5oème BG 3° Cie 1958 LE CHANTIER
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5oème BG 3° Cie 1958 LE CHANTIER
LE CHANTIER Mars 1958
Courant Mars 1958, la compagnie a été chargée de réaliser les terrassements pour la réalisation d’une piste pour Morane en bordure de voie ferrée à hauteur de la Station d’AZIB BEN ALI CHERIF entre Akbou et Sidi-Aich.
Le Capitaine a décidé que ce serait ma section qui serait chargée du chantier et ainsi m’a fait confiance. Nous serions seuls à assurer notre sécurité compte tenu que les unités voisines étaient éloignées de quelques Kms.
Le S /lieutenant officier adjoint de l’époque est venu avec la section pour décider et diriger les aménagements du poste et m’a aidé pour le piquetage du chantier. Et par la suite après son départ, je serais seul à prendre les décisions, avec naturellement liaisons radios avec la compagnie et le secteur.
Nous nous sommes installés dans le bâtiment de la Station de forme rectangulaire dont une extrémité était légèrement encaissée. Sur un côté de la voie ferrée, là où serait construite la piste, la vue était dégagée à perte de vue et de l’autre une oliveraie, très étendue, qui nous séparait de la route nationale sur 1 Km environ et des premiers contreforts d’une zone contrôlée épisodiquement par les unités du secteur.
Il y avait, en bordure de la nationale, deux grosses fermes mais gérées par du personnel algérien de souche qu’on ne voyait jamais.
Le S/lieutenant avait conçu un poste en triangle, avec côté oliveraie un blockhaus d’angle semi enterré pour la Mit. 12,7 et pour les deux autres extrémités des emplacements d’armes construits en pierres et mortiers de terre. Par la suite je renforcerais et à hauteur d’homme, de la même façon le chemin de ronde. J’avais l’armement de la section, ni plus ni moins, à savoir 2 mitrailleuses : 12,7 et 30 et le Fusil Mitrailleur 24/29. Sur une face du bâtiment existait un terreplein dégagé qui allait servir de parking pour le matériel (gênant la vue à mon grand regret mais pas moyen de faire autrement). Cet espace sera entouré de concertina
Sur la voie ferrée à quelques mètres, passait chaque jour le train de chantier du 19° Génie. En fait c’était la compagnie de chemin de fer du 19° RG (19/8 crée qui deviendra la III/1. Voir [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Voyant nos travaux et me reconnaissant mes ex camarades, eux bien originaire du 5° génie, nous déchargeaient à volonté traverses et rails de chemin de fer pour construire nos défenses. Par la suite mais bien plus tard j’aurais amicalement l’aide, quelques heures, de l’équipe Topo de cette compagnie pour remettre en état le piquetage du chantier.
Les engins du bataillons sont arrivés soit 2 Hd15, dont un avec treuil, 1 scraper, un profileur Richier. Je gardais le G M C Cargo de la section qui était blindé et avait un affut pour la mitrailleuse de 30 et un de mes G M C Benne plus une citerne à eau. Je n’ai pas de souvenir de matériel de compactage. De toutes façon il n’y avait ni les moyens de chargement, ni les moyens de transport pour amener et compacter du tout-venant pour rendre la piste utilisable tous temps. Ce sera fait bien plus tard par un élément du génie de l’air. Quand même en fin de mon chantier un Morane viendra et atterrira sans problème. Les terrassements ne présentaient pas de difficultés particulières, j’avais de bons conducteurs d’engins, surtout le conducteur du profileur.
Mais ce qui était nouveaux pour moi était la gestion complète de la vie du détachement et de sa sécurité. J’ai toujours eu un sergent adjoint pour me seconder. Je n’ai plus en tête l’effectif mais ce devait être entre 15 et 20, sapeurs et caporaux dont les conducteurs d’engins. Un sapeur désigné cuisinier et un radio restaient en permanence dans la station. Dans ce bâtiment qui comprenait une grande salle qui servait de dortoir et 3 autres petites pièces pour la cuisine, le local radio et le local « chambre, P. C. » pour mon adjoint et moi-même, toutes les pièces communiquaient. Ce qui fait que je pouvais voir passer la nuit toutes les relèves de gardes. Le réfectoire consistait à une grande table sous un appentis en face de la cuisine.
