont une énigme. Il s’agit peut-être d’un dispositif de fixation de cages. Les rigoles permettant de récupérer les déjections des animaux. D’après les témoignages ce sont des chats qui ont servis de cobaye avant les expérimentations humaines au camp du Struthof.

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A bientôt pour la suite

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Message par Clément Ven 22 Avr 2016 - 4:47

Merci pour la visite. Vivement la suite!!
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Message par MJR Sam 11 Fév 2017 - 7:39

Bonjour,

voici la suite, désolé j'ai mis un peu de temps pour rassembler ces informations, et il est fort probable que j'y apporte ultérieurement quelques corrections. Nous allons donc revenir à l'histoire du Fort Fransecky (actuel fort Ney), pendant la seconde guerre mondiale.

Le Fort Fransecky, actuel fort Ney, a joué un rôle peut connu pendant la seconde guerre mondiale. Nous avions déjà abordé succinctement son histoire particulière au début de ce sujet. J’ai pris le temps de revoir toutes les sources pour essayer de rédiger avec plus de détails, le rôle de ce fort en tant que laboratoire nazi au sein duquel on a mené des essais sur un antidote du gaz phosgène.


Le Fort Fransecky pendant l’occupation allemande (19 juin 1940 – 23 novembre 1944)


Abandon de l’ouvrage par les forces françaises et arrivée de l’armée allemande



Le 15 juin 1940 les troupes allemandes franchissent le Rhin et attaque dans le secteur de Schoenau, Marckolsheim et Neuf-Brisach. Dès le 16 juin 1940, le PC de la 103ème division d’infanterie de forteresse est à Mutzig et le LCL Le Mouel, commande à Strasbourg « la croûte » », c’est-à-dire les quelques équipages d’ouvrages restant à Strasbourg le long du Rhin, chargés de couvrir le repli de la division. La situation est relativement calme hormis quelques tirs sporadiques.

Le 17 juin 1944 les chefs de casemates sont priés de préparer le repli et le sabotage des matériels et des armes qu’ils ne peuvent emporter. Le 18 juin 1940, à 1h30 du matin, le LCL Le Mouel reçoit l’ordre de se replier immédiatement sur Mutzig. Les équipages des casemates et mes dernières troupes du 172e RIF et du 226e RI exécutent les ordres reçus la veille. A 5h30 le LCL Le Mouel et son état-major quittent le fort Ducrot. Au petit matin toutes les troupes françaises ont quitté Strasbourg.

L’armée allemande, qui ne s’en aperçoit pas immédiatement, entre à Strasbourg une journée après, sans combat, le matin du 19 juin 1940. A 12h30 le drapeau à croix gammée est hissé sur la cathédrale. Les forts détachés de la place reprennent leur dénomination d’origine. Le fort Ney est rebaptisé Fort Fransecky. Au cours des premières semaines, l’armée allemande fait revenir à Strasbourg un certain nombre de prisonniers français qui ont occupés les positions de défense face au Rhin. Ils les chargent de déminer et de retirer les pièges que les derniers défenseurs français avaient laissés sur place. Les nombreuses munitions abandonnées sont rassemblées dans certain forts et ouvrages de la place.

Nous n’avons que très peu de renseignements sur le devenir des ouvrages pendant cette période. Certains ouvrages deviennent des dépôts de munitions ou de carburant, d’autres grands forts serviront de camps de prisonniers provenant essentiellement du front Est et des Balkans.



Le laboratoire du Fort Fransecky (1943-1944) : généralités



Depuis que j’ai découvert les installations du laboratoire du fort Ney, j’ai toujours essayé de retrouver des informations à ce sujet ainsi que sur les activités des médecins nazis à Strasbourg, un sujet peu connu. Il y avait certes quelques ouvrages qui évoquent les activités des médecins nazi à Strasbourg et au camp de concentration du Struthof à Natzwiller, mais le laboratoire du fort Fransecky n’y est que rarement évoqué. J’ai consulté à la bibliothèque de garnison le volumineux ouvrage du Dr. François Bayle, Croix gammée contre caducée, publié en 1950, qui traite essentiellement du procès des médecins nazi à Nuremberg. Certes le procureur a essayé d’obtenir des informations sur le laboratoire du Fort Fransecky, et surtout il a essayé d’avoir des précisions pour savoir si les prisonniers russes avaient éventuellement servi de cobaye. Mais compte tenu que ces médecins risquaient la peine de mort, et que certains témoins avaient été menacés avant la libération, ils n’ont livré que très peu d’information. Par ailleurs, j’ai malheureusement constaté que la lecture de ce genre d’ouvrage relatant dans le détail les crimes des médecins nazis est relativement indigeste !

En juin 2008 j’ai visité la citadelle de Spandau près de Berlin où se trouvait dans la partie ouest, dans le bâtiment 6, les laboratoires de l’armée de terre allemande « Heeresgasschutzlaboratorium » pour la recherche sur la protection contre les gaz de combat et contre les armes chimiques. En effet, à partir de 1934, la citadelle de Spandau devient une zone protégée et fait l’objet de nombreux travaux de construction. Dans une centaine de pièces de laboratoire travaillaient environ 300 chercheurs et techniciens. On testait sur ce site les moyens de détection, de protection et de décontamination. Par ailleurs on y menait également des études concernant les nouveaux agents toxiques. On y a notamment développé les méthodes de fabrication des neurotoxiques comme le tabun et le sarin. Alors qu’à Charlottenburg on trouvait un centre d’études, c’est à la citadelle de Spandau que l’on procédait aux expériences. Cet organisme travaillait avec tous les centres de recherches nazi qui effectuaient des recherches dans ce domaine et avec l’industrie chimique comme IG Farben. Le laboratoire est finalement transféré à Munsterlager en 1944. Les alliées connaissaient les laboratoires de la citadelle et l’avait épargnée lors des bombardements. Lors de ma visite les locaux de cet ancien laboratoire du service de protection contre les gaz de combat n’étaient pas accessibles, mais quelques matériels sont exposés dans le musée.


Citadelle de Spandau, photos MJR juin 2008.

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Musée de la Citadelle de Spandau : quelques matériels de l’ancien laboratoire pour la recherche sur la protection contre les gaz de combat et contre les armes chimiques.

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Puis en octobre 2008, alors que j’étais affecté au 1er régiment du génie, on me demande d’accompagner le Dr. R. Toledano au fort Ney, dans le cadre de ses recherches. Lors de la visite des installations nous en profitons pour effectuer les mesures de la grande chambre à gaz, qui a un volume de 20 m3. Le Dr. Toledano m’a transmis quelques documents et quelques informations qu’il a recueilli sur le sujet, lors de ces travaux de recherche.

A l’époque, j’avais conclu un peu trop rapidement, que les expériences réalisées avec des animaux, soumis au gaz phosgène pour tester un antidote, qui ont été menés au laboratoire du Fort Fransecky, n’étaient qu’une petite phase préliminaire pour préparer les futures expériences réalisées dans la chambre à gaz du camp de concentration du Struthof. Toutefois, au fil des années, j’ai effectué un relevé des installations et j’ai constaté que se sont presque 90% des locaux du fort avaient été affectés à ce laboratoire. Réalisant l’ampleur des travaux qu’il a fallu faire au cours de l’année 1943, alors qu’il y avait déjà d’importantes pénuries, j’en conclu que le laboratoire ne devait vraisemblablement être disponible qu’à partir de la fin de l’année 1943 ou au début de 1944, ce que confirment certains auteurs.


Fort Fransecky – Fort Ney : caserne du front gauche, 1er étage : pièce n°108 : laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017.

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Même pièce, avec une vue détaillée de l’emplacement d’un système de ventilation, photo MJR, janvier 2017.

