7 mars 1945 Prise du pont de Remagen & les franchissements du Rhin de la 1ère armée US du 7 au 27 mars 1945.
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roland MOLLARD
MJR
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7 mars 1945 Prise du pont de Remagen & les franchissements du Rhin de la 1ère armée US du 7 au 27 mars 1945.
Avec ce post nous allons aborder le premier franchissement du Rhin par les armées alliées au cours de la Deuxième Guerre Mondiale. Je suppose que lors de l’évocation du nom de Remagen, tout le monde pense à ce fameux film qui retrace cette épopée. Toutefois, compte tenu que l’utilisation de ce pont sera de très courte durée, je traite également tous les autres points de franchissement qui alimenteront cette tête de pont. Le tout est illustré par des photographies prises en septembre 2012 au Musée de la Paix situé dans les tours de la rive gauche du Rhin à Remagen. Remagen est situé entre Bonn au Nord et Coblence au Sud.
Le site du pont de Remagen d’après des cartes postales anciennes
Cartes postales éditée vers 1910 (collection MJR)
L’église dénommée Apollinaris-Kirche sur les hauteurs de Remagen, sur la rive gauche du Rhin
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La colline d’Eperler Ley sur la rive droite du Rhin (CPA collection MJR)
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Construction initiale du pont de Remagen « Ludendorfbrücke »
En juin 1914, le ministre allemand des travaux public ordonne la construction du pont ferroviaire de Remagen. Cet ordre demeure secret puisqu’il s’inscrit dans le plan de mobilisation de l’Armée allemande pour renforcer les communications dans le cadre du fameux plan Schlieffen. Voici le document exposé au Musée de la Pais « Friedensmuseum » de Remagen (photo MJR septembre 2012).
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Le pont ferroviaire de Remagen avait été construit entre 1916 et 1918, pour assurer le ravitaillement logistique du front français pendant la Première guerre mondiale.
Plans exposés au Musée de la Paix à Remagen (photo MJR septembre 2012)
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En 1916 ce pont ferroviaire à deux voies a été baptisé d’après le nom du général prussien Erich von Ludendorff. Le pont Hindenburgbrücke entre Bingen et Rüdesheim (1913-1915) et le pont Kronprinzbrücke entre Urmitz et Engers (1916-1918) avaient le même style de construction que le pont Ludendorfbrücke. Il a été construit d’après les plans de l’architecte Carl Wiener. L’ouvrage a été achevé en 1918, juste à temps pour permettre le passage des troupes allemandes en retraite et des troupes américaines venant occuper le secteur conformément aux conventions d’armistice.
Photographies prise au Musée de la Paix de Remagen
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Cette construction métallique reposait sur des ensembles maçonnés encadré par deux tours à 5 étages sur chaque rive. L’ouvrage avait une longueur de 325 mètres. Larche centrale surplombant le chenal navigable avait 155 mètres de longueur. Sur la rive droite, 55 mètres après le pont, la voie ferrée entrait dans un tunnel de 353 mètres de long comportant un virage à gauche.
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Le pont était équipé de chaque côté de passerelle à piétons. Sur la rive gauche du côté de Remagen, des rampes permettaient l’accès des véhicules à l’ouvrage. Le pont avait été aménagé pour que des véhicules à roues puissent également franchir le pont. Dès sa construction, le pont est doté de trois dispositifs de minage permanent.
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Maquette en céramique au Musée de la Paix de Remagen
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Situation générale en mars 1945
Pour l’Allemagne, la situation était catastrophique : à l’Est l’Armée Rouge s’apprêtait à franchir l’Oder pour attaquer Berlin, au Sud-Est il y avait de violents combats en Hongrie et Vienne était menacée ; au Sud, les Armées Alliées avait conquis l’Italie et à l’Ouest les lignes de défenses du Westwall ont été percées et les Alliées s’approchaient du Rhin. Les Armées Alliées avaient la maîtrise du ciel et avaient détruits l’industrie allemande.
Pour les armées allemandes, la situation au point de vue effectifs et ravitaillement était devenue catastrophique. Après l’échec de l’offensive des Ardennes, les commandants de l’artillerie étaient obligés de demander des autorisations de tir. De nombreux matériels étaient abandonnés sur place faute de carburant. En février 1945, la Wehrmacht avait des pertes qui s’élevaient à 294 772 hommes sur tous les fronts. C’est dans ce contexte qu’Hitler donna l’ordre dénommé « Nerobefehl » le 19 mars 1945, c’est-à-dire qu’il ordonnait qu’en cas de retraite de ne laisser que de la « terre brûlée » sans tenir compte de la population civile.
Situation particulière à Remagen
Depuis le débarquement des Alliées en Normandie en juin 1944, le pont était défendu par une compagnie de grenadiers du bataillon d’instruction 80 de Coblence, commandée par le capitaine Bratge, qui deviendra le commandant d’armes du pont. En mars 1945, l’effectif de cette compagnie s’élevait à 36 hommes, la plupart étaient des anciens blessés, encore soigné et en cours de convalescence. Leur mission était de protéger le pont contre des opérations de sabotage ennemies, particulièrement contre d’éventuelles troupes aéroportées, et la défense terrestre du pont en cas de percée ennemie ; de protéger les opérations de destruction de la compagnie génie du pont et l’installation de positions de défenses. Elle était équipée de 7 mitrailleuses (anglaises, allemandes modèle MG08 de la première guerre mondiale et russes), de lance-grenades russes et d’un canon antichar italien.
La 12e compagnie du régiment du génie territorial n°12 était stationnée au pont Ludendorff Brücke depuis le mois d’août 1943. Elle était commandée par le capitaine Friesenhahn. Au début de l’année 1945, cette compagnie forte de 30 à 40 hommes, était constituée de sapeurs très âgés (des grands-pères) et de malades en cours de convalescence. Elle avait pour mission de sécurisé l’ouvrage contre des sabotages et les mines flottantes, contre des attaques aéroportées, de maintenir en état ce point de passage, de participer avec toutes ses armes à la défense antiaérienne de l’ouvrage et en cas de nécessité, de détruire le pont avant qu’il ne tombe aux mains de l’ennemi. Les abords du pont étaient protégés par des réseaux de fil de fer barbelé et des positions d’infanterie. Un groupe du génie était en permanence affecté à la mission de destruction du pont. En cas d’alerte, ils mettaient 3 heures et demi pour préparer la destruction. La compagnie du génie avec le renfort d’une compagnie du génie ferroviaire sera d’ailleurs en mesure de réparer les lourds dégâts causés par l’attaque aérienne du 28 janvier 1945, qui avait endommagé une des arches d’inondation sur la rive gauche du Rhin.
Au début de l’année 1945, toutes les unités stationnées aux environs du pont passent sous les ordres du commandant d’arme du pont. Il s’agit d’unités de l’armée de l’air, des jeunesses hitlériennes, des hommes du service du travail obligatoire (RAD), d’un bataillon logistique, des troupes territoriales équipées de fusils français (sans munitions !) et même une compagnie de propagande.
Pour la défense antiaérienne, l’ouvrage était défendu par 11 pièces quadruples de 2 cm, 3 pièces à un tube de 2 cm (dont deux sur les tours du pont), de projecteurs, 4 pièces de 10,5 cm sur voies ferrées, 12 pièces de 3,7 cm, et des missiles de type « Föhn », ainsi qu’une compagnie chargée de la mise en œuvre de fûts fumigènes.
Mais le commandant d’armes avait de gros problème de communication avec tous ces éléments.