Les vivres et le courrier étaient amenés chaque semaine par la liaison de la compagnie qui amenait également soit le capitaine, soit l’officier adjoint pour faire le point du chantier. Pour ce qui était des menus ils étaient fixés d’avance par l’ordinaire de la compagnie qui attribuait les vivres en conséquence. Comme tous les ordinaires des unités celui de la compagnie était critiqué par les rationnaires. J’ai pris l’initiative de modifier les menus, en demandant au sapeur cuisinier de ne pas faire de sauces ou ragouts, toute les viandes devaient être rôties, même coriaces, et les menus conserves <cassoulet, tripes>étaient servis ensembles, en ajustant les quantités. Chacun prenait ce qu’il préférait et la contrainte <conserve> passait mieux. Au cours d’une visite hebdomadaire le Capitaine m’a signalé que les sapeurs de la section de commandement, venus, en liaison appréciaient mieux l’ordinaire de la section que celui du P C. Il a fallu que je me justifie en jurant que je me contentais de ce que l’on m’attribuait. Naturellement ce n’était pas un reproche.
En ce qui concerne notre sécurité de jour et de nuit elle était à notre charge. Sentinelle en permanence dans le blockhaus coté oliveraie, sonnette de jour à quelques centaines de mètres dans l’oliveraie, la nuit matériels et personnels étaient repliés à la station. Mon problème était le ravitaillement en eau. En bordure de la route nationale à hauteur de la station, il y avait une fontaine où on pouvait remplir une citerne 1000 L en eau potable. Elle était distante d’environ 1 Km mais ne pouvait être vue de la station, les oliviers gênant la vue. Donc une fois par semaine je laissais une équipe et mon adjoint au chantier (contigu au poste) et je partais avec le reste de la section, le G M C cargo équipé de la mitrailleuse de 30, servie par une petite équipe, qui se mettait en station sur le bord de route et un G M C qui tractait la citerne que le conducteur allait remplir à la fontaine. Avec le reste de l’effectif, articulé en une équipe et une pièce servant le F M, je gagnais la hauteur qui surplombait la fontaine de quelques mètres afin de couvrir cet accès qui était buissonneux. A noter que le secteur n’était pas <pacifié>, que des véhicules civiles avaient été attaqués en plein jour dans les environs sur cette nationale. En cas d’accrochage on aurait été secourus par les Bigors d’Akbou mais pas en moins d’une demi-heure. Ce ravitaillement en eau était un souci. Naturellement je prenais mes précautions, jamais la même heure, jamais le même jour. Pas loin du poste, dans l’oliveraie, j’avais repéré une résurgence qui, après un coup de bull, a donné une petite réserve d’eau claire où l’on a pu remplir une autre citerne d’eau non potable pour toilettes et lavages. Cela a permis d’espacer un peu plus le recours à la fontaine.
Nous avons été harcelés de nuit deux fois par tirs d’armes individuelles, la deuxième fois, plus sérieusement. Les unités du secteur coté Akbou, étaient des Bigors. Ils avaient un (ou deux) canon de 105 très vieux parait-il qui ne tirait presque jamais. Au 2° harcèlement, leur veille à coup de feu, prend contact avec nous par radio et me propose un tir, tout en insistant, et en me demandant un objectif. A vrai dire je n’étais pas très chaud car le harcèlement ne semblait pas sérieux. En A F N on travaillait sur la carte avec les coordonnés <chasse> qui délimitait un carré de 50x50 m. J’ai pris ma carte et j’ai calculé et leurs ai donné les coordonnés Lambert d’un point dans l’oliveraie d’où venaient les tirs, cela me semblait plus précis que l’autre méthode. Deux ou trois tirs sont arrivés et c’était très impressionnant. Le harcèlement était terminé, les artilleurs avaient pu se servir de leur canon, tout le monde était content. Le lendemain le chantier a repris ses habitudes après inspection de l’oliveraie.