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Alors que désormais je dispose d’un peu plus de temps, je me suis replongé dans les différents ouvrages et documents, et notamment dans les dernières publications des historiens qui ont profité de l’ouverture des archives, notamment celles du procès des médecins qui s’est déroulé à Metz. Il s’avère qu’il fallait complètement revoir la chronologie de l’histoire du laboratoire du fort Ney. C’est surtout en relisant la publication « Nazisme, science et médecine », réalisée sous la direction de Christian Bonah aux éditions Glyphe, dont l’article de Florian Schmalz, « Otto Bickenbach et la recherche biomédicale sur les gaz de combat », qui m’a apporté un éclairage nouveau sur le sujet. Par ailleurs, l’ouvrage de Jean-Laurent Vonau « Profession bourreau », éditions La Nuée Bleue, 2013, qui détaille le déroulement des procès de Metz et de Lyon, apporte également un lot d’informations. J’ai complété cela avec quelques ouvrages allemands et américains et j’ai enfin pu faire une synthèse un peu plus concise, même si les informations concernant le fort Ney sont rares et doivent pour ainsi dire être extraites à la petite cuillère.

Voici une petite synthèse sur le laboratoire nazi du Fort Fransecky. Pour ceux qui souhaitent d’en connaître un peu plus, je vous invite à consulter les ouvrages que je viens de citer et de se rendre à l’ancien camp de concentration du Struthof, où une très intéressante exposition a été installée au sein du Centre européen du résistant déporté. Le site Internet du Struthof apporte également des informations intéressantes.


Le laboratoire du Fort Fransecky : essai de reconstitution de son histoire entre 1943 et 1944


L’histoire de ce laboratoire secret est complexe et peu connue. Après la seconde guerre mondiale, lors des procès des criminels nazis, les médecins mis en cause ont souvent niés les faits, ou minoré autant que possible leur responsabilité, ou même accusés les responsables qui ont échappés à la justice par le suicide, ou après les derniers procès, chargés ceux qui avaient déjà été condamnés et exécutés. Je vais essayer de reconstituer en quelques lignes les informations dont nous disposons grâce aux dernières publications sur le sujet et aux relevés effectués sur le site.


Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°10 : laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017.

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En 1943, (1942 pour certains auteurs) les autorités allemandes installent l’institut électrotechnique de l’armée de l’air « Elektrotechnisches-Institut der Luftwaffe » au Fort Fransecky.


Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°9 : laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017.

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Les travaux sont conséquents : sur la façade de chaque casemate des deux faces, les deux fenêtres sont agrandies en une grande baie vitrée. Par ailleurs, le mur de séparation intérieur de ces casemates est ouvert et doté de vaste lucarnes ou de vastes surfaces vitrées. C’est en suivant l’installation de chauffage central qui a été installé dans l’ouvrage, ainsi que les nombreuses gaines électriques parcourant l’ensemble des locaux, que l’on peut deviner l’ampleur des travaux. En prenant en compte ces aménagements, on peut en conclure que presque 90 % des locaux sont utilisés au profit de ce laboratoire. Je rappelle que ce fort à des ailes des faces longues de près de 120 m de chaque côté, avec un casernement réparti sur deux étages. Néanmoins on ne connaît pas beaucoup de détails au sujet de son fonctionnement.


Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°7 : laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017.

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En étudiant les installations, on peut déduire que l’aile gauche du casernement a été utilisé pour les expérimentations d’un antidote pour le gaz phosgène. Au niveau inférieur on trouve de nombreuses traces sur les murs des casemates et des rigoles bétonnées, vraisemblablement pour y fixer les cages des animaux servant aux expérimentations.


Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°8 : laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017.

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Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°6 : laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photos MJR, janvier 2017.

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Au premier niveau, on trouve à chaque extrémité un sas de décontamination, et entre eux, des locaux équipés de tables de laboratoire et une pièce destinée aux expérimentations, munie de deux chambres à gaz, dont la plus grande a un volume de 20 m3, comme celle du camp de concentration du Struthof. Cette aile est surmontée d’une grande cheminée d'une hauteur de plus de 4 mètres permettant l’évacuation des gaz toxiques après les expériences. Au niveau de l’aile droite du casernement, le niveau supérieur est à nouveau équipé comme un laboratoire et le niveau inférieur est plutôt destiné à la logistique, puisqu’il comportait encore une cuisine d’époque.


Fort Fransecky – Fort Ney : caserne du front gauche, 1er étage : pièce n°105 : salle d’expérience de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017 : les deux chambres à gaz, à gauche la petite et à droite la grande de 20 m3.

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Dans les locaux du 1er niveau de l’aile droite on trouve pas mal de traces d’équipement électrique, mais il est difficile de deviner à quel usage était destinée ces locaux. Les deux grands magasins à poudre situés sous les flancs ont également été utilisées, et celui de droite qui avait été aménagée en salle de spectacle et de cinéma par l’armée française en 1935-1940, servait d’après les témoignages à diffuser aux visiteurs du laboratoire, les films réalisés lors des expérimentations.

Enfin dans un local assez isolé du demi-bastion de gorge gauche, on trouve une grande table de dissection, et dans deux des locaux du couloir entre l’entrée et le casernement, on trouve les traces d’un poste de transformateur électrique.

Mais pour comprendre le rôle de ce laboratoire, il est nécessaire de jeter un bref coup d’œil à l’organisation de la recherche nazi à cette époque, et aux différents travaux des chercheurs issus de l’université allemande de Strasbourg.


Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°6 : laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photos MJR, janvier 2017.

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Lors de l’évacuation de la population civile de Strasbourg en septembre 1939, l’université de Strasbourg a été transférée à Clermont-Ferrand.

Après la défaite française et l’annexion de fait de l’ancien territoire d’Alsace et de Lorraine, cette université refuse de revenir à Strasbourg. L’occupant installe alors la Reichsuniversität de Strasbourg, une université nazie.

Des chercheurs de la Reichsuniversität (j’utilise volontairement le terme allemand pour bien marquer la différence avec l’université française de Strasbourg restée à Clermont-Ferrand) vont développer des recherches qui aboutiront à des expérimentations sur des cobayes humains, au camp de concentration du Struthof, des crimes de guerre qui seront jugés après la seconde guerre mondiale.

Voici les trois principaux chercheurs :

Le SS-Hauptsturmführer Prof. Dr. August Hirt : il a effectué des recherches sur un antidote contre le gaz de combat ypérite. Il fera également assassiner de nombreux juifs, tsiganes et autres détenus pour réaliser des collections dans le cadre des études de Ahnenerbe (étude ayant pour but de démontrer la supériorité de la race aryenne), et effectuera des recherches sur la stérilisation ;

Professeur August Dr Hirt.

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Le Dr. Professeur Haagen, qui expérimente des vaccins contre le typhus sur des détenus du camp de concentration du Struthof et sur des prisonniers de guerre russes, dont une grande partie provient du camp de Mutzig ;

Le Dr. Prof. Otto Bickenbach : il réalisé des recherches concernant un antidote contre le gaz de combat phosgène ; après avoir effectué des recherches sur des animaux, il passe également aux expérimentations humaines et fera de nombreuses victimes ; il a notamment travaillé au laboratoire du Fort Fransecky.

Pr. Dr. Otto Bickenbach.

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Le 7 juillet 1942 Reichsführer SS, Heinrich Himmler donne l’ordre au directeur du SS Ahnenerbe Wolfram Sievers, de fonder l’Institut de recherches militaires appliquées « Institut für Wehrwissenschaftliche Zweckforschung » (I.w.Z). C’est dans le cadre de cet institut qu’est fondé à Strasbourg le département « H », nommé d’après son directeur le Dr. Prof. Hirt, directeur de l’institut d’anatomie de la Reichsuniversität de Strasbourg.

Wolfram Sievers

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En 1941 – 1942, Hirt mène des expériences sur l’effet des vitamines sur les blessures dues à l’ypérite. Ces expériences sur des cobayes humains au camp du Struthof feront de nombreuses victimes.

A priori, les travaux d’installation du laboratoire secret du Fort Fransecky auraient été réalisés en 1943 (1942 d’après un autre auteur). Florian Schmalz a publié une photographie des archives de la Luftwaffe où l’on aperçoit la façade de l’aile gauche du fort munie d’un échafaudage. A priori la photographie a été vraisemblablement prise en été, compte des feuillages présents sur les arbres. Les grandes baies de fenêtres sont déjà achevées mais les nouvelles fenêtres ne sont pas encore en place.