Nous allons quitter quelques instants le domaine du génie pour la défense sol-air, un élément vital pour les points de franchissement
Pièces antiaérienne allemande, à priori une Flakvierling 38 (4 x 20 mm), photographie exposée au Musée de la Paix de Remagen
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La même pièce de la collection Kaufmann à la Wantzenau, futur musée en cours d’installation (photographie MJR 2012)
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Le même calibre mais avec un canon unique Flak 38 (1 x 20 mm), collection Kaufmann à la Wantzenau, futur musée en cours d’installation (photographie MJR 2012)
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Un projecteur lourd de la défense antiaérienne allemande sur remorque : "Flackscheinwerfer Flak-Sw34 SSW de 150 cm. Collection Kaufmann à la Wantzenau, futur musée en cours d’installation (photographie MJR 2012)
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Les attaques Alliées de fin février 1945
Après l’échec de l’offensive allemande dans les Ardennes, le général Eisenhower, commandant en chef des troupes Alliées en Europe de l’Ouest avait planifié d’avancer jusqu’au Rhin, en essayant de détruire des troupes allemandes sur la rive gauche. Le 8 février 1945, la 1ère Armée canadienne attaque dans la région de Nimègue dans le cadre de l’opération « Veritable ». En même temps la 9e armée américaine avance vers le nord d’Aachen, dans le cadre de l’opération Grenade pour encercler les armées allemandes. Le 23 février 1945 débute l’opération « Lumberjack » des 1ère et 3e armée américaines sortant du massif de l’Eifel en direction du Rhin, en direction de Cologne et de Bonn pour les divisions blindées de la 1ère armée du général Hodges, et en direction de Andernach et Coblence pour la 3e armée du général Patton, également dans le but d’encercler les forces allemandes. Par la suite, la 3e et 7e armée US devaient pendre la région située au sud de la Moselle et à l’ouest du Rhin (opération « Undertone »).
L’attaque de la 9e division blindée US du Ve corps de la 1e armée
Le 7 mars 1945, deux groupes tactiques partent à 8H20 de Meckenheim pour se diriger sur deux itinéraires parallèles en direction du Rhin. Au sud la Task Force Prinze et au nord la Task Force Engeman, passe par Adendorf, Fritzdorf et arrive sur les hauteurs de Remagen) à 12H56. Il y a un peu de défense sporadique allemande, et entre Birresdorf et Remagen quelques attaques des jeunesses hitlériennes.
M4 A2 Sherman collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Cette colonne était accompagné par un observateur d’artillerie qui avait pris place dans un avion de type Piper Cub qui guidait l’artillerie par radio. Malgré le mauvais temps et la couverture nuageuse, il aperçut entre deux nuages la ville de Remagen, le Rhin et le pont ferroviaire Ludendorffbrücke sur lequel il apercevait des colonnes allemandes en cours de retraite. Il a immédiatement rendu compte à l’état-major du 16 bataillon d’artillerie blindée qui à son tour a rendu compte au commandant du Combat Command B (CCB), le brigadier William Hoge à 10H30. Le matin même, Hoge avait demandé à son commandant de division quelle était la conduite à tenir si le pont était intact. La réponse était de prendre immédiatement le pont, mais il ne se faisait pas trop d’espoir, et pensait que le pont sera détruit dès leur approche.
Le commandant de la Task Force Engemann a également reçu le compte rendu de son officier chargé des reconnaissances que le pont était encore intact alors qu’il venait de passer le secteur de Plattborn. Bientôt la pointe de la colonne atteignait le restaurant Waldschlösschen juste au-dessus de l’église Apollinarisskirche. C’est la section du lieutenant Emmett Burrows qui était en tête et qui a en premier cette superbe vue sur la vallée du Rhin, Remagen et par miracle, le pont de Remagen encore en état. Après son compte rendu il a reçu l’ordre de prendre immédiatement la ville de Remagen et le général Hoge le rejoignait rapidement.
Photographie du pont de Remagen (exposée au Musée de la paix de Remagen)
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La défense allemande du pont
Au niveau de la défense allemande du pont, ces derniers jours les changements de subordination du commandant d’armes se sont succédé de telle façon que ce dernier n’était même plus au courant des décisions prises par le commandement. Par ailleurs, une partie des troupes qui lui été affectés ont été transférées, dès fois sans l’informer. Il a notamment perdu l’essentiel de sa défense antiaérienne. L’essentiel des Jeunesses hitlériennes avait rejoint la rive droite du Rhin, les hommes du RAD ont été transférés, le bataillon logistique était transféré avec un dépôt de munitions, et les hommes affectés aux forces territoriales se cachaient pour ne pas mourir en héros à la dernière minute.
Photographie aérienne du pont de Remagen du 14 février 1945 (exposée au Musée de la paix de Remagen)
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La compagnie du génie du capitaine Friesenhahn n’avait plus que 36 sapeurs convalescents, dont une partie a été affecté à la défense du pont. Entre temps les charges de démolition ont été stockées près des accès du pont sur la rive gauche. Par contre pour la charge d’urgence, qui prévoyait 600 kg de TNT, il n’avait reçu que 300 kg de Donarit, un explosif civil destiné aux carrières, qui était moins puissant. Ce dernier sera mis en place sur les superstructures métalliques au-dessus du pilier de la rive droite. La mèche lente livrée avec les explosifs était trop courte, si bien que la mise à feu ne pouvait pas être installée dans le tunnel.
Au cours de l’après-midi du 6 mars 1945, le capitaine Friesenhahn commandant du pont donne l’ordre de faire démonter le platelage du pont, des travaux qui seront achevés vers 21H00. Il ne pouvait pas encore faire traverser ses véhicules puisque le service des chemins de fer insistait pour faire passer encore 12 trains au cours de la nuit. Par ailleurs, la traversée du pont de nuit était trop dangereuse. Le franchissement du pont resta ouvert jusqu’au 7 mars à 13H00. Il essaya en vain de récupérer des troupes parmi celles qui passaient le pont pour assurer sa défense.
A 10H28 il avait entendu les premiers tirs de mitrailleuse près du pont. Vers 11H00 il a reçu les explosifs pour la charge d’urgence qui ont été immédiatement mises en place par les sapeurs. Passer sous le commandement du 67e corps d’armée, il reçoit l’ordre de préparer la mise à feu à 12H00. A 13H00 il a reçu l’ordre d’attendre le passage d’une batterie d’artillerie hippomobile et peu de temps après il est informer que les hommes de la compagnie chargée d’assurer la sécurité du pont ont été fait prisonnier. Il reçut l’ordre du commandant Scheller du 68e corps d’armée de détruire le pont à 14H20 alors que le pont était déjà sous le tir des blindés américains. Le capitaine Friesenhan procéda lui-même à la mise à feu de la charge avant à 14H35 et rend compte que les américains étaient déjà sur le platelage. Il reçoit alors l’ordre de détruire le pont à 15H20 mais la mise à feu ne fonctionne plus. Il ne restait plus qu’à mettre le feu à la charge de secours (Donarit) qui explose à 15H40. Le pont se soulève légèrement et retombe sur le pilier. Les charpentes métalliques étaient tordues et le tablier avait un grand trou. A 15H55 il rend compte de l’échec de la destruction du pont. A 16H45, alors qu’il voulait demander les ordres au commandant Scheller, le commandant du pont constate que ce dernier avait disparu. A 17H12 le capitaine Bratge ordonne à ses officiers de cesser le feu et les défenseurs se rendent.
L’attaque du pont par la Task Force Engeman
C’est vers 13H00 que les soldats du lieutenant Timmermann ont vu le pont pour la première fois. La compagnie A é été désigné pour descendre dans l’agglomération derrière 4 chars lourds de type Pershing du lieutenant Grimball. La colonne s’est mise en route à 14H000. Les soldats avançaient de maison en maison tandis que la population civile agitait des draps blancs. Lorsque les blindés de Grimball arrivèrent en bas, ils constatent que les troupes allemandes s’étaient enfuies. En arrivant à la berge du Rhin ils aperçoivent à 800 m en amont, un train qui s’éloigne. Après quelques coups de canons de 90 mm ils détruisent la locomotive. Puis trois blindés prennent position près du pont pour le prendre sous leur feu et éviter tout mouvement des troupes allemandes. Quatre blindés Pershing couvrait la berge vers le sud et les fantassins de Timmermann s’approchent du pont, pris sous le tir d’une pièce antiaérienne de 20 mm de la rive droite, qui est immédiatement détruite.
