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France : Strasbourg 1872 – 1918 : la ceinture des forts détachés

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Message par MJR Lun 21 Sep 2015 - 9:48


Fort IIIa / Fort Podbielski / Fort Ducrot (9)



Photographie MJR d’août 2014


Peinture représentant la poterne principale fixée sur la caponnière de gorge

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Poterne principale sous traverse en capitale

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Couloir de la caserne de gorge

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Puits

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Chambre de la caserne de gorge (salle de réunion de l’association)

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Travaux de restauration en cours

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Cour droite : vue des arcs en décharges qui soutiennent le parapet d’artillerie. L’association y a réalisé un gros travail de nettoyage général et de gommage des tags.

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Ancienne porte du couloir transversal droit qui a été obturée lors des travaux de renforcement de l’ouvrage

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Détail de la partie supérieur du parapet d’artillerie

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Porte blindée

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Prochaine ouverture du fort Ducrot


Dimanche 4 octobre 2015 de 10h à 18h.

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Nouveau site de l’association du fort Ducrot


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Sur Facebook :

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A bientôt

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Message par Chiffreur Lun 28 Sep 2015 - 10:22

Bonjour Richard,
Je suis désolé et je m'excuse pour ma longue absence, mais je ne manque pas d'occupations.....
Etant un des principaux photographes des Amis du Fort Ducrot, j'ai environ 12000 photos faites depuis 2010. Il est bien sûr difficile de choisir..... Par contre, j'ai pas mal d'albums en ligne et si tu me fais parvenir ton adresse mail je me ferai un plaisir de t'y inviter et si tu vois des photos qui peuvent intéresser nos amis tu pourras les prendre et les mettre sur ce beau forum.
Bien amicalement

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Message par MJR Sam 25 Mar 2017 - 22:57

Fort Werder – Fort Uhrich à Illkirch-Graffenstaden (2)


Photographies MJR juin 2011


Le Cercle d’Etudes et de Sauvegarde des Fortifications de Strasbourg (CESFS) a réalisé des recherches sur le site pour retrouver les traces des réseaux de fils surmontés de fil de fer barbelé qui entouraient l’ouvrage. L’association de tir à l’arc qui gérait le site nous avait permis de procéder à ces travaux. Ultérieurement, cette association a dû quitter le fort et la municipalité d’Illkirch-Graffenstaden a transformé le site en parc public et a sécurisé l’accès au fort en condamnant tous les accès. Le CESFS a réalisé les panneaux destinés à informer le public sur l’histoires et des différentes parties de l’ouvrage. Avec les photographies prises en 2011, vous donnerons un aperçu de l’état de l’ouvrage avant la réalisation de ce parc public. C’est surtout l’intérieur du fort qui est fortement dégradé suite à l’incendie des stocks de carburant de l’armée allemande dans la nuit du 23 au 24 novembre 1944.


Entrée de la poterne principale du fort


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Flanquement de la poterne d’entrée


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Aile gauche de la gorge abritant initialement les latrines.

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Sur le site on trouve encore une plateforme pour canon français de 60 de marine. En effet vers 1935-40, ce type de canon a été installé pour renforcé la défense antichar.

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Vues intérieures du fort.


Poterne sous traverse en capitale


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Détail de la porte d’entrée

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Chambre de tir du coffre de défense droit de l’entrée de la poterne



Système de ventilation de la chambre de tir

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Latrines de l’aile droite de la gorge


Initialement ces latrines étaient munies d’un côté de 4 blocs de 5 cuvettes, et de l’autre d’un mur urinoir.

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Les lucarnes des toilettes munies de leur volets blindés.

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Au fond des latrines on peut apercevoir des équipements dont je n’ai jamais trouvé l’utilité. Si quelqu’un à une idée, se serait bien de la partager…..

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Les locaux de la caserne du front sont pour la plupart enduits de suie suite au gigantesque incendie des réserves de carburant de l’armée allemande. L’accès à l’intérieur de l’ouvrage est interdit. En effet sous l’action de la chaleur, certaines pièces du niveau supérieur risquent de s’effondrer sous vos pieds. L’équipe du CESFS connaissait les zones les plus dangereuses et prenait toutes les précautions et les itinéraires les plus sûrs pour se déplacer dans ces locaux.

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Dispositif permettant de monter les vivres dans la pièce située au-dessus de la poterne principale.