A bientôt pour la suite

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Message par MJR Sam 11 Fév 2017 - 22:10

Le laboratoire du Fort Fransecky (1943-1944) : essai de reconstitution de son histoire (suite)


Le 17 mars 1943, I.w.Z invite des membres de la Reichsuniversität de Strasbourg à une conférence. Le Dr. Hirt fait une démonstration sur la microscopie à fluorescence et présente ses recherches. Le Dr. Bickenbach présente un film sur ses expériences avec le phosgène. Ce film permet à Otto Bickenbach d’obtenir le soutien du directeur du SS-Ahnenerbe, Wolfram Sievers, pour qu’il puisse continuer ses expériences en collaboration avec Hirt au camp du Struthof.

En avril 1943 Bickenbach reçoit un permis de travail pour accéder au camp de concentration du Struthof et apprend que la chambre à gaz du camp est en cours de construction. Il obtient une donnée essentielle pour préparer la concentration de gaz pour ces futures expérimentations, que la future chambre à gaz a un volume de 20 m3. Il est fort probable que c’est sur cette base qu’il fera ériger la grande chambre à gaz du Fort Fransecky avec une capacité identique de 20m3.

Natzwiller, camp de concentration du Struthof : le bâtiment dans lequel est installé la chambre à gaz du camp. Il s’agissait d’une ancienne dépendance de la ferme.

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Natzwiller, camp de concentration du Struthof : photos MJR, septembre 2015 : grande chambre à gaz de 20 m3.

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Fort Fransecky – Fort Ney : caserne du front gauche, 1er étage : pièce n°105 : salle d’expérience de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017 : grande chambre à gaz de 20 m3.

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Bickenbach et Hirt mène trois séries d’expériences sur les gaz de combat sur des prisonniers du camp du Struthof. La première série commence en mai 1943. D’après les témoignages, il s’agirait d’une expérimentation qui consiste à étaler des gouttes d’ypérite sur les avant-bras de 15 prisonniers allemands. Trois prisonniers seraient décédés, d’autres après de terribles souffrance ont contracté des blessures invalidantes.

Une deuxième série d’expériences a été faite en juin 1943. Ce sont environ 90 à 150 prisonniers qui ont été exposés au gaz phosgène dans la chambre à gaz. Il y aurait eu entre 50 et 60 décès.

Suite à cette deuxième série d’expériences, Bickenbach obtient du Conseil de recherche du Reich dirigé par Richard Kuhn, un contrat de recherche intitulé « Etudes biologiques et physico-chimiques de protéines plasmatiques à propose des modes d’action des gaz de combat et des poisons bactériens ».


Fort Fransecky – Fort Ney : caserne du front gauche, 1er étage : pièce n°105 : extrémité du couloir près de la salle d’expérience de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photos MJR, janvier 2017.

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La troisième série d’expérimentation a été retardée suite à un différend entre Hirt et Bickenbach. De plus, Bickenbach réussi à intéresser à ses expériences Karl Brand, le commissaire du Reich pour le système de santé publique, ancien médecin d’Hitler. Hirt et Sievers interdisent alors l’accès au camp du Struthof à Bickenbach.

En février 1944, Bickenbach transfère une partie de son laboratoire de l’institut universitaire dans les installations secrètes du la Luftwaffe (armée de l’air) au Fort Fransecky. Ce site isolé dans la forêt de la Roberstau, dans une boucle de l’Ill, a pour avantage d’être plus discret et moins exposé aux attaques aériennes. En effet Strasbourg devient de plus en plus une cible occasionnelle pour les aviateurs alliés. Au court de ce transfert, il aurait également emmené le fameux microscope électronique, premier exemplaire de ce type construit par Siemens.


Fort Fransecky – Fort Ney : caserne du front gauche, 1er étage : pièce n°105 : salle d’expérience de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photos MJR, janvier 2017 : grande chambre à gaz de 20 m3. Le conduit en céramique orange que l’on aperçoit sur le mur du fond servait à l’évacuation du gaz en direction d’une grande cheminée installée juste au-dessus de cette salle d’expériences, sur l’ancien parapet d’artillerie.

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Le Dr. Bickenbach peut ainsi poursuivre ses recherches sur les gaz de combat avec le soutien de Karl Brandt. Il demande l’autorisation de pouvoir réaliser des expérimentions sur des cobayes humains au Fort Fransecky. Mais l’autorisation est refusée parce que le laboratoire militaire manque de discrétion et qu’il n’existe sur place aucun moyen médical. Il est vrai qu’au camp du Struthof, classé « Nuit et brouillard » la plupart des témoins directs sont appelés à disparaître, ce qui n’est pas le cas des personnels du laboratoire du Fort Fransecky. Le directeur de l’Ahnenerbe Wolfgang Sievers projetait de transférer également le centre de recherche de Hirt au Fort Fransecky.

Le 1er mars 1944 Bickenbach obtient un budget de 25 000 Reichsmark pour poursuivre ses recherches. Le même jour, Hitler nomme Karl Brandt au poste de commissaire général pour la guerre chimique.

Le 5 avril 1944 Karl Brandt et Bickenbach rencontre Hirt à Strasbourg pour qu’il mette fin à l’obstruction du SS-Ahnenerbe. Hirt demande donc la levée de l’interdiction d’accès au camp.

Dr Karl Brandt, commissaire du Reich pour le système de santé publique, ancien médecin d’Hitler, commissaire général pour la guerre chimique.

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Message par MJR Sam 11 Fév 2017 - 22:25




Le laboratoire du Fort Fransecky (1943-1944) : essai de reconstitution de son histoire (suite)




En avril 1944, Bickenbach mène une expérience au phosgène sur lui-même au Fort Fransecky. Il se fait assister par ses assistants ; le Dr Helmuth Rühl qui mesure la concentration de phosgène et le Dr Fritz Letz, qui protégé par un masque à gaz, lui a fait plusieurs prises de sang pendant l’inhalation du phosgène.

Depuis janvier 1944, Helmuth Rühl est occupé à la construction des équipements de mesure. Il s’agissait de mesurer la concentration de phosgène dans l’atmosphère de la chambre à gaz ainsi que le taux d’humidité de l’air. Le calibrage des appareils réalisés au Fort Fransecky s’avère très compliqué. C’était un paramètre essentiel pour calculer la relation entre la dose létale, la concentration et le temps d’exposition.

C’est Wolfgang Wirth, chef du département de protection contre le gaz de l’inspection sanitaire de l’armée qui avait développé ce protocole de mesure. Il avait une acquis expérience pratique lors des travaux dans les chambres à gaz de la citadelle de Spandau.

Le Dr. Fritz Letz, est chargé d’examiner les différentes formes d’administration de l’urotropine et la vitesse d’absorptions du produit par le corps. D’après un témoignage du Dr. Rühl, le Dr. Bickenbach aurait réalisé toute une série de flexions, jusqu’à l’épuisement, dans la chambre à gaz et aurait poursuivi à l’extérieur par une course d’une demi-heure sur un terrain difficile.


Fort Fransecky – Fort Ney : caserne du front gauche, 1er étage : pièce n°105 : salle d’expérience de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photos MJR, janvier 2017 : grande chambre et petite à gaz. Les restes d’équipement électrique étaient vraisemblablement destinés à actionner les systèmes de ventilation.

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Le 1er mai 1944, Karl Brandt vient au Fort Fransecky. Bickenbach lui présente une expérience sur le phosgène menée sur des chats.

Puis Wolfgang Wirth vient également à Strasbourg pour voir le Dr. Rühl et mettre au point l’appareillage avant la dernière série d’essais qui sera réalisée au camp du Struthof.


Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°11 : entrée et cage d’escalier de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photos MJR, janvier 2017. Une table de laboratoire y a été déplacée après la seconde guerre mondiale.