M4 A2 Sherman et un obusier de 105 mm M7. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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M10 Destroyer. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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A 15H12 retenti une première détonation sur le talus de chemin de fer situé devant le pont. Ayant constaté que pont était encore intact, Timmermann rassemble sa compagnie pour préparer l’attaque. Le général Hoge, informé par les civils que la destruction du pont était programmée à 16H00, hésitait pour envoyer ses troupes. Il ne pouvait plus envoyé de blindé pour cet assaut puisque les rampes d’accès au talus de chemin de fer venaient d’être détruites. Puis le lieutenant-colonel Engeman donne l’ordre de prendre le pont et à l’artillerie de masquer l’opération en tirant des obus fumigène sur la rive droite et aux blindés de couvrir l’assaut. Lorsque les fantassins du la compagnie A se prépare, une seconde et importante explosion retentie. Mais lorsque la fumée se dissipa, le lieutenant Timmermann constate que le pont est encore intact, bien que quelques superstructures métalliques aient été arrachées et un grand trou est apparu dans le tablier. Compte tenu que le franchissement du pont était encore possible, l’ordre d’assaut fût donné, dans l’ordre des sections 1 3 et 2, accompagnées par groupe de sapeurs chargés de neutraliser les dispositifs de mise à feu. C’est juste avant 16H00 que le sergent Alex Drabik arriva en tant que premier américain sur la rive droite du Rhin. Quelques minutes après les 70 hommes de la compagnie A formait la défense de la petite tête de pont. Ils reçurent immédiatement l’ordre de reconnaître également le tunnel. A 16H18 le général Hoge rend compte à son commandant de division que le pont de Remagen a été pris intact ; dois-je toujours attaquer vers le sud ou garder la tête de pont ? Il reçoit immédiatement l’ordre de déminer le pont et de sécurisé la colline sur la rive droite, les renforts arrivant sur le site. Un char Sherman avec une lame de dozer commence immédiatement à combler le cratère de la première explosion.
L’entrée du tunnel sur la rive droite du Rhin (photographie exposée au Musée de la Paix de Remagen)
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Renforcement de la tête de pont de Remagen
Le 7 mars 1945, vers 18H00, le lieutenant-colonel Engeman rend compte que la colline de l’Eperler Ley a été prise sur la rive droite. Toutes les troupes encore disponibles sont envoyées pour renforcer la tête de pont.
Des points de franchissement à l’aide de petits chalands de débarquement de type LCVPs et de véhicules amphibies de type DUKWs sont aménagés en amont et en aval du pont.
GMC DUKW 353. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Dans les premières 24 heures après la prise du pont, se sont 8 000 soldats des 9e DB US et 78e DI US qui franchissent et défendent la tête de pont, rejoints ultérieurement par des éléments de la 99e DI US.
Le 8 mars à 00H15, le platelage du pont a été réparé, et c’est avec grande précaution que franchissent 5 chars Sherman. Deux contre-offensives allemandes contre la tête de pont seront refoulées. C’est le commandant allemand Strobel qui avait reçu l’ordre de s’approcher avec 60 sapeurs pour détruire le pont. A partir de 3H00, les chasseurs de chars de type M10 commencent à franchir le pont, mais l’un d’entre eux se coince et bloque le franchissement pendant trois heures. Vers 4H00 les troupes américaines interceptent un autre commando allemand muni d’explosifs.
Tableau représentant le franchissement des blindés sur le pont de Remagen (exposé au Musée de la Paix à Remagen)
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Extraits de journaux relatant la prise du pont de Remagen (exposé au Musée de la Paix à Remagen)
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Elargissement de la tête de pont de Remagen
Malgré que le général commandant en chef, le général Eisenhower soutenait l’extension de cette tête de pont, il se heurta à l’hostilité et la rivalité des généraux Bradley, Hodges et Patton d’un côté face aux généraux britanniques. Le miracle de Remagen avait contrecarré les plans des Alliées. Le groupe d’armée du général Montgomery avait reçu l’essentiel des moyens de franchissement qui ont été enlevés aux autres armées, et même la 1ère armée française avait perdu une partie de ses moyens de pontage américains. Montgomery voulait en effet franchir le Rhin en premier si bien qu’il est même intervenu auprès de Winston Churlill pour le président américain limite l’extension de cette tête de pont.
Mais les commandants des grandes unités locales avaient d’autres soucis. Pour l’instant, le point faible de cette tête de pont était le manque de points de franchissements. Il était clair que les troupes allemandes allaient tout faire mener des attaques aériennes contre ce pont. C’est pour cette raison que les troupes américaines vont concentrer les unités de défense anti-aériennes autour de la tête de pont et même en place une couverture aérienne de la 9e US Air Force.
Halftrack M16 avec un affût antiaérien 4 x 12,7 mm. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Affût Maxson M45C sur remorque 2 TON M17 à double essieux. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Pour contrer les attaques par mines flottantes et par des plongeurs, des filets de protection sont tendus en travers du cours d’eau à Leubsdorf.
Après la réussite du franchissement de Remagen, le général Eisenhower a modifié ses plans et ordonne à la 1ère armée US de franchir le Rhin. Compte tenu de l’immense besoin en soutien logistique de ce type de grande unité, et du fait que le pont de Remagen déjà fort endommagé reste sous le tir des troupes allemandes, les sapeurs américains reçoivent l’ordre de réparer le pont et surtout de réaliser d’autres points de franchissement à l’aide de portières et de ponts flottants. A cet effet ils mettaient en œuvre une portière allemande, des chalands de débarquement américains et des portières.
Ils mettent en place 3 portières de franchissement lourdes à 5 supports flottants munies de moteurs hors-bord, mise ne œuvre à compter du 9 mars 1945 par le 86e bataillon de pontonniers lourds du génie. En même temps, l’US Navy met en place 24 chalands de type LCVP en amont et en aval du pont, dont chaque engin pouvait emporter 36 hommes ou 4 tonnes de matériel ;
Le 11 mars à 7H00, les premiers véhicules du 3e corps d’armée US passent sur un pont flottant de type Treadway installé en aval du pont de Remagen par le 291e bataillon de combat du génie. Ce pont a été construit sous les tirs de l’artillerie allemande.
Photographie du pont flottant en aval du pont de Remagen (exposée au Musée de la paix de Remagen)
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Le même jour à minuit, un pont flottant lourd est mis en place entre Kripp et Linz.
Le 12 mars 1945, la Ludendorfbrücke est interdite au franchissement pour que les sapeurs américains puissent réparer les dégâts causés par les explosions.
Le 14 mars 1945, la 819e compagnie de transport amphibie arrête les franchissements à l’aide des engins de 2,5 T de type DUKKWs.
Engins amphibie LVT(A) 4 Aligator. Cet engin a également été utilisé sur certains points de franchissement du Rhin. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Engins amphibie Wiesel M29C. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Chaland de débarquement type LVCP (Higgins-Boat). Cet engin a également été utilisé sur certains points de franchissement du Rhin. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Le 16 mars 1945, un pont flottant est installé au profit du 7e corps US entre Rollandseck et Honnef.
Le 17 mars 1945, alors qu’il n’y a eu aucune action ennemie, la Luddendorfbrücke s’écroule en causant la mort de 30 soldats américains.
Photographies et documents exposés au Musée de la Paix de Remagen
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Le 18 mars le 7e Corps US installe son second pont flottant près de Mehlem-Königswinter.
Le 20 mars 1945 le 3e Corps US achève la construction d’un pont Bailey sur supports flottants en aval de l’ancien pont de Remagen.
Le 22 mars 1945, les premiers véhicules franchissent la « Victorbridge » installée par le 254e ECB au profit du 5e Corps US entre Niederbreisig et Hönningen.
