Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
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Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
Je me pose cette question,et je la pose en même temps à mes pairs ,car certes le Génie fut l'arme savante,l'arme du franchissement,l'arme de la sape ,une arme de bâtisseurs etc mais en fait pendant longtemps une sorte d'arme ouvrière et laborieuse,qui sut s'auréoler de Gloire ,mais ne fut pas une arme de prestige comme le fut la Cavalerie arme "noble "par exellence .
Ce constat est flagrant en 39 ,le Génie est l'arme la moins mécanisée ,la moins pourvue en cadres de valeur et d'expérience ,les meilleurs ayant été versés dans le Génie de forteresse , et en définitive fut la moins exposée et la moins glorieuse à quelques exceptions près dans le conflit 39/40 .
Le rôle du Génie reprend tout son sens en premières lignes dès le débarquement en ITALIE en 1943 ,où la nécessité d'une guerre de mouvement rapide et efficace démontre le besoin de franchir,de déminer,de tracer des itinéraires ,aussi dans les Vosges,puis lors du passage du Rhin etc La chance du Génie ne fut elle pas de se voir dotée de Bull,de pont BAYLEY etc ??
Bref d'arme d'ouvriers ,le Génie n'est il pas devenu en 1943 ,le Génie que nous connaissons aujourd'hui ??
Ce constat est flagrant en 39 ,le Génie est l'arme la moins mécanisée ,la moins pourvue en cadres de valeur et d'expérience ,les meilleurs ayant été versés dans le Génie de forteresse , et en définitive fut la moins exposée et la moins glorieuse à quelques exceptions près dans le conflit 39/40 .
Le rôle du Génie reprend tout son sens en premières lignes dès le débarquement en ITALIE en 1943 ,où la nécessité d'une guerre de mouvement rapide et efficace démontre le besoin de franchir,de déminer,de tracer des itinéraires ,aussi dans les Vosges,puis lors du passage du Rhin etc La chance du Génie ne fut elle pas de se voir dotée de Bull,de pont BAYLEY etc ??
Bref d'arme d'ouvriers ,le Génie n'est il pas devenu en 1943 ,le Génie que nous connaissons aujourd'hui ??
KRAL DOMINIQUE- membre
- Messages : 1187
Date d'inscription : 28/07/2012
Age : 63
Localisation : ESTREES ST DENIS OISE
Re: Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
Bonsoir à tous,
Bonsoir Dominique,
Que voilà s'il en fut un sujet polémique...
Des âmes chagrines, en général de petite noblesse, voire des roturiers ayant monnayé leurs seizième de quartiers de noblesse, y verront à contredire...
Il existe deux étapes majeures :
La différence primordiale entre les deux est simple :
Le premier n'entrevoit le mouvement qu'à travers l'obstacle alors que le second entrevoit le mouvement à travers l'obstacle ET l'ouverture...
Fine nuance dirons certains.
Carnot est réellement le Père fondateur de l'Arme. Connu pour être l'organisateur des armées de la Révolution, il est également celui qui a porté sur les fonds baptismaux notre Arme à travers deux décrets de la convention en 1790 et 1793.
La date exacte varie donc, suivant les parties, entre ces deux décrets. Deux mots sont à retenir :"Arme" et "Sapeurs".
Le premier décret reconnait, après l'Infanterie et la Cavalerie, l’existence en tant qu'Arme, de l'Artillerie et du Génie.
Le second décret dote l'Arme du Génie de troupes qui lui sont propres et les organise et douze bataillons.
La suite est liée aux aléas de l'Histoire. Point. Il me faudrait plus de vingts pages pour tout expliciter, ce que je ne ferais pas ici ce soir.
Si j'ai proposé Dantzig comme fête de l'Arme, ce n'est pas du hasard. En d'autres temps, un soir où j'avais les boules, j'avais écris ceci :
Lettre ouverte à mon prochain frère d'Arme,
Je ne te connais pas et pourtant, je te destine ces lignes. Tu es élève à Coëtquidan ou à St-Maixent et bientôt, il te faudra choisir une Arme. Tu crois tout savoir de l’Armée. Tu as tellement lu ou écouté ces récits de batailles dans des contrées lointaines… Face à la lande bretonne ou au Panier Fleuri, tu les imagines.
Des armes, plus que d’autres, te font rêver. Certains d’entre-nous on cédé au chant des sirènes. Adeptes de rites incantatoires obscurs, ils miment le pas lent des uns, le roulement d’épaules des autres. Parfois même, ils arborent d'étranges insignes et coiffures.
Chimères…
J'observe ces ouvrages qui ornent ta bibliothèque. La plupart relate la fin de l’empire colonial, l’Indochine, l’Algérie. Ils te racontent comment le rideau fut baissé, la fin de l’histoire en somme…
Légionnaires et marsouins, couverts de prestige et de gloire, témoignent de l'épopée. Quant à nous, nous avons tellement œuvré à leurs côtés, ils ne voient plus notre différence. Nous ne pouvons être que des leurs, ils en sont convaincus…Pourtant, nous étions là avant le lever de rideau, bien avant les trois coups…Pour le légionnaire ou le colonial, il était encore beaucoup trop tôt.