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Dès le 14 juin 1944 les instruments de mesure sont installés dans la chambre à gaz du camp de concentration du Struthof. Le 15 juin 1944 débute la troisième et dernière série d’expériences au Struthof sur des détenus. Les Dr Rühl et Letz ont mis en place les équipements et Hirt et Bickenbach commencent les expérimentations qui se prolongent jusqu’au 8 août 1944, sur 40 prisonniers. Il s’agit de quelques prisonniers allemands et de tsiganes en provenant du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Les prisonniers arrivèrent 4 par 4, et le Dr Bickenbach augmente au fur et à mesure la dose de phosgène tout en diminuant la dose d’urotropine.

C’est Bickenbach lui-même qui emmène les détenus dans la chambre à gaz, et après avoir brisé les ampoules de gaz sur le sol, il ferme la porte et observe la scène. Cette procédure dure à chaque fois une demi-heure.

Willy Herzberg, un survivant de ces expérimentations a témoigné qu’il avait entendu un claquement sourd lorsqu’un poumon d’un détenu a éclaté, et il a vu une mousse rosâtre sortir par la bouche, le nez et les oreilles du prisonnier qui s’écroulait. Ce sont 4 prisonniers tsiganes qui meurent suite à ces expériences et de nombreux autres prisonniers soufrent d’œdèmes pulmonaires.


Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°12 : salle de laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017.

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Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°13 : salle de laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017.

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Dans un courrier adressé le 28 octobre 1944 à Sievers, le Dr Hirt demandait à Sievers de transférer également son institut de recherche au Fort Fransecky comme l’avait fait le Dr. Bickenbach, car sur place il y avait une aile de libre et le fort offrait une protection contre les bombardements. Bien que Himmler eût promis son appui à Hirt, et que Sievers se démenait pour trouver des moyens de transport, seul une partie des appareils de Hirt seront effectivement évacués à Tübingen.


Caserne du front gauche, rez-de-chaussée : pièce n°14 : salle de laboratoire de l’aile réservée aux essais d’un antidote du gaz phosgène, photo MJR, janvier 2017.

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A priori, le 23 novembre 1944, lors de la libération de Strasbourg, Bickenbach se trouvait encore au Fort Fransecky. C’est lors de la libération du camp du Struthof que les Américains commencent à découvrir l’ampleur des expérimentations réalisés par les médecins nazis et à collecter les pièces à charge pour un futur procès.


Fort Ney : demi-bastion de gorge gauche, destiné au flanquement de l’ouvrage. C’est dans cette aile un peu isolée du fort qu’est installée une grande table de dissection. Photos MJR février 2014.

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Message par MJR Ven 3 Mar 2017 - 11:46

Le laboratoire du Fort Fransecky : les médecins nazis face à la justice


Avec la libération du camp du Struthof, suivi de la découverte des autres camps, les alliés commencent à découvrir l’ampleur des crimes nazis. Ils essayent de recueillir des témoignages et de récupérer les documents concernant notamment les expérimentations sur des cobayes humains.

Bâtiment de la chambre à gaz du camp de concentration du Struthof

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Entonnoir qui a servi à introduire les cristaux du zyklon B pour asphyxier les personnes de confession juive destinées à la collection du Prof. August Hirt.

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Le Dr. Hirt s’est enfui avant l’arrivée des alliés à Strasbourg. Réfugié en Forêt Noire, il se permet même de réfuter toutes les accusations qui ont été publiée par la presse. Mais face à l’avance de troupes françaises, il se suicide et est enterré sur place.

Fort Ney : couloir transversal du front gauche permettant l’accès à la cour gauche. La pièce n°84 était réservée vraisemblablement pour un transformateur. Le grand tableau électrique a été détruit, pour la récupération du métal, entre février 2014 et 2015. Photos MJR février 2014.

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Photos MJR janvier 2017.

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C’est dans un premier temps à Nuremberg que seront jugés les crimes nazis. Un premier procès se déroule du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946. Il concerne les principaux responsables du 3ème Reich. Ce procès est suivi par 12 procès spécialisés, dont le 1er est celui des médecins nazis, qui se déroule du 9 décembre 1946 au 19 août 1947, au Tribunal Militaire International de Nuremberg. Sur les 23 accusés, 20 sont médecins et tous plaident non coupable. Lors du jugement, 7 accusés sont acquittés, 16 sont reconnus coupables. Sur ces 16 coupables, 4 ont été condamnés à une longue peine de prison, 5 à perpétuité et 7 ont été condamnés à mort et exécutés le 2 juin 1948 à la prison de Landsberg. En ce qui concerne les accusés qui ont eu un rapport avec les expérimentations menées par Bickenbach et Hirt, on peut citer Karl Brandt et Wolfram Sievers qui ont été exécutés.

Le Fort Fransecky est évoqué lors des débats. A la lecture de ces débats, on peut conclure que les expériences du fort Fransecky ont bien été réalisées sur des chiens et des chats, et que malgré la présence de prisonniers russes dans au Fort Fransecky, aucune expérience avec des détenus n’a pu être prouvée.

Le Dr. Bayle a publié une partie de ces débats en 1950 :

Procureur J. Mac Haney : « Avez-vous été au courant d’expériences avec des gaz de combat, avant le 1er mars 1944 ? ».
Karl Brandt : « A l’automne de 1943, j’ai eu connaissance d’expériences de laboratoire à caractère général par le Pr. Bickenbach. Il s’agissait d’expériences à Strasbourg, et je pense, à Heidelberg. Je n’y prenais aucun intérêt ; j’ai rencontré Bickenbach pour une autre raison, et c’est lors d’une rencontre ultérieure, qu’il m'as mis au courant de ce qu’il avait fait. Plus tard, je l’ai aidé à monter un laboratoire à Strasbourg ».

Procureur J. Mac Haney : « Vous rappelez-vous que le témoin Schmidt a dit ici qu’à Strasbourg, on racontait que Bickenbach faisait des expériences avec des gaz, dans un vieux fort ? ».
Karl Brandt : « Je me rappelle ».

Fort Fransecky – Fort Ney : aile gauche du casernement, RDC, pièce 15

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Procureur J. Mac Haney : « Vous rappelez-vous aussi que le témoin a déclaré que ces rumeurs disaient que Bickenbach utilisait des êtres humains ? ».
Karl Brandt : « Non, je ne me rappelle pas dans le témoignage du témoin Schmidt ; cela a pu constituer une rumeur, je ne le sais pas, mais c’est improbable, car Bickenbach lui-même était venu me trouver à propos d’animaux, et je m’étais efforcé de lui procurer des animaux d’expériences convenables. Bickenbach ne pratiqua aucune expérience sur des êtres humains ».

Procureur J. Mac Haney
: « Ce décret sur la guerre chimique, que vous avez reçu de Goering, le 11 mars 1944, ne concernait pas uniquement des masques à gaz, mais aussi le traitement des blessures causées par le gaz ? ».
Karl Brandt : « Il avait trait au matériel destiné à combattre les gaz en général. La thérapeutique n’était pas comprise, mais le matériel thérapeutique en faisait partie ».

Procureur J. Mac Haney : « Comment ce décret pouvait-il s’appliquer à du matériel thérapeutique comme des médicaments, si ceux-ci n’ont pas été étudiés quant à leur efficacité sur des blessures causées par des gaz ? ».
Karl Brandt : « Le décret ne s’appliquait pas aux études. Mais de nouveaux gaz avaient été découverts depuis la première guerre mondiale, leur effet n’était pas encore clair, et des expériences spéciales étaient certainement nécessaires. J’ai fait suivre ce décret à Himmler, car le Ministère de l’Intérieur était compétent pour certaines mesures contre les raids aériens. C’est Rudolf Brandt qui a fait suivre ce décret à Sievers et à Gratwitz, par erreur ».

Contre-interrogé à nouveau sur ces relations avec Bickenbach, Karl Brandt répéta que ce dernier ne s’occupait que d’expériences animales, et voulait se désolidariser de Hirt. Il l’aida à installer un laboratoire à Fransecky, où Bickenbach opérait sur des chiens et des chats.