Par ailleurs, à compter du 22 mars 1945, une deuxième tête de pont est ouverture par le général Patton près de Nierstein-Oppenheim, un jour avant le premier franchissement du Rhin de du maréchal Montgomery.
Les contres attaques allemandes
Si pour les Américains le coup de main réussi de la prise du pont de Remagen était un coup de chance, pour le haut commandement allemand c’était un malheur. Hitler était fou de rage et demanda que le commandant en chef du front Ouest soit remplacé par Kesselring. Puis il demanda la tête des responsables de cette catastrophe.
Au niveau des opérations, le haut-commandement essaye d’engager tous les moyens possibles pour réduire cette tête de pont.
Obusier allemand FH18 de 10,5 cm. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Chasseur de chars type Hetzer. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Un certain nombre d’unités ou de reste d’unités blindée est rassemblée et engagé sans succès contre Remagen. Compte tenu que ces unités sont engagées au fur et à mesure de leur arrivée, aucun résultat significatif n’a été obtenu. Les renforts d’artillerie arrivent tout juste à perturber la construction du premier pont flottant américain. Un ancêtre, un mortier de type Karl de 54 cm arrive toutefois à tirer 14 obus de 1 580 kg contre le pont, toutefois sans succès.
L’armée de l’air allemande réalise 427 attaques entre le 7 et 21 mars 1945 avec des avions classiques de type Fokewulf 190, Me 109 et Ju 87 (Stuka), et des avions à réaction de type Me 262 et Arado Ar 234. Lorsque le pont s’écroule le 17 mars 1945, s’est surtout dû aux dégâts des destructions du génie et non aux quelques dégâts causés par les attaques aériennes. Du 7 au 14 mars 1945, l’aviation allemande perd 80 avions au-dessus de Remagen.
Bombe exposée au Musée de la Paix à Remagen
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Les forces spéciales de la Marine allemande seront également engagées contre le pont de Remagen. Le 9 mars 1945, le groupe « PUMA » essaye de mettre à l’eau des sous-marin de poche de type « BIBER » équipe de mines torpille TMC près de Höningen. Mais compte tenu du secret de cette opération, cette unité n’a pas reçu le soutien nécessaire et l’opération échoua. Le 12 mars 1945, le même groupe essaye de mettre à l’eau six torpilles avec les Biber, avec 12 plongeurs de combat. Mais les véhicules poids-lourds reste bloqués sur le chemin d’accès et sont pris sous le feu de l’artillerie américaine qui les a repérés.
Photographies et documents exposés au Musée de la Paix de Remagen
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Le soir du 18 mars 7 nageurs de combat SS, équipé de charges de plastic de 3 kg, devait rejoindre le pont pour mettre en place les charges. Mais aucun d’eux ne réussira la mission, puisque les troupes américaines aux aguets repèrent la majorité des nageurs de combat.
Dans la nuit du 19 au 20 mars 1945, les plongeurs de combat de la marine avaient l’intention de mettre à l’eau 63 mines flottantes pour les amener sur le pont. Mais une avancé américaine surprend les plongeurs.
Enfin une dernière tentative est faite le 17 mars 1945 à l’aide des fusées V2 tirées à partir des Pays-Bas, une zone située à 200 km du pont. Le pont qui s’est écroulé au cours de l’après-midi, n’a pas été touché. Ce sont surtout la ville de Remagen et les villages d’Oedingen et Nierendorf qui ont été touchés causant la mort de militaires américains et de civils allemands.
Photographies illustrant le tir des V2 et copie des documents d’archive concernant ces tirs exposés au Musée de la Paix de Remagen
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Les têtes tombent
Le 9 mars 1945, Hitler ordonne la formation d’un tribunal de guerre volant pour juger les responsables du désastre. Les capitaines Bratge et Friesenhahn (prisonnier de guerre chez les Américains) ont été condamnés à mort. Le 13 mars 1945 matin, le commandant Scheller et le lieutenant-colonel Peters (commandant l’artillerie sol-air) ont été condamnés à mort et exécutés dans la foulée. Au cours de l’après-midi, c’est au tour des commandants Kraft (commandant le génie) et Strobel (commandant le régiment du génie 51) d’être condamnés à mort et exécutés. Le 14 mars 1945, l’audience reprend et les exécutions continuent.
Le Film
Le Pont de Remagen, film américain réalisé par John Guillermin, sorti en 1969, tourné sur un pont sensiblement similaire situé à l’époque en Tchécoslovaquie. Le cours d’eau est plus petit et il manque les arches d’inondation de la rive gauche.
Durée : 117 minutes.
Photographies et affiches exposées au Musée de la Paix de Remagen
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Friedensmuseum Remagen / Musée de la Paix
Ouverture : du 7 mars au 16 novembre 2014, tous les jours de 10H à 17H (jusqu’à 18H00 de mai à octobre).
Site Internet : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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Quelques vues complémentaires du site et du musée (Photographies MJR septembre 2012)
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Les photographies des matériels illustrant le sujet ont également été faites sur ce site :
ASPHM : Association du Patrimoine Historique Militaire
Collection de M. E ; Kauffmann, à la Wantzenau (au nord de Strasbourg)
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Visite : pour des groupes d’une vingtaine de personnes, sur RDV uniquement.
Conclusion
Grâce au miracle de Remagen et aux initiatives du fougueux général Patton, les plans initiaux du général Eisenhower ont été complètement chamboulés ainsi que les projets du maréchal Montgomery qui avait rassemblé une grande quantité de matériels de franchissement, avec une préparation aussi méticuleuse que le débarquement en Normandie.
J’espère que cette synthèse est assez complète, et si vous souhaiter voir le site de ces exploits, je vous conseille de visiter le Musée de la paix de Remagen.
J’aborderai ultérieurement les autres opérations de franchissement.
Le site du pont de Remagen d’après des cartes postales anciennes
Cartes postales éditée vers 1910 (collection MJR)
L’église dénommée Apollinaris-Kirche sur les hauteurs de Remagen, sur la rive gauche du Rhin
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La colline d’Eperler Ley sur la rive droite du Rhin (CPA collection MJR)
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Construction initiale du pont de Remagen « Ludendorfbrücke »
En juin 1914, le ministre allemand des travaux public ordonne la construction du pont ferroviaire de Remagen. Cet ordre demeure secret puisqu’il s’inscrit dans le plan de mobilisation de l’Armée allemande pour renforcer les communications dans le cadre du fameux plan Schlieffen. Voici le document exposé au Musée de la Pais « Friedensmuseum » de Remagen (photo MJR septembre 2012).
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Le pont ferroviaire de Remagen avait été construit entre 1916 et 1918, pour assurer le ravitaillement logistique du front français pendant la Première guerre mondiale.
Plans exposés au Musée de la Paix à Remagen (photo MJR septembre 2012)
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En 1916 ce pont ferroviaire à deux voies a été baptisé d’après le nom du général prussien Erich von Ludendorff. Le pont Hindenburgbrücke entre Bingen et Rüdesheim (1913-1915) et le pont Kronprinzbrücke entre Urmitz et Engers (1916-1918) avaient le même style de construction que le pont Ludendorfbrücke. Il a été construit d’après les plans de l’architecte Carl Wiener. L’ouvrage a été achevé en 1918, juste à temps pour permettre le passage des troupes allemandes en retraite et des troupes américaines venant occuper le secteur conformément aux conventions d’armistice.
Photographies prise au Musée de la Paix de Remagen
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Cette construction métallique reposait sur des ensembles maçonnés encadré par deux tours à 5 étages sur chaque rive. L’ouvrage avait une longueur de 325 mètres. Larche centrale surplombant le chenal navigable avait 155 mètres de longueur. Sur la rive droite, 55 mètres après le pont, la voie ferrée entrait dans un tunnel de 353 mètres de long comportant un virage à gauche.