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Poterne principale


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Au bout de la poterne principale on trouve un petit magasin à poudre de travail « Verbrauchpulver-Magazin ».

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Cette petite poudrière est entourée d’un couloir d’aération

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La structure maçonnée en brique à fondue sous l’effet de la chaleur de l’incendie

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Reste de l’ancienne cuisine de l’aile droite qui comportait initialement 4 cuves avec un foyer central

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L’ouvrage comporte deux puits, un dans chaque aile du second couloir transversal.

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La boulangerie avec les restes d’un ancien four à pain, un modèle identique à celui qui équipait l’ouvrage J16 construit à partir de 1914 au fort de Mutzig (Feste Kaiser Wilhelm II).

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Restes de la cuisine modernisée qui comportait initialement trois cuves autoclaves

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Dans diverses pièces de l’ouvrage on trouve encore ces dispositifs destinés à permettre l’ouverture des lourds volets blindés qui équipaient la partie supérieure des fenêtres. En cas de siège, la partie inférieure des fenêtres du niveau supérieur était obturée avec des sacs à terre et une plaque blindée.

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A bientôt pour la suite

Cordialement

MJR

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Message par MJR Mer 29 Mar 2017 - 8:40



Strasbourg : Fort Werder – Fort Uhrich à Illkirch-Graffenstaden (3)



Extérieur de l’ouvrage



Caponnière d’épaule gauche.



Cette caponnière couvrait le fossé plein d’eau du flanc gauche. C’est devant cette caponnière que nous avons recherchés les traces des poteaux supportant les réseaux de fil à l’aide d’un appareil de détection.

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André Brauch et Franck Burckel à la recherche des traces des poteaux du réseau de fils

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Détail des meurtrières de la caponnière d’épaule gauche

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Saillant du front de tête



Au niveau du saillant et sur une partie des faces la terre qui couvrait les maçonneries a été retirée. Cette situation nous permet d’apercevoir les détails de la maçonnerie et des renforcements en béton réalisés à partir de 1887.

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Sur ces deux clichés on aperçoit la couche de béton surmontant le matelas de sable.

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Caponnière de tête


Cette caponnière couvre le fossé plein d’eau des deux faces du front. La végétation étant très dense, on aperçoit qu’une partie de la caponnière.

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Caponnière d’épaule droite


Cette caponnière couvrait de ses feux le fossé plein d’eau du flanc droit

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A la recherche des dernières traces du réseau de fils



Il s’avère que les réseaux de fils surmontés de barbelé s’étendaient du bord du fossé jusqu’à mi-hauteur du talus des faces droite et gauche et des flancs. L’espacement des poteaux était conforme aux règlements allemands en vigueurs. Sur les parties planes comme la berme qui passe entre le fossé et le bord du rempart des faces et des flancs, on utilisaient les poteaux métalliques et sur les pentes des poteaux en bois aujourd’hui disparus.

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Détail d’une fixation pour les poteaux en bois

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Façade de la caserne du front droit


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A bientôt pour la suite

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Message par MJR Mar 1 Aoû 2017 - 21:39

Bonjour,

voici un reportage de FR3 Alsace sur la piste des forts.

Diffusé le 10 juillet 2017 dans le cadre de l'émission en Alsacien "Rund-Um".

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Une partie du reportage a été réalisé au Fort Rapp à Reichstett.

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Message par MJR Sam 12 Aoû 2017 - 2:51


Considérations générales sur les nouvelles fortifications d’Alsace-Lorraine, sur l’armement des places et les fortifications de Strasbourg-Mutzig.



Il est intéressant de voir l’opinion française concernant les fortifications de Neuf-Brisach en 1907.


Source : Culmann, F. capitaine breveté, commandant la 9e batterie à cheval du 12e régiment d’artillerie : Chose d’Allemagne ; Henri Charles-Lavauzelle, Paris ; vers 1907.



Texte intégral




IIe partie.



Les nouvelles fortifications d’Alsace-Lorraine.


« Seules ont leur raison d’être les fortifications qu’on prévoit avec certitude devoir servir aux opérations de guerre ». (Général von Bernhardi).


Les Nouvelles fortifications d’Alsace-Lorraine et leur rôle stratégique.



Chapitre premier.



Généralités.