Procureur J. Mac Haney : « Le 2 février 1944, Sievers inscrivit dans son journal : « rencontré le Pr. Bickenbach à Karlsruhe ; il a mis son travail de recherche sous contrôle du Commissaire Général Karl Brandt. Discussion avec le Pr. Hirt ; sans instructions de Hirt ni du doyen Stein, le Pr. Bickenbach s’est mis en rapport avec le Commissaire Général Karl Brandt, à propos des expériences au phosgène, et il s’est rendu avec lui à Natzweiler. Les commissions doivent être retirées. En ce qui nous concerne, Natzweiler doit être fermé ».
………
Procureur J. Mac Haney : « Qu’est-ce que le Pr. Bickenbach faisait au centre de recherches de Natzweiler ? ».
Karl Brandt : « Il y effectuait des expériences animales ; il y avait une certaine tension entre lui et Hirt, de sorte qu’il désirait se désolidariser de ce groupe, et il me demanda de l’aider ; je l’aidai à établir un laboratoire indépendant de Natzweiler, près de Strasbourg. Quand il voulut reprendre ses expériences de phosgène, son travail fut interrompu en septembre par les conditions de guerre ».

Procureur J. Mac Haney : « N’est-ce pas un fait que Bickenbach effectua des expériences au phosgène sur des détenus de Natzweiler ? ».
Karl Brandt : « Bickenbach effectuait là des expériences animales. Il avait des chiens, mais je n’ai pas vu d’expériences moi-même ».
……….

En février 1947 les autorités françaises découvrent 7 rapports secrets dans l’appartement de Bickenbach. Ils étaient tous adressés au plénipotentiaire du Führer pour les questions de santé, le médecin général Karl Brandt. Ils furent prêtés à l’accusation américaine.

Procureur J. Mac Haney : « Je désire introduire un document qui est un rapport du Dr. Bickenbach, adressé en deux exemplaires au Plénipotentiaire général du Führer pour la santé, le médecin général Brandt à Berlin, Clinique chirurgicale de l’Université ».
Pr. Paul Rostock : « Oui, il s’agit d’expériences de Bickenbach sur trois chats ; le sixième rapport déclare qu’un aérosol provenant de l’hexaméthylène tétramine, que nous appelons habituellement « urotropine » a été neutralisé par le phosgène. Ceci concorde avec le témoignage du Pr. Brandt ».

Procureur J. Mac Haney : « Dans le deuxième rapport, on lit : « Le Dr. Wirth, médecin-colonel, pendant l’inspection de notre institut, assista à des essais avec des concentrations plus fortes ».
Pr. Paul Rostock : « Cela indique que Dr. Wirth, de l’inspection du Service de Santé de l’Armée, surveillait ce laboratoire du Fort Fransecky ».

Procureur J. Mac Haney : « Le quatrième rapport est daté du 12 août 1944, à Strasbourg, les cinquième et sixième rapport ont été rédigés après le 11 août 1944, et Strasbourg étant tombé en septembre 1944, nous pouvons assez exactement fixer les dates de ces rapports ultérieurs ».
Pr. Paul Rostock : « (Le témoin lit le quatrième rapport et en particulier le passage suivant) : « Des influences psychologiques semblent également jouer un rôle ; la résorption s’effectue dans le cas de la courbe 12 au ralenti, sur un prisonnier de guerre russe peureux, qui ne put être tranquillisé à cause des difficultés de langue ».

Procureur J. Mac Haney : « Herr Professor, il apparaît d’après le quatrième rapport que le Dr. Bickenbach et son collaborateur, le Dr. Letz, travaillaient sur des prisonniers de guerre russes ».
Pr. Paul Rostock : « Je pense, Mr. Mac Haney, que vous surestimez le danger de cette drogue. Pendant des décades, elle a été vendue dans le commerce, je pense que Bickenbach aurait pu s’épargner ce travail, car c’est une chose bien connue que l’héxaméthylène tétramine passe dans le sang, comme dans le liquide céphalo-rachidien qu’il va de la vessie dans l’urine. Des milliers de gens utilisent cette drogue dans tous les pays ».

Procureur J. Mac Haney : « Herr Professor, ce que vous dites peut-être vrai, et je suis relativement calme, étant donné les circonstances ; la raison pour laquelle je suis quelque peu excité, est due à la présence de ces prisonniers de guerre russes au fort Fransecky d’une part, et la lecture que j’ai faite, d’autre part, du septième rapport. Un appendice est attaché à ce rapport avec la liste de chaque sujet d’expériences, de un à quarante, les initiales de chaque sujet, les détails techniques sur les injections, les quantité de phosgène utilisées, et dans la dernière colonne à droite, les effets de l’empoisonnement par le phosgène, après traitement avec la drogue ; un signe + montre un œdème du poumon du premier degré, deux signes indiquent un œdème du deuxième degré, et un grand signe avec un trait à chaque extrémité des barres croisées, indique la mort par œdème du poumon ».

Les installations du laboratoire destiné aux essais d’antidote du gaz phosgène, situés au 1er étage de l’aile gauche du casernement ; relevé MJR, tous droits réservés.

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Le Dr Bickenbach est arrêté le 17 mars 1947.


Le 6 mai 1947, à Strasbourg, le Pr. Bickenbach déposa devant le capitaine Margraff, juge d’instruction militaire : « Né le 11 mars 1901, à Ruppichteroth, près de Cologne, marié, avec deux enfants, il déclara qu’il avait fait ses études de médecine à Munich ; après avoir été chargé de cours à Heidelberg, il avait été nommé, en 1941, professeur de clinique médicale à l’Université de Strasbourg.
Il exposa comment il avait été amené à utiliser l’urotropine comme mesure préventive contre l’intoxication par le phosgène, ainsi que le déroulement des faits, depuis son arrivée à Strasbourg en 1941, jusqu’aux expériences : en 1943, l’ordre de Himmler de pratiquer des expériences humaines, son intervention auprès de Karl Brandt, les expériences sur lui-même au fort Ney, et finalement l’acceptation des expériences humaines, après le débarquement allié en Afrique du Nord. Bickenbach reconnut que ses expériences étaient contraires à l’éthique du médecin ; il avait cédé en raison des renseignements sur la grande quantité de phosgène qu’auraient entreposés les Alliés en Afrique, et le désir de protéger la population allemande contre les gaz : « Je suis prêt à vous donner tous les éclaircissements concernant mes travaux scientifiques et les expérimentations qui en ont résulté. Au cours de l’été 1939, alors que j’étais à la Faculté de médecine de Heidelberg, j’ai eu à traiter un cas particulièrement grave d’œdème pulmonaire, suite d’une affection cardiaque. Une saignée ne pouvait être opérée chez le malade en raison de la coagulation accélérée de son sang. J’ai eu l’idée d’employer « l’Hirudin » qui a la propriété de faire échec à la coagulation sanguine. A la suite de l’emploi de ce remède, l’état du malade s’est rapidement amélioré.
Après sa mobilisation, le 29 août 1939, j’ai reçu de mes chefs la mission de faire des conférences sur les effets des gaz. J’ai alors commencé de mon propre chef des recherches concernant les produits chimiques susceptibles de faire échec à la coagulation du sang, car j’ai eu l’impression que les effets du gaz phosgène pouvaient être combattus par des produits anticoagulants ; et j’ai été amené à envisager l’emploi de l’hexaméthylènetétramine. J’ai procédé à des expérimentations conduites avec toutes les règles de l’art et avec toute la rigueur scientifique, ont démontré que l’hexaméthylènetétramine, désigné sous le nom d’urotropine, constituait un moyen de protection efficace contre les effets asphyxiants du gaz phosgène
».

Il est jugé par le tribunal militaire français de Metz, en même temps que Haagen, et condamné aux travaux forcés à vie. Le 14 janvier 1954 jugement est cassé par le tribunal militaire de Paris et le tribunal militaire de Lyon le condamne à 20 ans de travaux forcés en 1954. En 1955 la peine est commuée en 10 ans de détention et Bickenbach est libéré le 18 septembre 1955.

A sa sortie de prison, Bickenbach demande sa réhabilitation en tant que médecin. Les historiens estiment que les terribles expérimentations menées sur des humains par Hirt et Bickenbach sur plus de 400 détenus ont fait environ 117 morts, dont certains sont décédés sans recevoir de soins après une longue agonie.