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Le pont était équipé de chaque côté de passerelle à piétons. Sur la rive gauche du côté de Remagen, des rampes permettaient l’accès des véhicules à l’ouvrage. Le pont avait été aménagé pour que des véhicules à roues puissent également franchir le pont. Dès sa construction, le pont est doté de trois dispositifs de minage permanent.
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Maquette en céramique au Musée de la Paix de Remagen
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Situation générale en mars 1945
Pour l’Allemagne, la situation était catastrophique : à l’Est l’Armée Rouge s’apprêtait à franchir l’Oder pour attaquer Berlin, au Sud-Est il y avait de violents combats en Hongrie et Vienne était menacée ; au Sud, les Armées Alliées avait conquis l’Italie et à l’Ouest les lignes de défenses du Westwall ont été percées et les Alliées s’approchaient du Rhin. Les Armées Alliées avaient la maîtrise du ciel et avaient détruits l’industrie allemande.
Pour les armées allemandes, la situation au point de vue effectifs et ravitaillement était devenue catastrophique. Après l’échec de l’offensive des Ardennes, les commandants de l’artillerie étaient obligés de demander des autorisations de tir. De nombreux matériels étaient abandonnés sur place faute de carburant. En février 1945, la Wehrmacht avait des pertes qui s’élevaient à 294 772 hommes sur tous les fronts. C’est dans ce contexte qu’Hitler donna l’ordre dénommé « Nerobefehl » le 19 mars 1945, c’est-à-dire qu’il ordonnait qu’en cas de retraite de ne laisser que de la « terre brûlée » sans tenir compte de la population civile.
Situation particulière à Remagen
Depuis le débarquement des Alliées en Normandie en juin 1944, le pont était défendu par une compagnie de grenadiers du bataillon d’instruction 80 de Coblence, commandée par le capitaine Bratge, qui deviendra le commandant d’armes du pont. En mars 1945, l’effectif de cette compagnie s’élevait à 36 hommes, la plupart étaient des anciens blessés, encore soigné et en cours de convalescence. Leur mission était de protéger le pont contre des opérations de sabotage ennemies, particulièrement contre d’éventuelles troupes aéroportées, et la défense terrestre du pont en cas de percée ennemie ; de protéger les opérations de destruction de la compagnie génie du pont et l’installation de positions de défenses. Elle était équipée de 7 mitrailleuses (anglaises, allemandes modèle MG08 de la première guerre mondiale et russes), de lance-grenades russes et d’un canon antichar italien.
La 12e compagnie du régiment du génie territorial n°12 était stationnée au pont Ludendorff Brücke depuis le mois d’août 1943. Elle était commandée par le capitaine Friesenhahn. Au début de l’année 1945, cette compagnie forte de 30 à 40 hommes, était constituée de sapeurs très âgés (des grands-pères) et de malades en cours de convalescence. Elle avait pour mission de sécurisé l’ouvrage contre des sabotages et les mines flottantes, contre des attaques aéroportées, de maintenir en état ce point de passage, de participer avec toutes ses armes à la défense antiaérienne de l’ouvrage et en cas de nécessité, de détruire le pont avant qu’il ne tombe aux mains de l’ennemi. Les abords du pont étaient protégés par des réseaux de fil de fer barbelé et des positions d’infanterie. Un groupe du génie était en permanence affecté à la mission de destruction du pont. En cas d’alerte, ils mettaient 3 heures et demi pour préparer la destruction. La compagnie du génie avec le renfort d’une compagnie du génie ferroviaire sera d’ailleurs en mesure de réparer les lourds dégâts causés par l’attaque aérienne du 28 janvier 1945, qui avait endommagé une des arches d’inondation sur la rive gauche du Rhin.
Au début de l’année 1945, toutes les unités stationnées aux environs du pont passent sous les ordres du commandant d’arme du pont. Il s’agit d’unités de l’armée de l’air, des jeunesses hitlériennes, des hommes du service du travail obligatoire (RAD), d’un bataillon logistique, des troupes territoriales équipées de fusils français (sans munitions !) et même une compagnie de propagande.
Pour la défense antiaérienne, l’ouvrage était défendu par 11 pièces quadruples de 2 cm, 3 pièces à un tube de 2 cm (dont deux sur les tours du pont), de projecteurs, 4 pièces de 10,5 cm sur voies ferrées, 12 pièces de 3,7 cm, et des missiles de type « Föhn », ainsi qu’une compagnie chargée de la mise en œuvre de fûts fumigènes.
Mais le commandant d’armes avait de gros problème de communication avec tous ces éléments.
Nous allons quitter quelques instants le domaine du génie pour la défense sol-air, un élément vital pour les points de franchissement
Pièces antiaérienne allemande, à priori une Flakvierling 38 (4 x 20 mm), photographie exposée au Musée de la Paix de Remagen
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La même pièce de la collection Kaufmann à la Wantzenau, futur musée en cours d’installation (photographie MJR 2012)
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Le même calibre mais avec un canon unique Flak 38 (1 x 20 mm), collection Kaufmann à la Wantzenau, futur musée en cours d’installation (photographie MJR 2012)
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Un projecteur lourd de la défense antiaérienne allemande sur remorque : "Flackscheinwerfer Flak-Sw34 SSW de 150 cm. Collection Kaufmann à la Wantzenau, futur musée en cours d’installation (photographie MJR 2012)
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Les attaques Alliées de fin février 1945
Après l’échec de l’offensive allemande dans les Ardennes, le général Eisenhower, commandant en chef des troupes Alliées en Europe de l’Ouest avait planifié d’avancer jusqu’au Rhin, en essayant de détruire des troupes allemandes sur la rive gauche. Le 8 février 1945, la 1ère Armée canadienne attaque dans la région de Nimègue dans le cadre de l’opération « Veritable ». En même temps la 9e armée américaine avance vers le nord d’Aachen, dans le cadre de l’opération Grenade pour encercler les armées allemandes. Le 23 février 1945 débute l’opération « Lumberjack » des 1ère et 3e armée américaines sortant du massif de l’Eifel en direction du Rhin, en direction de Cologne et de Bonn pour les divisions blindées de la 1ère armée du général Hodges, et en direction de Andernach et Coblence pour la 3e armée du général Patton, également dans le but d’encercler les forces allemandes. Par la suite, la 3e et 7e armée US devaient pendre la région située au sud de la Moselle et à l’ouest du Rhin (opération « Undertone »).
L’attaque de la 9e division blindée US du Ve corps de la 1e armée
Le 7 mars 1945, deux groupes tactiques partent à 8H20 de Meckenheim pour se diriger sur deux itinéraires parallèles en direction du Rhin. Au sud la Task Force Prinze et au nord la Task Force Engeman, passe par Adendorf, Fritzdorf et arrive sur les hauteurs de Remagen) à 12H56. Il y a un peu de défense sporadique allemande, et entre Birresdorf et Remagen quelques attaques des jeunesses hitlériennes.
M4 A2 Sherman collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Cette colonne était accompagné par un observateur d’artillerie qui avait pris place dans un avion de type Piper Cub qui guidait l’artillerie par radio. Malgré le mauvais temps et la couverture nuageuse, il aperçut entre deux nuages la ville de Remagen, le Rhin et le pont ferroviaire Ludendorffbrücke sur lequel il apercevait des colonnes allemandes en cours de retraite. Il a immédiatement rendu compte à l’état-major du 16 bataillon d’artillerie blindée qui à son tour a rendu compte au commandant du Combat Command B (CCB), le brigadier William Hoge à 10H30. Le matin même, Hoge avait demandé à son commandant de division quelle était la conduite à tenir si le pont était intact. La réponse était de prendre immédiatement le pont, mais il ne se faisait pas trop d’espoir, et pensait que le pont sera détruit dès leur approche.