Pendant les vingt années qui suivirent la guerre de 1870 le système défensif de l’Alsace-Lorraine ne fut que peu modifié. Strasbourg seul fut organisée de toutes pièces et transformée en une vaste tête de pont sur le Rhin par la construction d’une ceinture de forts détachés ; à Metz on se borna à compléter et à améliorer les anciens ouvrages ; les vieilles places de Thionville, Bitche et Neuf-Brisach furent conservées, mais sans recevoir de perfectionnements notables.

Les auteurs allemands se montraient très fiers de cette parcimonie où ils voyaient la marque d’une saine doctrine de guerre basée tout entière sur l’offensive, et aussi la manifestation de ce sentiment profond de sécurité qu’inspire la confiance en la force et en la valeur nationale. Von der Goltz écrivait vers 1883 : « L’extension des dispositifs de fortification correspond à un sentiment de faiblesse. Un peuple dans lequel vit l’esprit offensif en usera modérément. Celui qui cherche son salut derrière des retranchements et des fossés n’a pas la conscience de sa force ; » et von Blume, en 1886 : « Il est plus commode de se protéger par des murailles que de s’efforcer, par un rude labeur, de conserver l’esprit net et le corps alerte qui permettent un usage habile de l’épée. Une tendance exagérée à l’emploi de la fortification dérive d’un sentiment inconscient de faiblesse morale, les forteresses ne peuvent servir que dans une guerre contre un ennemi supérieur. »

Ce n’est là que des boutades de vainqueurs ; le discrédit de la fortification permanente avait d’autres causes.

La guerre de 1870 –la seule dont on voulait bien se souvenir- avait permis de constater l’attraction tout à la fois fatale et funeste exercée sur le commandement français par les places de Metz, Sedan, Paris et Belfort.

D’autre part, la guerre russo-turque de 1877 avait démontré l’extraordinaire force de résistance des places improvisées construites au dernier moment, là où les opérations en avaient prouvé la nécessité. A Plewna, en effet, qui fut organisée au cours de la campagne et perfectionnée pendant le siège même, Osman-Pacha tint bon pendant plusieurs mois avec un maximum de 35 000 hommes et 70 bouches à feu contre Skobeleff dont les forces s’élevaient finalement à 100 000 hommes et 444 pièces.

Enfin l’introduction, vers 1886, de projectiles à grande capacité remplis de nouveaux explosifs très puissants avait donné pendant un certain temps au canon une supériorité marquée sur la cuirasse.

C’est à ce moment que fleurirent en Allemagne les théories de Schubert et de von Sauer (Théories reprises il y a quelques mois dans le Temps par M. le général Langlois et réfutées par M. le colonel de Mondésir, professeur à l’Ecole supérieure de guerre, dans son ouvrage : Comment doit-on défendre un fort d’arrêt ?), d’après lesquelles toute place pouvait être réduite en quelques jours par un corps de toutes armes, d’un effectif à peine supérieur à celui de la garnison, à condition d’être renforcé par un petit nombre de batteries de moyen calibre, telles que celles des artilleries lourdes de campagne actuelles. « Par contre, les fortifications improvisées, destinées à seconder les opérations des armées, joueront probablement à l’avenir le rôle que les anciennes fortifications sont désormais incapables de remplir. » -et qu’il était logique de déclasser. »

En 1887, le perfectionnement des tourelles transportables Schumann vint d’ailleurs assurer aux places du moment un nouvel et efficace moyen de défense.

Mais la supériorité assurée à l’attaque par les progrès de la technique fut de courte durée. Grâce aux cuirassements et aux bétonnages, la défense se trouva bientôt en état de résister dans les meilleures conditions aux projectiles modernes.

A partir de 1888 une réaction se produisit peu à peu en Allemagne. Von der Goltz traita de “beaux rêves” les théories de von Sauer, et l’Alsace-Lorraine commença à se couvrir d’un réseau de fortifications qui, par l’étendue et le nombre, est au moins aussi luxueux que le nôtre.

A Thionville, on élève trois forts, Metz est entourée d’une nouvelle ligne de défense encore en voie d’achèvement, qui triplera le périmètre de la place ; Strasbourg s’améliore ; des ouvrages sont établis à Molsheim (20 kilomètres ouest de Strasbourg) et à Istein (13 kilomètres au nord de Bâle) ; Neuf-Brisach est créé de toutes pièces.