Dernièrement dans mes archives personnelles j’ai retrouvé le double d’un compte rendu que j’avais écrit, à cette période-là et pendant ce chantier. Le 4 Avril 1958 au matin, alors que le train quotidien n’était pas encore passé (et pour cause) la sentinelle coté rails voit arriver à pieds une personne qui était en fait un cheminot venant du train. IL nous demande de l’aide car le train était arrêté à plusieurs centaines de mètres avant la gare suite à une explosion sur la voie. Sur place j’ai pu constater que c’était un dispositif de mise à feu pour 2 obus de 105 qui avait mal fonctionné et avait légèrement endommagé la voie. Mise à feu par détonateur électrique (non retrouvé), à l’aide de deux piles placées sous une traverse, contact par pression, et une charge d’amorçage (non retrouvée), pour faire exploser 2 obus. Résultats : voie légèrement soulevée. Les obus se sont ouverts mais n’ont pas explosé pleinement. La mine était bien placée, à la sortie d’une courbe, mais finalement le trafic a pu reprendre après que l’on ait relevé les restes des obus. Les cheminots sont venus à la station le lendemain pour récupérer des rails que m’avaient laissés les camarades du 5° génie pour faire la remise en état de la voie. J’ai fait un compte rendu de relevage et d’expertise du dispositif pour la hiérarchie, compagnie et secteur, et je n’en n’ai plus entendu parler.
Pendant ce chantier, le Capitaine, lors d’une liaison avec le convoi hebdomadaire, amène pour me remplacer momentanément, l’Aspirant qui avait précédemment la section en m’indiquant que j’étais désigné comme membre d’une commission de discipline et que je devais rejoindre le P C du Bataillon à Kérrata. J’étais inquiet car je me demandais ce qui m’arrivait.
Deux jours et deux convois plus tard je me suis retrouvé au P C. Naturellement ce n’était plus l’atmosphère de mon chantier où les décisions m’incombaient en permanence. Je retrouvais des collègues et ….je dormais mieux la nuit.
La commission de discipline avait été mise sur pied afin de donner un avis à la suite d’une demande de cassation envers un S/Officier qui avait fait acte d’indiscipline envers son chef de Section. La section d’une compagnie de combat du bataillon entrait d’un chantier dur et isolé et arrosait cela tard et bruyamment au foyer avec le S/Chef adjoint à la section. Le Capitaine de cette Cie qui venait d’être affecté ordonne au S/lieutenant chef de section d’aller faire cesser le tapage et de renvoyer tout le monde aux chambrées. Refus d’obtempérer du Sergent-Chef. Le lendemain le capitaine convoque le S/officier qu’il ne connaissait pas et envoie au chef de bataillon une demande de cassation. Le Chef de Bataillon qui venait également d’arriver fait suivre. Par la suite il nous dira regretter d’avoir fait suivre si vite et d’avoir fait totalement confiance au Cdt d’unité. Le Général demande l’avis d’une commission de discipline qui sera présidée par un officier d’état-major, Chef de bataillon du Génie, parachutiste et célèbre pour sa rigueur. Et je me retrouve dans cette commission en tant que S/officier de grade égal. Il y avait également des officiers du bataillon. Exposé des faits et écoute du S /officier et de son S/lieutenant par la commission. Je connaissais le S/C car nous étions arrivés ensembles au Bataillon. Il était plus âgé que moi, avait fait un séjour en Indochine et donnait une impression de sérieux et je pense qu’il l’était. Il avait fait une faute mais la sanction demandée paraissait démesurée. Le S/lieutenant était un appelée à qui, c’est lui qui me le rappellera, j’avais fait l’instruction de base, alors que j’étais en compagnie d’instruction au 5° Génie et que j’avais eu la charge d’une section de futur candidats E O R (avant concours).
Des faits antérieurs concernant l’attitude du S/LT en bivouac de chantier pouvant expliquer le manque d’autorité envers le Sgt Chef, ont été évoqués par un membre de la commission, mais le Président n’a pas voulu en tenir compte : hors dossier. Ensuite il a fallu passer aux votes sur les questions posées. Cassation, rétrogradation au grade de caporal, caporal/chef, sergent. Finalement le camarade a été rétrogradé sergent, a été muté dans un autre Bataillon, avec, nous a dit le Commandant une lettre d’accompagnement.
Deux convois plus tard j’ai retrouvé ma section et mon chantier. L’aspirant qui m’avait remplacé avait fait faire un exercice de tir sur des bouteilles dans les barbelés et il me manquait des munitions que j’ai dû faire réapprovisionner par le Sgt/ fourrier après moult justifications. Et les travaux ont repris leurs cours.
Quand la piste a été terminée un Morane est venu atterrir pour faire son compte rendu technique.
Des moyens de la compagnie sont venus en renfort et on a replié le chantier après avoir détruit nos fortifications et débarrassé la station des ajouts.