Le commandant de la Task Force Engemann a également reçu le compte rendu de son officier chargé des reconnaissances que le pont était encore intact alors qu’il venait de passer le secteur de Plattborn. Bientôt la pointe de la colonne atteignait le restaurant Waldschlösschen juste au-dessus de l’église Apollinarisskirche. C’est la section du lieutenant Emmett Burrows qui était en tête et qui a en premier cette superbe vue sur la vallée du Rhin, Remagen et par miracle, le pont de Remagen encore en état. Après son compte rendu il a reçu l’ordre de prendre immédiatement la ville de Remagen et le général Hoge le rejoignait rapidement.
Photographie du pont de Remagen (exposée au Musée de la paix de Remagen)
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La défense allemande du pont
Au niveau de la défense allemande du pont, ces derniers jours les changements de subordination du commandant d’armes se sont succédé de telle façon que ce dernier n’était même plus au courant des décisions prises par le commandement. Par ailleurs, une partie des troupes qui lui été affectés ont été transférées, dès fois sans l’informer. Il a notamment perdu l’essentiel de sa défense antiaérienne. L’essentiel des Jeunesses hitlériennes avait rejoint la rive droite du Rhin, les hommes du RAD ont été transférés, le bataillon logistique était transféré avec un dépôt de munitions, et les hommes affectés aux forces territoriales se cachaient pour ne pas mourir en héros à la dernière minute.
Photographie aérienne du pont de Remagen du 14 février 1945 (exposée au Musée de la paix de Remagen)
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La compagnie du génie du capitaine Friesenhahn n’avait plus que 36 sapeurs convalescents, dont une partie a été affecté à la défense du pont. Entre temps les charges de démolition ont été stockées près des accès du pont sur la rive gauche. Par contre pour la charge d’urgence, qui prévoyait 600 kg de TNT, il n’avait reçu que 300 kg de Donarit, un explosif civil destiné aux carrières, qui était moins puissant. Ce dernier sera mis en place sur les superstructures métalliques au-dessus du pilier de la rive droite. La mèche lente livrée avec les explosifs était trop courte, si bien que la mise à feu ne pouvait pas être installée dans le tunnel.
Au cours de l’après-midi du 6 mars 1945, le capitaine Friesenhahn commandant du pont donne l’ordre de faire démonter le platelage du pont, des travaux qui seront achevés vers 21H00. Il ne pouvait pas encore faire traverser ses véhicules puisque le service des chemins de fer insistait pour faire passer encore 12 trains au cours de la nuit. Par ailleurs, la traversée du pont de nuit était trop dangereuse. Le franchissement du pont resta ouvert jusqu’au 7 mars à 13H00. Il essaya en vain de récupérer des troupes parmi celles qui passaient le pont pour assurer sa défense.
A 10H28 il avait entendu les premiers tirs de mitrailleuse près du pont. Vers 11H00 il a reçu les explosifs pour la charge d’urgence qui ont été immédiatement mises en place par les sapeurs. Passer sous le commandement du 67e corps d’armée, il reçoit l’ordre de préparer la mise à feu à 12H00. A 13H00 il a reçu l’ordre d’attendre le passage d’une batterie d’artillerie hippomobile et peu de temps après il est informer que les hommes de la compagnie chargée d’assurer la sécurité du pont ont été fait prisonnier. Il reçut l’ordre du commandant Scheller du 68e corps d’armée de détruire le pont à 14H20 alors que le pont était déjà sous le tir des blindés américains. Le capitaine Friesenhan procéda lui-même à la mise à feu de la charge avant à 14H35 et rend compte que les américains étaient déjà sur le platelage. Il reçoit alors l’ordre de détruire le pont à 15H20 mais la mise à feu ne fonctionne plus. Il ne restait plus qu’à mettre le feu à la charge de secours (Donarit) qui explose à 15H40. Le pont se soulève légèrement et retombe sur le pilier. Les charpentes métalliques étaient tordues et le tablier avait un grand trou. A 15H55 il rend compte de l’échec de la destruction du pont. A 16H45, alors qu’il voulait demander les ordres au commandant Scheller, le commandant du pont constate que ce dernier avait disparu. A 17H12 le capitaine Bratge ordonne à ses officiers de cesser le feu et les défenseurs se rendent.
L’attaque du pont par la Task Force Engeman
C’est vers 13H00 que les soldats du lieutenant Timmermann ont vu le pont pour la première fois. La compagnie A é été désigné pour descendre dans l’agglomération derrière 4 chars lourds de type Pershing du lieutenant Grimball. La colonne s’est mise en route à 14H000. Les soldats avançaient de maison en maison tandis que la population civile agitait des draps blancs. Lorsque les blindés de Grimball arrivèrent en bas, ils constatent que les troupes allemandes s’étaient enfuies. En arrivant à la berge du Rhin ils aperçoivent à 800 m en amont, un train qui s’éloigne. Après quelques coups de canons de 90 mm ils détruisent la locomotive. Puis trois blindés prennent position près du pont pour le prendre sous leur feu et éviter tout mouvement des troupes allemandes. Quatre blindés Pershing couvrait la berge vers le sud et les fantassins de Timmermann s’approchent du pont, pris sous le tir d’une pièce antiaérienne de 20 mm de la rive droite, qui est immédiatement détruite.
M4 A2 Sherman et un obusier de 105 mm M7. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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M10 Destroyer. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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A 15H12 retenti une première détonation sur le talus de chemin de fer situé devant le pont. Ayant constaté que pont était encore intact, Timmermann rassemble sa compagnie pour préparer l’attaque. Le général Hoge, informé par les civils que la destruction du pont était programmée à 16H00, hésitait pour envoyer ses troupes. Il ne pouvait plus envoyé de blindé pour cet assaut puisque les rampes d’accès au talus de chemin de fer venaient d’être détruites. Puis le lieutenant-colonel Engeman donne l’ordre de prendre le pont et à l’artillerie de masquer l’opération en tirant des obus fumigène sur la rive droite et aux blindés de couvrir l’assaut. Lorsque les fantassins du la compagnie A se prépare, une seconde et importante explosion retentie. Mais lorsque la fumée se dissipa, le lieutenant Timmermann constate que le pont est encore intact, bien que quelques superstructures métalliques aient été arrachées et un grand trou est apparu dans le tablier. Compte tenu que le franchissement du pont était encore possible, l’ordre d’assaut fût donné, dans l’ordre des sections 1 3 et 2, accompagnées par groupe de sapeurs chargés de neutraliser les dispositifs de mise à feu. C’est juste avant 16H00 que le sergent Alex Drabik arriva en tant que premier américain sur la rive droite du Rhin. Quelques minutes après les 70 hommes de la compagnie A formait la défense de la petite tête de pont. Ils reçurent immédiatement l’ordre de reconnaître également le tunnel. A 16H18 le général Hoge rend compte à son commandant de division que le pont de Remagen a été pris intact ; dois-je toujours attaquer vers le sud ou garder la tête de pont ? Il reçoit immédiatement l’ordre de déminer le pont et de sécurisé la colline sur la rive droite, les renforts arrivant sur le site. Un char Sherman avec une lame de dozer commence immédiatement à combler le cratère de la première explosion.
L’entrée du tunnel sur la rive droite du Rhin (photographie exposée au Musée de la Paix de Remagen)
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Renforcement de la tête de pont de Remagen
Le 7 mars 1945, vers 18H00, le lieutenant-colonel Engeman rend compte que la colline de l’Eperler Ley a été prise sur la rive droite. Toutes les troupes encore disponibles sont envoyées pour renforcer la tête de pont.
Des points de franchissement à l’aide de petits chalands de débarquement de type LCVPs et de véhicules amphibies de type DUKWs sont aménagés en amont et en aval du pont.
GMC DUKW 353. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Dans les premières 24 heures après la prise du pont, se sont 8 000 soldats des 9e DB US et 78e DI US qui franchissent et défendent la tête de pont, rejoints ultérieurement par des éléments de la 99e DI US.