Les sommes que l’empire consacre à son organisation défensive croissent rapidement. Dès 1893 on fait valoir que « les ressources allouées jusqu’alors ne suffisent plus pour effectuer le renforcement urgent des places fortes et pour mettre à profit dans les forteresses allemandes les récents progrès techniques réalisés dans ce domaine ». Les crédits annuels passent aussitôt de 3 à 7 millions de francs ; ils s’élèvent ensuite à 12 500 000 francs en 1899 ; enfin, à 18 750 000 francs pour la période de 1900 à 1906, et on ajoute encore à cette somme le produit de la vente des terrains et des matériaux provenant des enceintes déclassées, ce qui porte le crédit annuel à 20 ou 25 millions. Le ministre de la guerre affirme au Reichstag que ces sacrifices sont indispensables pour « perfectionner le système défensif de l’empire et l’adapter aux conditions nouvelles de la guerre moderne » (1903.

Les Allemands auraient-ils donc renoncés aux idées d’offensive à outrance que nous signalions précédemment ? Non pas ? Jamais leurs écrivains n’ont tant insisté sur la supériorité de l’attaque, et le général von Bernhardi, qui paraît être un des meilleurs représentants des tendances actuelles du grand état-major allemand, écrivait récemment encore : « L’offensive est maîtresse de tous les événements à la guerre ; elle en est le principe primordial… L’offensive directe ou indirecte fait partout la loi : elle est le premier et le dernier principe déterminant… Il faut tout mettre en œuvre pour former des hommes capables d’actions audacieuses ». S’agirait-il donc de créer de solides places de dépôt à proximité de la frontière afin d’assurer le ravitaillement plus rapide en munitions, armes, vivres, etc., des immenses armées modernes ? Point. De Moltke, dont l’enseignement est toujours vivace, écrivait en 1867 au ministre de la guerre von Roon qui proposait d’agrandir Sarrelouis : « Je ne puis pas en priser beaucoup la valeur en tant que place de dépôt. Un bon réseau ferré sur nos derrières assurera complètement notre ravitaillement mieux que si nos dépôts sont placés dans les forteresses en première ligne. Je ne puis que renouveler l’avis déjà émis par moi à ce sujet : que c’est à la construction des lignes ferrées stratégiques les plus importantes qu’il nous faut d’abord employer toutes les ressources disponibles pour la défense du pays » et encore : « Nous aurons plus de sécurité en complétant rapidement notre réseau de chemins de fer que dans tous les travaux de fortification ! » Ce principe serait-il oublié ? Non, les voies ferrées n’ont cessé de se perfectionner –et même, comme nous le verrons plus loin- les forts et les quais de débarquement se sont multipliés en même temps.

Les fortifications nouvelles ont été élevées parce que, d’après les projets du grand état-major, elles auront à jouer pendant la prochaine guerre un rôle nécessaire. « Seules ont leur raison d’être les forteresses qui, d’après les prévisions, seront certainement utiles pour la conduite des opérations » (Bernhardi : les Eléments de la guerre moderne).

« Dans un plan de campagne étudié suivant la doctrine des auteurs allemands dans ses moindres détails, non seulement quant à sa préparation, mais jusque dans son exécution, plan dont on se flatte d’imposer la loi à l’adversaire “en dépit de tous les projets qu’il aura pu former”, le rôle des fortifications peut être prévu, disons préconçu, comme la manœuvre elle-même dont elles constituent la préparation de plus en plus complète, en même temps qu’un élément essentiel » (conclusion d’un très remarquable article publiée dans la Revue militaire des Armées étrangères de décembre 1906 sous le titre de « Rôle des forteresses dans la guerre moderne »).


Chapitre II.



Armement des places.



Extrait de l’ouvrage de Berlin : Handbuch der Waffenlehre, Mittler und Sohn et de règlements intitulés Sondervorschriften für die Fuss-Artillerie.

Les principales pièces employées dans les forts, ouvrages et batteries sont les suivantes :


A). Pour la défense éloignée :



Le canon de 10 centimètres (calibre exact 10,5 cm), pièce très moderne, tirant à la vitesse initiale de 565 m, avec une portée maximum de 11 000 m : un obus allongé de 4 calibres ½ Mle 96, renfermant 2,2 kg d’explosif, et un shrapnell de 3 calibres ¾ Mle 96, renfermant 680 balles de 11,01 gr : pesant l’un et l’autre 18 kg.

Le canon lourd de 12 cm (calibre exact, 12,03), pièce déjà ancienne, tirant à la vitesse initiale de 406 m environ : un obus de 2 calibres ¾ Mle 88, pesant 16,5 kg, et renfermant 0,74 kg d’explosif, et un shrapnell de 2 calibres ¾ Mle 80/92 pesant 20,2 kg, renferment 592 balles de 13 grammes, à des portées maxima respectivement égales à 7 200 m et à 6 750 m.