Ensuite ma section est devenue section de réserve pour l’accompagnement des convois et pour les interventions opérationnelles comme décrit précédemment.
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Le Capitaine a décidé que ce serait ma section qui serait chargée du chantier et ainsi m’a fait confiance. Nous serions seuls à assurer notre sécurité compte tenu que les unités voisines étaient éloignées de quelques Kms.
Le S /lieutenant officier adjoint de l’époque est venu avec la section pour décider et diriger les aménagements du poste et m’a aidé pour le piquetage du chantier. Et par la suite après son départ, je serais seul à prendre les décisions, avec naturellement liaisons radios avec la compagnie et le secteur.
Nous nous sommes installés dans le bâtiment de la Station de forme rectangulaire dont une extrémité était légèrement encaissée. Sur un côté de la voie ferrée, là où serait construite la piste, la vue était dégagée à perte de vue et de l’autre une oliveraie, très étendue, qui nous séparait de la route nationale sur 1 Km environ et des premiers contreforts d’une zone contrôlée épisodiquement par les unités du secteur.
Il y avait, en bordure de la nationale, deux grosses fermes mais gérées par du personnel algérien de souche qu’on ne voyait jamais.
Le S/lieutenant avait conçu un poste en triangle, avec côté oliveraie un blockhaus d’angle semi enterré pour la Mit. 12,7 et pour les deux autres extrémités des emplacements d’armes construits en pierres et mortiers de terre. Par la suite je renforcerais et à hauteur d’homme, de la même façon le chemin de ronde. J’avais l’armement de la section, ni plus ni moins, à savoir 2 mitrailleuses : 12,7 et 30 et le Fusil Mitrailleur 24/29. Sur une face du bâtiment existait un terreplein dégagé qui allait servir de parking pour le matériel (gênant la vue à mon grand regret mais pas moyen de faire autrement). Cet espace sera entouré de concertina
Sur la voie ferrée à quelques mètres, passait chaque jour le train de chantier du 19° Génie. En fait c’était la compagnie de chemin de fer du 19° RG (19/8 crée qui deviendra la III/1. Voir [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Voyant nos travaux et me reconnaissant mes ex camarades, eux bien originaire du 5° génie, nous déchargeaient à volonté traverses et rails de chemin de fer pour construire nos défenses. Par la suite mais bien plus tard j’aurais amicalement l’aide, quelques heures, de l’équipe Topo de cette compagnie pour remettre en état le piquetage du chantier.
Les engins du bataillons sont arrivés soit 2 Hd15, dont un avec treuil, 1 scraper, un profileur Richier. Je gardais le G M C Cargo de la section qui était blindé et avait un affut pour la mitrailleuse de 30 et un de mes G M C Benne plus une citerne à eau. Je n’ai pas de souvenir de matériel de compactage. De toutes façon il n’y avait ni les moyens de chargement, ni les moyens de transport pour amener et compacter du tout-venant pour rendre la piste utilisable tous temps. Ce sera fait bien plus tard par un élément du génie de l’air. Quand même en fin de mon chantier un Morane viendra et atterrira sans problème. Les terrassements ne présentaient pas de difficultés particulières, j’avais de bons conducteurs d’engins, surtout le conducteur du profileur.
Mais ce qui était nouveaux pour moi était la gestion complète de la vie du détachement et de sa sécurité. J’ai toujours eu un sergent adjoint pour me seconder. Je n’ai plus en tête l’effectif mais ce devait être entre 15 et 20, sapeurs et caporaux dont les conducteurs d’engins. Un sapeur désigné cuisinier et un radio restaient en permanence dans la station. Dans ce bâtiment qui comprenait une grande salle qui servait de dortoir et 3 autres petites pièces pour la cuisine, le local radio et le local « chambre, P. C. » pour mon adjoint et moi-même, toutes les pièces communiquaient. Ce qui fait que je pouvais voir passer la nuit toutes les relèves de gardes. Le réfectoire consistait à une grande table sous un appentis en face de la cuisine.