Le 8 mars à 00H15, le platelage du pont a été réparé, et c’est avec grande précaution que franchissent 5 chars Sherman. Deux contre-offensives allemandes contre la tête de pont seront refoulées. C’est le commandant allemand Strobel qui avait reçu l’ordre de s’approcher avec 60 sapeurs pour détruire le pont. A partir de 3H00, les chasseurs de chars de type M10 commencent à franchir le pont, mais l’un d’entre eux se coince et bloque le franchissement pendant trois heures. Vers 4H00 les troupes américaines interceptent un autre commando allemand muni d’explosifs.
Tableau représentant le franchissement des blindés sur le pont de Remagen (exposé au Musée de la Paix à Remagen)
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Extraits de journaux relatant la prise du pont de Remagen (exposé au Musée de la Paix à Remagen)
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Elargissement de la tête de pont de Remagen
Malgré que le général commandant en chef, le général Eisenhower soutenait l’extension de cette tête de pont, il se heurta à l’hostilité et la rivalité des généraux Bradley, Hodges et Patton d’un côté face aux généraux britanniques. Le miracle de Remagen avait contrecarré les plans des Alliées. Le groupe d’armée du général Montgomery avait reçu l’essentiel des moyens de franchissement qui ont été enlevés aux autres armées, et même la 1ère armée française avait perdu une partie de ses moyens de pontage américains. Montgomery voulait en effet franchir le Rhin en premier si bien qu’il est même intervenu auprès de Winston Churlill pour le président américain limite l’extension de cette tête de pont.
Mais les commandants des grandes unités locales avaient d’autres soucis. Pour l’instant, le point faible de cette tête de pont était le manque de points de franchissements. Il était clair que les troupes allemandes allaient tout faire mener des attaques aériennes contre ce pont. C’est pour cette raison que les troupes américaines vont concentrer les unités de défense anti-aériennes autour de la tête de pont et même en place une couverture aérienne de la 9e US Air Force.
Halftrack M16 avec un affût antiaérien 4 x 12,7 mm. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Affût Maxson M45C sur remorque 2 TON M17 à double essieux. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Pour contrer les attaques par mines flottantes et par des plongeurs, des filets de protection sont tendus en travers du cours d’eau à Leubsdorf.
Après la réussite du franchissement de Remagen, le général Eisenhower a modifié ses plans et ordonne à la 1ère armée US de franchir le Rhin. Compte tenu de l’immense besoin en soutien logistique de ce type de grande unité, et du fait que le pont de Remagen déjà fort endommagé reste sous le tir des troupes allemandes, les sapeurs américains reçoivent l’ordre de réparer le pont et surtout de réaliser d’autres points de franchissement à l’aide de portières et de ponts flottants. A cet effet ils mettaient en œuvre une portière allemande, des chalands de débarquement américains et des portières.
Ils mettent en place 3 portières de franchissement lourdes à 5 supports flottants munies de moteurs hors-bord, mise ne œuvre à compter du 9 mars 1945 par le 86e bataillon de pontonniers lourds du génie. En même temps, l’US Navy met en place 24 chalands de type LCVP en amont et en aval du pont, dont chaque engin pouvait emporter 36 hommes ou 4 tonnes de matériel ;
Le 11 mars à 7H00, les premiers véhicules du 3e corps d’armée US passent sur un pont flottant de type Treadway installé en aval du pont de Remagen par le 291e bataillon de combat du génie. Ce pont a été construit sous les tirs de l’artillerie allemande.
Photographie du pont flottant en aval du pont de Remagen (exposée au Musée de la paix de Remagen)
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Le même jour à minuit, un pont flottant lourd est mis en place entre Kripp et Linz.
Le 12 mars 1945, la Ludendorfbrücke est interdite au franchissement pour que les sapeurs américains puissent réparer les dégâts causés par les explosions.
Le 14 mars 1945, la 819e compagnie de transport amphibie arrête les franchissements à l’aide des engins de 2,5 T de type DUKKWs.
Engins amphibie LVT(A) 4 Aligator. Cet engin a également été utilisé sur certains points de franchissement du Rhin. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Engins amphibie Wiesel M29C. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Chaland de débarquement type LVCP (Higgins-Boat). Cet engin a également été utilisé sur certains points de franchissement du Rhin. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Le 16 mars 1945, un pont flottant est installé au profit du 7e corps US entre Rollandseck et Honnef.
Le 17 mars 1945, alors qu’il n’y a eu aucune action ennemie, la Luddendorfbrücke s’écroule en causant la mort de 30 soldats américains.
Photographies et documents exposés au Musée de la Paix de Remagen
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Le 18 mars le 7e Corps US installe son second pont flottant près de Mehlem-Königswinter.
Le 20 mars 1945 le 3e Corps US achève la construction d’un pont Bailey sur supports flottants en aval de l’ancien pont de Remagen.
Le 22 mars 1945, les premiers véhicules franchissent la « Victorbridge » installée par le 254e ECB au profit du 5e Corps US entre Niederbreisig et Hönningen.
Par ailleurs, à compter du 22 mars 1945, une deuxième tête de pont est ouverture par le général Patton près de Nierstein-Oppenheim, un jour avant le premier franchissement du Rhin de du maréchal Montgomery.
Les contres attaques allemandes
Si pour les Américains le coup de main réussi de la prise du pont de Remagen était un coup de chance, pour le haut commandement allemand c’était un malheur. Hitler était fou de rage et demanda que le commandant en chef du front Ouest soit remplacé par Kesselring. Puis il demanda la tête des responsables de cette catastrophe.
Au niveau des opérations, le haut-commandement essaye d’engager tous les moyens possibles pour réduire cette tête de pont.
Obusier allemand FH18 de 10,5 cm. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Chasseur de chars type Hetzer. Collection de l’ASMHP à la Wantzenau (photographie MJR 2012)
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Un certain nombre d’unités ou de reste d’unités blindée est rassemblée et engagé sans succès contre Remagen. Compte tenu que ces unités sont engagées au fur et à mesure de leur arrivée, aucun résultat significatif n’a été obtenu. Les renforts d’artillerie arrivent tout juste à perturber la construction du premier pont flottant américain. Un ancêtre, un mortier de type Karl de 54 cm arrive toutefois à tirer 14 obus de 1 580 kg contre le pont, toutefois sans succès.
L’armée de l’air allemande réalise 427 attaques entre le 7 et 21 mars 1945 avec des avions classiques de type Fokewulf 190, Me 109 et Ju 87 (Stuka), et des avions à réaction de type Me 262 et Arado Ar 234. Lorsque le pont s’écroule le 17 mars 1945, s’est surtout dû aux dégâts des destructions du génie et non aux quelques dégâts causés par les attaques aériennes. Du 7 au 14 mars 1945, l’aviation allemande perd 80 avions au-dessus de Remagen.
Bombe exposée au Musée de la Paix à Remagen
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Les forces spéciales de la Marine allemande seront également engagées contre le pont de Remagen. Le 9 mars 1945, le groupe « PUMA » essaye de mettre à l’eau des sous-marin de poche de type « BIBER » équipe de mines torpille TMC près de Höningen. Mais compte tenu du secret de cette opération, cette unité n’a pas reçu le soutien nécessaire et l’opération échoua. Le 12 mars 1945, le même groupe essaye de mettre à l’eau six torpilles avec les Biber, avec 12 plongeurs de combat. Mais les véhicules poids-lourds reste bloqués sur le chemin d’accès et sont pris sous le feu de l’artillerie américaine qui les a repérés.
Photographies et documents exposés au Musée de la Paix de Remagen
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Le soir du 18 mars 7 nageurs de combat SS, équipé de charges de plastic de 3 kg, devait rejoindre le pont pour mettre en place les charges. Mais aucun d’eux ne réussira la mission, puisque les troupes américaines aux aguets repèrent la majorité des nageurs de combat.