Le canon long de 15 cm (calibre exact, 14,97), tirant à des vitesses initiales très voisines de 500 M/ un obus de 3,5 calibres modèle 88, pesant 42,3 kg, et renfermant (1 kg d’explosif, et un shrapnell modèle 92 pesant 41,2 kg, renfermant 1 320 balles de 11,01 gr à des portées maxima respectivement égales à 8 200 m et à 10 000 m.

L’obusier lourd de 15 centimètres (calibre exact, 14,97), tirant à des vitesses initiales variant de 190 à 325 m environ, un obus allongé de 4 calibres modèle 96, pesant 39,5 kg, renfermant 7,3 kg d’explosif. La portée maximum de cette bouche à feu, très moderne, est de 7 000 mètres.

Le mortier en acier de 21 centimètres (calibre exact 20,93), tirant un obus allongé de 4 calibres modèle 96, pesant 120 kg et renfermant 18 kg d’explosif, à la portée maxima de 8 000 m.

(On rencontre, en outre, un grand nombre de pièces de modèles plus anciens : canons longs, courts ; mortiers longs, tous du calibre de 15 centimètres ; mortiers en bronze de 21 centimètres, et, enfin, dans quelques grandes places, un petit nombre de très puissantes bouches à feu provenant de l’armement des côtes).

B) Pour la défense rapprochée :


Le canon-révolver de 37 mm, analogue au nôtre, comprenant 5 tubes d’acier, sert à l’armement des caponnières. Son principal projectile est une boîte à mitraille pesant 0,7 kg, dont la portée efficace est de 300 m ; au-delà, on se sert d’un petit obus de 0 ,46 kg, dont la portée extrême est de 3 000 m. La vitesse initiale est de 400 m. On peut tirer 40 coups à la minute.

Le canon à tir rapide de 57 mm, destiné surtout au renforcement des ouvrages d’infanterie tire jusqu’à 400 m une boîte à mitraille de 2,850 kg, et au-delà, jusqu’à 3 000 m, un obus de 1,670. La vitesse initiale est de 457 mètres. On peut tirer 25 coups par minute si on ne change pas de direction, 15 dans le cas contraire. Ces pièces sont employées souvent sous tourelles transportables, ou sous tourelles à éclipse aux saillants des remparts.

(On trouve, en outre, pour la défense rapprochée, d’anciens canons de campagne du calibre 88, Mles 1873 et 1888.)


Chapitre III.



La fortification en Alsace.



A) Groupe de Strasbourg-Molsheim.



La ville de Strasbourg (150 000 habitants), placée au point de rencontre d’un grand nombre de voies de communications routières, ferrées et fluviales ; siège du commandement du XVe corps d’armée et d’importants établissements militaires, notamment d’un arsenal auquel sont annexés des ateliers de construction et de réparation, est entourée d’une enceinte postérieure à 1870 en toutes ses parties, et d’une ligne de forts détachés, organisée en 1872.

L’enceinte a été récemment démolie sur le front sud, entre l’Ill et le Metzger-Thor. Elle est remplacée par l’obstacle que constitue la nouvelle voie ferrée en remblai allant à Kehl et englobant la localité de Neudorf. Quatre petits ouvrages de flanquement la précèdent, entourés chacun d’un fossé plein d’eau. Les deux extrêmes, à l’est et à l’ouest, étaient achevés en 1904 ; les deux centraux ne sont pas encore complètement terminés.

Du Metzger-Thor l’enceinte longe ensuite le petit Rhin du sud-ouest vers le nord-est, jusqu’au canal de la Marne au Rhin ; puis ce canal jusqu’à l’Ill et aboutit enfin, en contournant la nouvelle gare centrale, à l’entrée de cette rivière dans la ville.

La ligne de défense extérieure, dont la distance à la place varie de cinq à huit kilomètres, comprend quatorze forts et cinq ouvrages intermédiaires.

Les forts de la rive droite, entourés de fossés pleins d’eau, sont au nombre de trois : Kirchbach, Bose, Blumenthal (numérotés 11, 12, 13).