Les vivres et le courrier étaient amenés chaque semaine par la liaison de la compagnie qui amenait également soit le capitaine, soit l’officier adjoint pour faire le point du chantier. Pour ce qui était des menus ils étaient fixés d’avance par l’ordinaire de la compagnie qui attribuait les vivres en conséquence. Comme tous les ordinaires des unités celui de la compagnie était critiqué par les rationnaires. J’ai pris l’initiative de modifier les menus, en demandant au sapeur cuisinier de ne pas faire de sauces ou ragouts, toute les viandes devaient être rôties, même coriaces, et les menus conserves <cassoulet, tripes>étaient servis ensembles, en ajustant les quantités. Chacun prenait ce qu’il préférait et la contrainte <conserve> passait mieux. Au cours d’une visite hebdomadaire le Capitaine m’a signalé que les sapeurs de la section de commandement, venus, en liaison appréciaient mieux l’ordinaire de la section que celui du P C. Il a fallu que je me justifie en jurant que je me contentais de ce que l’on m’attribuait. Naturellement ce n’était pas un reproche.
En ce qui concerne notre sécurité de jour et de nuit elle était à notre charge. Sentinelle en permanence dans le blockhaus coté oliveraie, sonnette de jour à quelques centaines de mètres dans l’oliveraie, la nuit matériels et personnels étaient repliés à la station. Mon problème était le ravitaillement en eau. En bordure de la route nationale à hauteur de la station, il y avait une fontaine où on pouvait remplir une citerne 1000 L en eau potable. Elle était distante d’environ 1 Km mais ne pouvait être vue de la station, les oliviers gênant la vue. Donc une fois par semaine je laissais une équipe et mon adjoint au chantier (contigu au poste) et je partais avec le reste de la section, le G M C cargo équipé de la mitrailleuse de 30, servie par une petite équipe, qui se mettait en station sur le bord de route et un G M C qui tractait la citerne que le conducteur allait remplir à la fontaine. Avec le reste de l’effectif, articulé en une équipe et une pièce servant le F M, je gagnais la hauteur qui surplombait la fontaine de quelques mètres afin de couvrir cet accès qui était buissonneux. A noter que le secteur n’était pas <pacifié>, que des véhicules civiles avaient été attaqués en plein jour dans les environs sur cette nationale. En cas d’accrochage on aurait été secourus par les Bigors d’Akbou mais pas en moins d’une demi-heure. Ce ravitaillement en eau était un souci. Naturellement je prenais mes précautions, jamais la même heure, jamais le même jour. Pas loin du poste, dans l’oliveraie, j’avais repéré une résurgence qui, après un coup de bull, a donné une petite réserve d’eau claire où l’on a pu remplir une autre citerne d’eau non potable pour toilettes et lavages. Cela a permis d’espacer un peu plus le recours à la fontaine.
Nous avons été harcelés de nuit deux fois par tirs d’armes individuelles, la deuxième fois, plus sérieusement. Les unités du secteur coté Akbou, étaient des Bigors. Ils avaient un (ou deux) canon de 105 très vieux parait-il qui ne tirait presque jamais. Au 2° harcèlement, leur veille à coup de feu, prend contact avec nous par radio et me propose un tir, tout en insistant, et en me demandant un objectif. A vrai dire je n’étais pas très chaud car le harcèlement ne semblait pas sérieux. En A F N on travaillait sur la carte avec les coordonnés <chasse> qui délimitait un carré de 50x50 m. J’ai pris ma carte et j’ai calculé et leurs ai donné les coordonnés Lambert d’un point dans l’oliveraie d’où venaient les tirs, cela me semblait plus précis que l’autre méthode. Deux ou trois tirs sont arrivés et c’était très impressionnant. Le harcèlement était terminé, les artilleurs avaient pu se servir de leur canon, tout le monde était content. Le lendemain le chantier a repris ses habitudes après inspection de l’oliveraie.
Dernièrement dans mes archives personnelles j’ai retrouvé le double d’un compte rendu que j’avais écrit, à cette période-là et pendant ce chantier. Le 4 Avril 1958 au matin, alors que le train quotidien n’était pas encore passé (et pour cause) la sentinelle coté rails voit arriver à pieds une personne qui était en fait un cheminot venant du train. IL nous demande de l’aide car le train était arrêté à plusieurs centaines de mètres avant la gare suite à une explosion sur la voie. Sur place j’ai pu constater que c’était un dispositif de mise à feu pour 2 obus de 105 qui avait mal fonctionné et avait légèrement endommagé la voie. Mise à feu par détonateur électrique (non retrouvé), à l’aide de deux piles placées sous une traverse, contact par pression, et une charge d’amorçage (non retrouvée), pour faire exploser 2 obus. Résultats : voie légèrement soulevée. Les obus se sont ouverts mais n’ont pas explosé pleinement. La mine était bien placée, à la sortie d’une courbe, mais finalement le trafic a pu reprendre après que l’on ait relevé les restes des obus. Les cheminots sont venus à la station le lendemain pour récupérer des rails que m’avaient laissés les camarades du 5° génie pour faire la remise en état de la voie. J’ai fait un compte rendu de relevage et d’expertise du dispositif pour la hiérarchie, compagnie et secteur, et je n’en n’ai plus entendu parler.