Une commission professionnelle de la RFA enquête sans consulter les actes du tribunal de Nuremberg et ceux des tribunaux français. En 1966 ils concluent par la scandaleuse décision que le Dr. Bickenbach n’a pas mené d’actes contraires au serment d’Hippocrate et qu’il peut reprendre ses activités de médecin ; il décède le 26 novembre 1971 à Siegburg.

Noms connus de 4 victimes décédées lors des expérimentations sur les antidotes des gaz de combat :

Adalbert Eckstein
Andreas Hodosy
Zirko Rebstock
Joseph Reinhardt

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Le Prof. August Hirt et la liste d’une partie de ses victimes

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Quelques vues du camp de concentration du Struthof, mémorial national de la déportation et des deux musées.

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La table de dissection du bâtiment du crématoire : c’est ici que dans le cadre des essais sur les cobayes humains, on a prélevé sur les victimes les organes atteints par les gaz.

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Centre Européen du Résistant Déporté (CERD) : le sujet de ces expérimentations est bien documenté dans ce musée.

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Le laboratoire du Fort Fransecky : conclusion


Je pense que le lecteur comprendra l’importance de conserver les traces du laboratoire du Fort Ney en tant que témoin de ces crimes nazis. Les sites négationnistes sont déjà nombreux pour nier ces horreurs et mettre en avant les affirmations mensongères de ces anciens médecins nazis. Même si on a trouvé aucun témoignage relatif à des expérimentations humaines au Fort Ney, c’est quand même sur ces tables de laboratoire que sont vraisemblablement passés les viscères extraits des victimes afin d’étudier les effets des antidotes. Et la grande table de dissection me laisse aussi perplexe, sa dimension est un peu démesurée pour traiter des chats ! Pour le Dr Toledano l’épaisseur des vitres de la chambre à gaz était insuffisante pour effectuer des expérimentations sur des cobayes humains non volontaires. Il est vrai que les expériences étaient assez dynamique puisque l’on demandait aux détenus de tourner en rond dans la chambre pour inspirer correctement le phosgène. Je pense qu’il est essentiel de préserver ces installations en tant que témoins de l’histoire la plus sombre du Fort Fransecky, l’actuel fort Ney.


Bibliographie



Si vous souhaitez compléter les informations sur ce sujet, je vous conseille de consulter ces ouvrages.

Dr. François Bayle, Croix gammée contre caducée, 1950.

Henry Allainmat : Auschwitz en France ; La vérité sur le camp d’extermination nazi en France ; Le Struthof ; Presse de la Cité, Paris, 1974.

Charles Béné : L’Alsace dans les griffes nazies, tomes 1 à 7 ; 1971 à 1988.

Collectif d’auteurs : Militärstadt Spandau – Zentrum der preussischen Waffenproduktion 1722 bis 1918 ; Brandenburgisches Verlagshaus in der Dornier Medienholding, Berlin, 1998.

Robert Steegmann : Struthof ; édition la Nuée Bleue, 2005.

Florian Schmalz, Otto Bickenbach et la recherche biomédicale sur les gaz de combat in Nazisme, science et médecine, réalisée sous la direction de Christian Bonah aux éditions Glyphe ; 2006.

Robert Thalhofer : Compagny A : Combat Engineers remember World War II ; 2010.

Jean-Laurent Vonau : Le Gauleiter Wagner – Le Bourreau de l’Alsace, éditions La Nuée Bleue, 2011.

Jean-Laurent Vonau, Profession bourreau, éditions La Nuée Bleue, 2013.


Film documentaire


Le nom des 86 ; un film de Emmanuel Heydt et Raphaël Toledano.

Voir : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Sites à visiter


Centre Européen du Résistant Déporté et ancien camp de concentration du Struthof

Site Internet : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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Message par Admin Sam 4 Mar 2017 - 1:19

Merci Richard,

Ce sujet est fort intéressant et participa au devoir de mémoire indispensable. Je pense que beaucoup d'anciens soldats stationnés en Allemagne ou en Alsace ont eu l'occasion de visiter ou de participer à une cérémonie au camp du Struthof.
Ne pas oublier

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Message par MJR Ven 26 Mai 2017 - 2:06

23 novembre 1944 : Le gouverneur militaire allemand se réfugie au Fort Fransecky lors de la libération de Strasbourg



Journée du jeudi 23 novembre 1944



7h00



Le 23 novembre 1944, le général Leclerc lance la 2ème division blindée à l’assaut de Strasbourg. A 7 heures du matin sept colonnes partent en direction de Strasbourg.

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La 2ème division blindée avance vers Strasbourg (Source ECPA)

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Village de Blaesheim à l’ouest de Strasbourg : colonne du G.T.V. (Source : ECPA)

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Vers Strasbourg 4 km, blindé du 1er RBFM

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Environs de Strasbourg

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Cathédrale de Strasbourg le 23 novembre 1944.


8h00


A Strasbourg, le général Vaterrodt, gouverneur militaire de la place depuis le 6 avril 1941, avait rejoint son bureau à 8 heures au Palais du Rhin (ancien palais impérial allemand). Il est en réunion avec son état-major et faisait un point de situation. Il vient de recevoir l’ordre de mettre la ville en état de défense et de renforcer l’ancienne ceintures de fortification. Il attendait la visite d’un général inspecteur des fortifications. A 8 heures la Gauleitung (direction de l’administration nazi de l’Alsace et du Pays de Bade) a demandé à tous les fonctionnaires de rester à leur poste.

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Le Palais du Rhin écrite en 1925 (Carte postale ancienne collection MJR)


9h30


A 9h30 la colonne de Rouvillois est arrivé place de Haguenau et il lance son fameux message « Tissus est dans iode », c’est-à-dire qu’il a réussi à entrer dans Strasbourg. D’autres colonnes sont bloquées devant les forts du front ouest.

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Au Palais du Rhin, lorsque la sonnerie du téléphone retenti, le général Vaterrodt prend lui-même la communication puis s’adresse à ses officiers : « On m’annonce, avait-il dit, qu’une quarantaine de chars américains auraient été vus dans la région de Wasselonne. C’est impossible. Ces gens ont perdu la tête et je tiens à vous mettre en garde contre de telles rumeurs défaitistes. Dans les circonstances que nous vivons, elles sont vraiment criminelles. Selon les dernières nouvelles que nous possédons, le front tient du côté de Sarrebourg et il n’y a par conséquent aucun danger à redouter ».

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Quelques instants après retentissent des coups de canons. Le général ouvre la fenêtre et la pièce est remplie du fracas des engins de Rouvillois qui débouchent sur la place. Le général Vaterrodt réussi à partir par une porte dérobée, parvient à rejoindre sa voiture et à s’enfuir avec quelques officiers vers le nord-est. Il s’arrête quelques instants avec son entourage aux portes de la ville, abrité dans une casemate bétonnée, et sentant la bataille se rapprocher, il remonte dans sa voiture, traverse à toute allure la Robertsau pour se réfugier au Fort Fransecky.

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Place Gutenberg

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Rue des Serruriers

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Place de la République : batterie d’obusiers du CNE Dubois

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Rue des Grandes-Arcades

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Colonne de Sherman (Sources AVES : Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg).

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Place Kléber


14h00


Le 23 novembre 1944 à 14 heures, le drapeau français flottait sur la cathédrale, le serment de Koufra est tenu...

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Le drapeau français flotte sur la cathédrale de Strasbourg

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Le général Vaterrodt passe 48 heures au chaud (le fort est muni d’un chauffage central) à l’abri des voûtes du Fort Fransecky. Il s’y est enfermé avec son chef d’état-major, le lieutenant-colonel Kaiser et une garnison de 600 hommes qui cantonnent depuis peu dans l’ouvrage. Le fort, blotti dans une boucle de l’Ill, entouré par la forêt rhénane, a été remis en état de défense. Il reçoit l’ordre de faire une sortie afin de rejoindre un bataillon de SS parti de Gambsheim, de manière à créer un élément de contre-attaque. On ne sait pour quelles raisons Vaterrodt n’exécute pas cet ordre et se résout à la reddition.