Les forts de la rive gauche, dont quelques-uns à fossés secs, sont plus importants et moins espacés les uns des autres que les précédents. Ils portent les noms de : Fransecky, Moltke, Roon, Podbielski, Prince-Royal, Grand-Duc-de-Bade, Bismarck, Prince-Royal-de-Saxe, Von-Der-Tann, Werder et Schwarzhoff (numérotés de 1 à 10 et 3 bis).

La grosse artillerie est en majeure partie dans les forts et batteries annexes, dont ceux-ci sont parfois munis. Les emplacements des pièces, séparés par des traverses, sont à ciel ouvert. On en compte vingt à trente par forts alsaciens, une quinzaine seulement dans les forts badois.

Le périmètre total de la place est d’environ quarante-cinq kilomètres.

La ligne de défense peut être protégée par une inondation dans les secteurs compris entre le Rhin inférieur et le chemin de fer de Wissembourg, et entre le chemin de fer de Bâle et le Rhin supérieur.

A l’ouest, où les attaques sont le plus à redouter, l’organisation est particulièrement solide. C’est de ce côté-là qu’on a construit les ouvrages intermédiaires mentionnés plus haut, réduisant ainsi les intervalles à 2 000 ou 2 500 mètres au plus ; -c’est là aussi qu’on a le plus complètement préparer la défense.

Entre les forts Moltke (n°2) et Bismarck (n°6), on a établi de nombreuses batteries intermédiaires, demi-enterrées, avec traverses pleines ne dépassant pas la crête, pouvant recevoir chacune 12 à 16 bouches à feu. Ces batteries ne sont pas armées en temps de paix et, vraisemblablement, ne le seront pas toutes à la mobilisation. On a voulu seulement se réserver la possibilité de concentrations d’artillerie là où les circonstances en auraient montré la nécessité.

Sur le même front on a construit :
Dans le but d’abriter le personnel des batteries, un certain nombre de casemates complètement enterrées, sauf du côté de la ville où elles sont fermées par un mur de façade ;
A 200 ou 300 mètres en arrière de la ligne d’artillerie, des magasins à munitions desservant chacun 3 ou 4 batteries auxquelles elles sont reliées par une voie ferrée étroite ;
Enfin, des abris à l’épreuve pour l’infanterie, en avant de la ligne comprise entre les forts Moltke (n°2) et Schwarzhoff (n°10) (Cours de l’Ecole d’application de l’artillerie et du génie de Fontainebleau).

Ouvrages de Molsheim. –Le groupe de Molsheim construit sur un plateau au nord de la Bruche, entre Dangolsheim et Mutzig, dans un quadrilatère de 5 kilomètres de côté environ, comprend : des forts renfermant les bouches à feu de gros calibre sous coupole et les canons pour le flanquement des intervalles- des batteries établies à la demande de l’objectif à battre et du terrain, destinées à compléter l’action lointaine des forts –des abris à l’épreuve pour les hommes et les munitions –des casernes, magasins, etc., enfin des tranchés d’infanterie pour la défense rapprochée de l’ensemble.

Ces divers ouvrages sont entourés de réseaux de fils de fer.

Remarque. – L’occupation de la position de Mutzig – Molsheim a pour but principal d’interdire à un ennemi venant de France l’usage des chemins de fer de Sélestat à Saverne et de Saales à Strasbourg, qui se réunissent à Molsheim. Des forces actives s’appuyant sur cette position, qui assureraient leur flanc et leurs derrières, auraient aussi la sur la grande voie ferrée de Paris une action certaine, qui pourrait être facilitée encore par un ouvrage vers Scharrachbergheim, depuis longtemps projeté si l’on croit les bruits qui circulent dans la région.

Les ouvrages de Mutzig sont une véritable annexe de Strasbourg. Ils en constituent une avancée susceptible de retarder considérablement le siège de la place en maîtrisant les voies ferrées indispensables à l’assaillant. Distants de 14 kilomètres seulement du fort Prince-Royal-de-Saxe (n°7), ils complètent le barrage de l’étroite plaine d’Alsace vis-à-vis d’un adversaire venant soit du sud-ouest par les routes de Sainte-Marie ou de Schirmeck, soit du sud par Belfort ou Colmar. Par là ils contribuent à assurer la protection de l’aile gauche des forces allemandes rassemblées en Lorraine contre toute tentative d’enveloppement.

Mutzig et Strasbourg, ayant ainsi des rôles en relation étroite, sont sous l’autorité d’un gouverneur militaire commun.

A bientôt pour la suite

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