Pendant ce chantier, le Capitaine, lors d’une liaison avec le convoi hebdomadaire, amène pour me remplacer momentanément, l’Aspirant qui avait précédemment la section en m’indiquant que j’étais désigné comme membre d’une commission de discipline et que je devais rejoindre le P C du Bataillon à Kérrata. J’étais inquiet car je me demandais ce qui m’arrivait.
Deux jours et deux convois plus tard je me suis retrouvé au P C. Naturellement ce n’était plus l’atmosphère de mon chantier où les décisions m’incombaient en permanence. Je retrouvais des collègues et ….je dormais mieux la nuit.
La commission de discipline avait été mise sur pied afin de donner un avis à la suite d’une demande de cassation envers un S/Officier qui avait fait acte d’indiscipline envers son chef de Section. La section d’une compagnie de combat du bataillon entrait d’un chantier dur et isolé et arrosait cela tard et bruyamment au foyer avec le S/Chef adjoint à la section. Le Capitaine de cette Cie qui venait d’être affecté ordonne au S/lieutenant chef de section d’aller faire cesser le tapage et de renvoyer tout le monde aux chambrées. Refus d’obtempérer du Sergent-Chef. Le lendemain le capitaine convoque le S/officier qu’il ne connaissait pas et envoie au chef de bataillon une demande de cassation. Le Chef de Bataillon qui venait également d’arriver fait suivre. Par la suite il nous dira regretter d’avoir fait suivre si vite et d’avoir fait totalement confiance au Cdt d’unité. Le Général demande l’avis d’une commission de discipline qui sera présidée par un officier d’état-major, Chef de bataillon du Génie, parachutiste et célèbre pour sa rigueur. Et je me retrouve dans cette commission en tant que S/officier de grade égal. Il y avait également des officiers du bataillon. Exposé des faits et écoute du S /officier et de son S/lieutenant par la commission. Je connaissais le S/C car nous étions arrivés ensembles au Bataillon. Il était plus âgé que moi, avait fait un séjour en Indochine et donnait une impression de sérieux et je pense qu’il l’était. Il avait fait une faute mais la sanction demandée paraissait démesurée. Le S/lieutenant était un appelée à qui, c’est lui qui me le rappellera, j’avais fait l’instruction de base, alors que j’étais en compagnie d’instruction au 5° Génie et que j’avais eu la charge d’une section de futur candidats E O R (avant concours).
Des faits antérieurs concernant l’attitude du S/LT en bivouac de chantier pouvant expliquer le manque d’autorité envers le Sgt Chef, ont été évoqués par un membre de la commission, mais le Président n’a pas voulu en tenir compte : hors dossier. Ensuite il a fallu passer aux votes sur les questions posées. Cassation, rétrogradation au grade de caporal, caporal/chef, sergent. Finalement le camarade a été rétrogradé sergent, a été muté dans un autre Bataillon, avec, nous a dit le Commandant une lettre d’accompagnement.
Deux convois plus tard j’ai retrouvé ma section et mon chantier. L’aspirant qui m’avait remplacé avait fait faire un exercice de tir sur des bouteilles dans les barbelés et il me manquait des munitions que j’ai dû faire réapprovisionner par le Sgt/ fourrier après moult justifications. Et les travaux ont repris leurs cours.
Quand la piste a été terminée un Morane est venu atterrir pour faire son compte rendu technique.
Des moyens de la compagnie sont venus en renfort et on a replié le chantier après avoir détruit nos fortifications et débarrassé la station des ajouts.
Ensuite ma section est devenue section de réserve pour l’accompagnement des convois et pour les interventions opérationnelles comme décrit précédemment.
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adrien- membre
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