TENTATIVE DE FRANCHISSEMENT D'UN CHAMP DE MINES ANTICHARS PAR UN CIVIL ALLEMAND

C'était en JUIN 1985 à INGOLSTADT en  BAVIERE dans le cadre d'un exercice des forces du Génie de l'OTAN auquel les français participaient dont le 10ème RG dont j'étais et le 2 ème RG (les seuls dont je me souviennent),c'était sur le thème mines et explosifs,où chacun des pays participants (US,RFA,CANADA,ROYAUME UNI et PAYS BAS ) formaient les autres à leurs matériels et techniques.
J'eu l'insigne honneur d'être instructeur bilingue (anglais et allemand )en déminage et mise en œuvre de la MIACAH,fameuse mine antichars à charge creuse qui se déclenche lorsque un engin rompt un fil tendu (précisions pour ceux qui ne connaitraient pas ).
Donc me voilà un beau jour,avec 11 mines ,11 Sapeurs Allemands( principalement sous off),avec comme spectateurs des généraux français et allemands et le général US commandant les forces de l'OTAN en Allemagne,imaginez la pression sur mes frêles épaules de sapeur .
Bon cependant j'avais confiance dans le matos et en mes élèves  allemands qui eux étaient appliqués bien plus que les ricains qui furent les pires et dont tous les tirs ou presque foiraient.Donc bref tout était prêt pour un tir de 11 Pélots d'exercice avec un éponge marqueuse  sur un KT ,éponge qui à une distance de 100 m était capable de cabosser un KT ,donc danger.
J'allais demander au KT de traverser le champ de tir,quand j'avise venant en sens inverse du KT ,un civil allemand un papy    bien gaillard sur son vélo ,qui allait traverser mon champ de mine,avec le risque de se prendre c'était la bonne hauteur des éponges en pleine tronche.
Je cours vers lui en hurlant que c'est dangereux " achtung minen " "gefarhlich etc  rien n'y fait je le rejoins et stop le vélo net,le pauvre a failli se casser la gueule et du coup était un peu en colère .Je lui explique pourquoi je l'arrête ,mais têtu comme une bourrique décide de repartir disant qu'il allait passer très vite pour ne pas nous déranger "imaginez la scène ?" .Donc face à cette obstination,je le dégage de son vélo que je tente d'emmener un zone sécurisée ,le vieux bavarois "c'est têtu ces bêtes là" résiste tirant son coursier sur roue dans le sens contraire en vociférant sans doute en patois ,car je n'y compris pas un traitre mot ,mais bon il ne devait pas me faire des compliments .De fil en aiguille tirant plus fort que lui ,j'ai réussi à le mettre en sécurité ,et commandé vite fait le passage du KT et hop BOUM BOUM 10 mines sont parties 10 éponges ont tapé dans le mille.
Ceci fait je l'ai invité maintenant que tout danger était écarté ,(après avoir vérifié que toutes les mines étaient inertes) à poursuivre sa promenade.Hé bien après tout ça ,il est reparti sur son vélo comme un dératé mais dans l'autre sens ,il ne m'avait pas cru au départ et il a persisté.
Imaginez cette scène burlesque devant de hautes autorités ,je me souviens que tout le monde se bidonnait y compris les généraux dont certains me remercièrent pour se bon moment.Quel souvenir !
Je reste encore à ce jour dubitatif sur la présence de ce civil,sur un terrain militaire où on tirait des explos des mines etc .Pourtant la sécurité était assurée ,puisque qu'à la fin de la semaine ,alors que des civils dans une voiture hongroises prenaient des photos de mes mines (elles plaisaient beaucoup) en à peine 5 minutes la POLIZEI ,les interpellaient ,ils étaient pourtant en dehors de la zone.
Cet épisode avec le civil fit le tour du camp ce qui me valu une bonne popularité  concrétisée comme il se doit en Bavière par quelques bonnes bières,car tous les soirs c'était OKTOBER FEST sous chapiteau.