Journée du vendredi 24 novembre 1944



Après-midi



Au cours de l’après-midi du 24 novembre 1944, la batterie allemande d’Oberkirch tire un coup au but sur le Palais du Rhin. Le général Leclerc préfère transférer son PC à l’ESCA.

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Cathédrale de Strasbourg

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Char destroyer des fusiliers-marins (Source : AVES)

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La Company E du 324e US-Regiment, 44e Division d’infanterie, renforce la 2e DB à Strasbourg

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Affiche de la 2e DB signée par le général Leclerc

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Général Marc Rouvillois


Soir



Le colonel de Langlade quitte l’hôtel de la Maison Rouge (place Kléber) et transfère son poste de commandement à l’Université. Le soir il apprend que les Allemands ont évacués le village de la Wantzenau situé au nord du Fort Ney. C’est ainsi que quatre FFI arrivent de ce village pour annoncer à Leclerc la présence du général Vaterrodt au fort Ney. Le général Leclerc donne l’ordre à De Langlade de ramener l’ancien gouverneur allemand de Strasbourg.

La mission ravit De Langlade mais la configuration du fort Ney le rend perplexe. Le fort est un ouvrage à l’abri de l’artillerie moyenne, qui était défendu au fond d’une boucle de l’Ill par de bons réseaux de barbelés et des abatis dans la partie boisée. Il ne voyait pas comment un Groupement Tactique de Division Blindée et ses chars pouvait mener à bien cette mission, pour prendre une forteresse alors qu’il n’avait que très peu d’infanterie.
Compte tenu que les deux groupes de canons de 105 dont dispose la 2e D.B. ne suffisent pour traiter le fort Ney, De Langlade demande un groupe d’artillerie de 155 mm pour être plus efficace.

De Langlade met au point le dispositif d’attaque et les quatre FFI se proposent de guider les troupes. Un des FFI qui s’est entretenu avec le chef de gare de la Wantzenau, a appris qu’un train blindé était en cours de formation côté allemand et qu’il devait rejoindre la Wantzenau pour évacuer le général Vaterrodt. Il s’avère qu’il faut faire vite pour prendre le général. De plus la garnison du fort Ney constitue une menace pour Strasbourg.


Nuit



De Langlade décide d’intervenir immédiatement et dépêche sur les lieux, au cours delà nuit, le capitaine Robert d’Alençon avec la 8ème compagnie du régiment de marche du Tchad et un escadron du 12e Régiment de chasseurs d’Afrique, soit environ une centaine d’hommes. Ils ont pour mission d’occuper la Wantzenau, de défendre solidement les accès au village, et de se rabattre ensuite vers le sud pour bloquer les issues du fort Ney. Il a également l’intention de remettre au petit matin un ultimatum au général Vaterrodt et à cet effet il envoi le sous-lieutenant Braun. Ce dernier rédige le soir même sur une vieille machine à écrire l’ultimatum à adresser à l’ancien gouverneur militaire allemand de Strasbourg : « Mon général, écrit-il, je me permets de vous donner la situation exacte dans laquelle vous vous trouvez. La ville de Strasbourg est toute entière en nos mains et les troupes alliées dévalent partout en Alsace. Vous êtes vous-même encerclé par une division blindée et par deux divisions d’infanterie.
Dans quelques heures notre artillerie lourde va pilonner le fort, appuyée par les chasseurs-bombardiers américains qui lâcheront leurs bombes de 1 000 livres et réduiront en poussière l’ouvrage et la garnison qui l’occupe. Il ne vous reste qu’un seul moyen de sauver votre vie avant l’attaque, c’est de vous rendre
». Le sous-lieutenant Braun signe son ultimatum « Général Leclerc, commandant la 2e Division blindée ». Pour transmettre cet ordre il trouve un jeune lieutenant allemand, prisonnier de guerre à la caserne Manteuffel (caserne Stirn).

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Colonel Paul Girot de Langlade commandant le G.T.L.


23h00


Le détachement arrive à 23 heures à la Wantzenau. Ce capitaine d’Alençon établit son PC dans une exploitation agricole voisine. Le lieutenant allemand est envoyé avec un drapeau blanc sur l’autre rive de l’Ill tenue par l’ennemi. Il revient au bout de 90 minutes accompagné par le lieutenant-colonel Kaiser, le chef d’état-major du général Vaterrodt (ultérieurement on apprendra qu’il a joué un rôle important pour les services de renseignements alliés et qu’il sera évacué avec de grands égards par l’armée américaine). Cet officier entame un dialogue traduit par le sous-lieutenant. Il indique qu’il sera difficile d’obtenir la reddition du général Vaterrodt, qui souhaite certes se rendre, mais qui serait immédiatement abattu par les officiers SS qui l’entourent. Il conseille d’ailleurs de tirer quelques obus sur le fort pour convaincre les plus réticents. Le lieutenant-colonel Kaiser est renvoyé au fort Ney avec un deuxième ultimatum : Si la garnison n’a pas capitulé dans une heure et demie, l’aviation et l’artillerie lourde prendront l’ouvrage pour cible.


Journée du samedi 25 novembre 1944



Dès que le délai fixé est écoulé, on réclame au PC un tir d’artillerie et l’appui de l’aviation américaine. A cause du plafond bas cette dernière ne peut pas intervenir. Par contre l’artillerie qui est en batterie du côté de Weyersheim, ainsi qu’une batterie américaine (batterie d’artillerie lourde détachée à la 2e DB) déclenche immédiatement leurs tirs. En quelques minutes se seraient un millier d’obus (cela me semble exagéré) qui s’abattent sur le fort et par une chance extraordinaire, un obus de gros calibre a pénétré par une bouche d’aération et ses éclats font des dégâts à l’intérieur d’une casemate.

Dès que les fumées se sont dissipées ils aperçoivent les drapeaux blancs qui émergent sur le fort. Le capitaine d’Alençon accompagné par deux chars et guidé par les FFI, en compagnie du sous-lieutenant Braun, fonce sur la poterne du fort. Le lieutenant-colonel Kaiser les accueillent et fait entrer les deux officiers dans le fort. Ils négocieront encore pendant deux heures pour convaincre le général Vaterrodt de signer l’ordre de cesser le feu.

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Ordre du jour n°73 de la 2e DB du 24 novembre 1944


13h02


A 13h02 le sous-lieutenant Braun retourne au char de commandement et transmet en clair à De Langlade « J’ai mon général. Signé Braun ». De Langlade lui répond qu’il vient chercher personnellement le général. En attendant la sortie du général, De Langlade témoigne que lors de cette attente avec deux blindés à la porte du fort, des munitions se mirent à sauter. Il n’était pas très rassuré puisque autour de lui il y avait une centaine d’Allemands derrières les arbres, qui agitaient des mouchoirs blancs alors qu’ils n’étaient qu’une vingtaine.



Lorsque les munitions avaient fini de sauter, le général Vaterrodt est venu en personne à la porte du fort avec son chef d’état-major, un colonel d’infanterie et 2 sous-officiers allemands, accompagnés par le capitaine d’Alençon et le sous-lieutenant Braun. Il salue De Langlade et lui dit : « Vous ne pouvez pas savoir, Monsieur, combien ces moments sont durs pour un vieux soldat sans reproche… ».

De Langlade a répondu et le sous-lieutenant Braun traduit : « Mon général, je vous entends parfaitement, d’autant mieux que depuis 1940 nous avons connu nous aussi les tristes impressions qui sont les vôtres actuellement. Elles sont pour vous d’autant plus pénibles qu’elles sont définitives et ne comportent pas d’espoir ». Le général demande à garder avec lui son chef d’état-major et ses deux sous-officiers, ce qui lui est accordé en l’invitant à monter dans la voiture. Encadré de deux blindés le cortège se rend à Strasbourg.

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Reddition du General Vaterrodt devant le général Leclerc, le colonel Langlade et le capitaine Betzme.