Dans la nuit du 19 au 20 mars 1945, les plongeurs de combat de la marine avaient l’intention de mettre à l’eau 63 mines flottantes pour les amener sur le pont. Mais une avancé américaine surprend les plongeurs.
Enfin une dernière tentative est faite le 17 mars 1945 à l’aide des fusées V2 tirées à partir des Pays-Bas, une zone située à 200 km du pont. Le pont qui s’est écroulé au cours de l’après-midi, n’a pas été touché. Ce sont surtout la ville de Remagen et les villages d’Oedingen et Nierendorf qui ont été touchés causant la mort de militaires américains et de civils allemands.
Photographies illustrant le tir des V2 et copie des documents d’archive concernant ces tirs exposés au Musée de la Paix de Remagen
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Les têtes tombent
Le 9 mars 1945, Hitler ordonne la formation d’un tribunal de guerre volant pour juger les responsables du désastre. Les capitaines Bratge et Friesenhahn (prisonnier de guerre chez les Américains) ont été condamnés à mort. Le 13 mars 1945 matin, le commandant Scheller et le lieutenant-colonel Peters (commandant l’artillerie sol-air) ont été condamnés à mort et exécutés dans la foulée. Au cours de l’après-midi, c’est au tour des commandants Kraft (commandant le génie) et Strobel (commandant le régiment du génie 51) d’être condamnés à mort et exécutés. Le 14 mars 1945, l’audience reprend et les exécutions continuent.
Le Film
Le Pont de Remagen, film américain réalisé par John Guillermin, sorti en 1969, tourné sur un pont sensiblement similaire situé à l’époque en Tchécoslovaquie. Le cours d’eau est plus petit et il manque les arches d’inondation de la rive gauche.
Durée : 117 minutes.
Photographies et affiches exposées au Musée de la Paix de Remagen
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Friedensmuseum Remagen / Musée de la Paix
Ouverture : du 7 mars au 16 novembre 2014, tous les jours de 10H à 17H (jusqu’à 18H00 de mai à octobre).
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Quelques vues complémentaires du site et du musée (Photographies MJR septembre 2012)
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Les photographies des matériels illustrant le sujet ont également été faites sur ce site :
ASPHM : Association du Patrimoine Historique Militaire
Collection de M. E ; Kauffmann, à la Wantzenau (au nord de Strasbourg)
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Visite : pour des groupes d’une vingtaine de personnes, sur RDV uniquement.
Conclusion
Grâce au miracle de Remagen et aux initiatives du fougueux général Patton, les plans initiaux du général Eisenhower ont été complètement chamboulés ainsi que les projets du maréchal Montgomery qui avait rassemblé une grande quantité de matériels de franchissement, avec une préparation aussi méticuleuse que le débarquement en Normandie.
J’espère que cette synthèse est assez complète, et si vous souhaiter voir le site de ces exploits, je vous conseille de visiter le Musée de la paix de Remagen.
J’aborderai ultérieurement les autres opérations de franchissement.
Dernière édition par MJR le Jeu 3 Avr 2014 - 20:31, édité 1 fois
MJR- membre
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Re: 7 mars 1945 Prise du pont de Remagen & les franchissements du Rhin de la 1ère armée US du 7 au 27 mars 1945.
un autre eclairage remarquable sur ce fait d armes merci c est excellent.
Re: 7 mars 1945 Prise du pont de Remagen & les franchissements du Rhin de la 1ère armée US du 7 au 27 mars 1945.
Bonjour tout le monde ,bonjour RICHARD ,
cette synthèse comme tu la nommes modestement est remarquable ,bien illustrée ,tu nous gâtes comme d'habitude ,quel travail cela représente !!! Un grand merci !!!!
cordialement
DOMINIQUE
cette synthèse comme tu la nommes modestement est remarquable ,bien illustrée ,tu nous gâtes comme d'habitude ,quel travail cela représente !!! Un grand merci !!!!
cordialement
DOMINIQUE
KRAL DOMINIQUE- membre
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7 mars 1945 Prise du pont de Remagen & les franchissements du Rhin de la 1ère armée US du 7 au 27 mars 1945 (suite)
Bonjour, merci pour vos commentaires. Il est vrai que ce genre de sujet prend du temps. Compte tenu que j’ai oublié quelques illustrations, je le complète dès que possible.
Cordialement
MJR
Quelques vues complémentaires du site et du musée (Photographies MJR septembre 2012)
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Les plaques commémoratives
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Plaque de support du pont (récupérée dans le Rhin)
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Vue de la rive droite (Eperler ley)
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Les arches d’inondation de la rive gauche
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Quelques vues complémentaires du Musée du Pont de Remagen
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Cordialement
MJR
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MJR- membre
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Re: 7 mars 1945 Prise du pont de Remagen & les franchissements du Rhin de la 1ère armée US du 7 au 27 mars 1945.
Bonjour à tous,
Bonjour Richard,
Scrogneugneu !!! Quel boulot !
Merci de nous faire partager tout cela.
juste en aparté, la chute du pont fera une victime collatérale : La Sape française...
En effet, les américains ayant perdu le pont sont obligés de doubler l'existant. Ils raflent tout ce qui peut traîner et entre-autre, nos moyens de franchissement.
Ceci explique pourquoi le Génie français est totalement démuni de tous ses moyens flottants réquisitionnés par les américains.
Il ne nous reste que les deux unités de pont "Dromard" (les mod35 coupés en deux) et les bateaux qui viendront des centres d'instruction pour, à notre tour, franchir le Rhin...
Je n'ai jamais pu savoir pourquoi nos bataillons de ponts lourds ne sont pas montés à Remagen...
Les arcanes de l'administration française sans doute...
Amitiés,
Bernard.
Bonjour Richard,
Scrogneugneu !!! Quel boulot !
Merci de nous faire partager tout cela.
juste en aparté, la chute du pont fera une victime collatérale : La Sape française...
En effet, les américains ayant perdu le pont sont obligés de doubler l'existant. Ils raflent tout ce qui peut traîner et entre-autre, nos moyens de franchissement.
Ceci explique pourquoi le Génie français est totalement démuni de tous ses moyens flottants réquisitionnés par les américains.
Il ne nous reste que les deux unités de pont "Dromard" (les mod35 coupés en deux) et les bateaux qui viendront des centres d'instruction pour, à notre tour, franchir le Rhin...
Je n'ai jamais pu savoir pourquoi nos bataillons de ponts lourds ne sont pas montés à Remagen...
Les arcanes de l'administration française sans doute...
Amitiés,
Bernard.
_________________
6°RG 1969-1972, 11° Cuir 1973-1975, 6°RG 1975-1980, ENSOA 1980-1984, D.A EAG 1984-1985, 71°RG 1985-1995, DG Marseille-1995-1996.
Le Bègue- modérateur
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Localisation : Angers
Re: 7 mars 1945 Prise du pont de Remagen & les franchissements du Rhin de la 1ère armée US du 7 au 27 mars 1945.
Merci Richard,
C'est un sujet très intéressant et fort bien illustré.
C'est un sujet très intéressant et fort bien illustré.
Dernière édition par Admin le Sam 5 Avr 2014 - 7:02, édité 1 fois
Re: 7 mars 1945 Prise du pont de Remagen & les franchissements du Rhin de la 1ère armée US du 7 au 27 mars 1945.
Quel boulot!!!
Merci Richard pour ce sujet "fouillé".
Merci Richard pour ce sujet "fouillé".
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Daniel CARRERE
6°RG - ENSOA - CIG 4 1974 / 1975 - 11°RG 1975 / 1978 - 10°RG 1978 / 1983 - 23°RG 1983 / 1984 -
4°RG 1984 / 1991 - ENSSSAT 1991 /1994 - 10°RG 1994 /1997 - ESAG 1997 / 2001 - 31°RG 2001 / 2004 - 2°GLCAT 2004 / 2006 - 68°RAA 2006 /2010 - retraite
carrere- modérateur
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