Le général Leclerc l’attend et après quelques questions sur le passé militaire du général Vaterrodt, Leclerc met fin à l’entretien. Lorsque le général Vaterrodt sort de la pièce pour être conduit à l’hôtel de la Maison Rouge pour passer une dernière nuit à Strasbourg avant d’être récupéré par les Américains, M. Alfred Betz qui avait assuré la traduction, sent qu’on lui glisse discrètement un document dans la poche. Il s’agissait d’un plan détaillé sur lequel sont portés les emplacements des batteries allemandes qui pilonnent Strasbourg depuis la rive droite du Rhin.


Epilogue



Le général Franz Vaterrodt et le lieutenant-colonel Wilhelm Kaiser, alors prisonniers de guerre des Américains, sont jugés coupables d’avoir ordonné la reddition de Strasbourg et condamné à mort Le tribunal du Reich le 13 mars 1945. Le général Vaterrodt est libéré le 25 août 1947. Il s’éteindra le 28 février 1969.

A bientôt pour la suite….

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Message par CPIO Ven 26 Mai 2017 - 23:03

Beau récit bien documenté, Merci MJR

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Message par Clément Sam 27 Mai 2017 - 3:53

Superbe, merci pour ce récit et toutes les photos. Une grande page d'histoire,bravo.
Vivement la suite !!
S'agissant du sujet précèdent, j'ai eu l'occasion de lire une série de livres "Les médecins de la mort" qui traite également des expérimentations effectuées par des "Médecins" du Reich. C'est inimaginable mais pourtant tellement vrai. En tout cas encore merci pour les infos et photos. Sacré boulot !!
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Message par MJR Mer 16 Aoû 2017 - 5:13

Fin novembre 1944 : Activités de la mission « Top Secret » « ALSOS » à Strasbourg


Ce témoignage a été extrait d’un ouvrage d’un jeune lieutenant du génie américain, qui a eu l’occasion de passer au Fort Fransecky fin novembre 1944. A l’époque il faisait partie d’une unité du génie qui opérait avec la mission « Alsos ». Ce n’est qu’en 1986, en lisant un ouvrage sur le projet Manhattan qui concerne le développement de l’arme atomique américaine, qu’il comprend qu’il faisait partie de cette mission classée « Top Secret ».

Il a rédigé ses souvenirs dans cet ouvrage : Compagny A : Combat Engineers remember World War II par Robert Thalhofer. Voici une petite synthèse de son témoignage qui concerne Strasbourg et le Fort Fransecky. Compte tenu du secret de l’opération à l’époque, je n’ai malheureusement que très peu de photographies pour illustrer ce sujet.

La Mission Alsos, une mission américaine de renseignement dans le cadre du projet « Manhattan ». Ce projet de développement de l’arme nucléaire, était placé sous la direction du brigadier-général Leslie Groves du corps des ingénieurs de l’armée américaine depuis septembre 1942. La mission Alsos opérait directement sous les ordres du « SHAEF » (commandement suprême allié en Europe), du général Eisenhower et du directeur du Manhattan Project des Etats-Unis. Cette mission classée Top Secret, était commandée par le colonel Boris Pash. C’est ce dernier qui a donné le nom à cette mission, « Alsos » était en grec le nom d’un bosquet d’arbres. Le projet Manhattan, qui était sous la direction scientifique de Enrico Fermi, a développé la première réaction en chaîne nucléaire, dans un laboratoire à Tagg Field, dépendant de l’Université de Chicago, en 1942. Le détachement « T » Force qui a œuvré à Strasbourg et au fort Ney était commandée par le colonel Boris T. Pash, qui était longtemps associé au renseignement militaire.


A droite sur la photographie, le COL Boris T Pash.

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A la fin de l’année 1943 le colonel Pash avait réussi une enquête qui concernait la tentative des soviétique, avec la complicité de communistes, pour voler les secrets atomiques américains.


Fort Fransecky – Fort Ney : 1er étage de l’aile gauche du casernement ; douche de décontamination (MJR 2014).

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Roosevelt et Churchill souhaitait savoir ou en était Hitler avec le développement d’une super arme. Les deux services, le MI5 et l’OSS avait échoués pour obtenir des réponses. Pash n’échouera pas ! Il ne faut pas se leurrer sur le but de cette mission qui a également permis que les informations scientifiques ne tombent pas dans les mains des Russes et vraisemblablement des Français !


Couloir du rez-de-chaussée du casernement. La partie haute était parcourue par le réseau de chauffage central.

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Strasbourg apparaissait comme le prochain objectif de la « T » Force. La planification a été préparer ainsi que les dossiers. L’opération a commencée le 22 novembre 1944. La « T » Force de la 6ème Army Group est entré à Strasbourg le 23 – 24 novembre 1944, alors que la ville venait juste d’être nettoyée de ses ennemis. Ici les Allemands ont complètement été surpris par la rapidité de l’attaque menées brillamment par la division blindée du général Leclerc. Les téléscripteurs tournaient encore à plein régime lorsque la « T » Force entre dans le bâtiment de la Gestapo. Ils ont également capturé le premier moteur à réaction du Ju 203 ainsi que les plans détaillés et les documents concernant sa maintenance à l’ancienne usine Matford (ancienne usine Matthis, utilisée par Junkerswerke pour la maintenance et le rodage des moteurs d’avion) à la Meinau. Ils ont également récupéré de nombreux fichiers et documents de la Gestapo.

Un autre objet était d’un grand intérêt pour les spécialistes de la « T » Force ; il s’agissait du Fort Fransecky, dénommé Fort Ney, situé au nord de Strasbourg au bord du Rhin. Cet ouvrage était attaché à la faculté de médecine de l’université de Strasbourg. …. Une des ailes du fort était occupée par un laboratoire de physique qui a fait l’objet d’une étude du détachement Alsos qui accompagnait la « T » Force. Alsos était une mission « Top Secret » créé par le plus haut niveau du gouvernement américain. Son objectif était de découvrir les progrès faits par les Allemands pour parvenir à construire une arme nucléaire, et de récupérer au profit des Etats-Unis les documents et les spécialistes. Naturellement cette mission s’intéressait au monde de la physique, et les membres de cette mission, militaires et civils, font du renseignement dans les grands laboratoires de physique, comme celui du Fort Fransecky.


Douve du fort. Le fossé entourant l’ouvrage atteint une largeur de 43 mètres sur le front de tête et les flancs, et environ 20 m de large sur la gorge.

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Quelques jours après la libération de Strasbourg, un officier du 3ème Army Group « T » Force, informe Alsos qu’il a procédé à des interrogatoires médicaux de docteurs à l’hôpital de Strasbourg et s’il s’est aperçu qu’ils avaient aucune notion en médecine. Ne sachant pas qui ils sont, il les a tous emprisonné. Lorsque le Dr. Samuel Goudsmit, le chef de la mission scientifique Alsos arrive à Strasbourg, il sait déjà que ces médecins sont des physiciens. Mais ils n’ont pas été en mesure de lui en dire plus, sauf que Carl Friedrich von Weizsacker, leur directeur à Strasbourg, avait quitté la ville avant l’attaque.


Inspection de la pile atomique à Haigerloch.

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Goudsmit récupère tous les documents et correspondances que Weizsacker avait laissé derrière lui. Dans ses lettres il informe le Kaiser Wilhelm Institut de physique et son directeur, Werner Eisenberg, qu’il a ordonné l’évacuation de tout l’institut à Hechingen. La lettre indiquait l’adresse exacte et le numéro de téléphone de l’hôtel où réside les physiciens à Hechingen. Goudsmit réalise qu’il n’en aura aucun bénéfice avant que les armées alliées arrivent sur le site d’Hechingen. Les opérations de saisie et de renseignement des objectifs à Strasbourg, qui ont commencé le matin du 25 novembre 1944, ont été achevée le 1er décembre. La « T » Force est retournée le 2 décembre 1944 à sa base de Lunéville.

A bientôt pour la suite….

MJR


Dernière édition par MJR le Mar 3 Oct 2017 - 21:36, édité 1 fois

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Message par Admin Mer 16 Aoû 2017 - 5:46

merci Richard pour ce sujet super intéressant et peu connu. Désolé de ne plus être présent sur le site (cause construction de ma maison! ).

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