Nous n’avons pas de passé colonial, seulement un passé de combattant et de bâtisseur. Le Monde est notre terrain d’expression. Et l’histoire peut commencer à l’ouest avec La Fayette. Des officiers du Génie l’accompagnent. Ils combattent tous aux côtés de Georges Washington, se couvrent de gloire. Au-delà des combats, ils vont contribuer à construire un nouvel état, unissant déjà les peuples. Parmi eux, le Bègue du Portail, crée le corps du génie américain dont la devise est, encore aujourd'hui, "Essayons". Le général Simon Bernard fortifie et assure la défense des côtes, érige WEST POINT, fort MONROE et aménage les voies de communication de la côte Est. Le major l’Enfant, urbaniste, dessine la ville de Washington D.C. Simultanément, à l’est, le Capitaine OLIVIER, à la demande de l'Empereur GHIA LONG fortifie des villes de l'empire chinois dont HANOÏ et HUE.
Nul besoin de l’ombre d’un rempart pour nous épanouir. Pour défendre la République, les sapeurs cherchent…et trouvent. Deux d’entre-nous, COUTELLE et CONTE, grâce à leurs inventions, mettent au point le ballon captif. Le 2 juin 1794, au siège de Maubeuge, pour la première fois, le sapeur combat à terre et, malgré l'absence de parachute, combat également dans les airs. Employé à Fleurus, il sera l’élément déterminant de la victoire. Viendra ensuite la campagne d’Egypte. Les sapeurs du 1er bataillon combattent avec panache sous les pyramides comme à Saint Jean d'Acre. Le lieutenant du Génie Bouchard découvre la pierre de Rosette.
Puis vient l’Empire...
Nous sommes de toutes les batailles. Il en est une de remarquable, le siège de Dantzig. Le Génie s’y couvre de gloire. Les sapeurs, seuls, mènent l'assaut et s'emparent de la forteresse. L'Empereur atteste que nous nous sommes couverts de gloire et le Maréchal Lefebvre décide qu’il en sera désormais pour le défilé comme de la bataille, les sapeurs marcheront en tête, devant la musique. A Waterloo, nous combattons jusqu'au soir dans le carré de la Garde. Le capitaine VANEECHOUT et ses sapeurs seront les derniers à quitter ce champ de bataille qui vit sombrer la fortune de France.
Mais les trois coups se font entendre, le rideau se lève.
En ce mois de juin 1830, 1200 sapeurs du corps expéditionnaire débarquent à Sidi-Ferruch. Ils participent à la naissance de l'aventure coloniale. Le 5 juillet, ils entrent dans Alger. Ils y resteront jusqu’en 1964…134 ans de présence ininterrompue. Dès 1850, s'inscrivent dans la soie, après Anvers, Pampelune et Saragosse, Alger, Constantine, Zaatcha.
En ce milieu du XIX° siècle, lors de la guerre de Crimée, nous inscrivons dans nos soies Bomarsund, Alma, Sébastopol. La France s’engage au Mexique. La Légion vient de naître. Les légionnaires s'illustrent à Camerone, nous, au siège de Puebla.
Voilà bientôt un siècle que nous combattons aux frontières du monde connu. En cette fin de XIX° siècle, alors que les colonies sont paisibles, construites, équipées et aménagées par nos Anciens qui améliorent chaque jour les infrastructures sur tous les continents arrive, en fin, la Coloniale. Partout, après la bataille, nous avons bâti routes, ouvrages d’art, voies ferrées, ports. Des villes aussi : Port St Louis au Sénégal, Kenitra au Maroc, et même cette Sidi Bel Abbès, si chère au légionnaire. La liste n’est pas exhaustive, car nous sommes également en Chine dès 1865, en Cochinchine, au Tonkin, au Vietnam, au Laos, au Cambodge, à Madagascar en 1894, à Papeete, sur l’île Maurice…toutes ces contrées lointaines où il fait si bon pour les autres d'écrire leurs mémoires de campagne, à l'ombre de quartiers que nous avons bâtis. Nous avons assez peu de temps nous-même pour écrire. Il reste encore une église ou un hôpital à construire, et le temps nous est compté. Marsouins et légionnaires ont encore besoin de nous pour cette nouvelle campagne qui s’annonce.
Pour des raisons d’organisation, l’infanterie et l’artillerie éprouvent le besoin de différencier les régiments de recrutement auvergnat ou breton, des régiments de recrutement plus local. Ainsi vont naître l’infanterie et l’artillerie coloniale. Nous, nous n'avons pas d’état d’âme. Tout juste un instant marquerons-nous d’un ‘M’ les compagnies marocaines…Mais c'est la richesse de nos métiers qu'il convient de différencier. Car il existe le sapeur-mineur, le sapeur-conducteur, le sapeur-télégraphiste, le sapeur-colombophile, le sapeur de chemin de fer, le sapeur-aérostier, le sapeur-pontonnier… Le sapeur aviateur qui aura une vie éphémère, mais bien réelle et bientôt, le sapeur-électromécanicien.
Puis vient le premier conflit mondial. Rassure-toi, nous n’irons pas courir tous les champs de bataille ! Je choisirais deux actions. Le 19° BG est le bataillon du génie de l'Armée d'Afrique. Dans les pages de gloire du R.I.C.M (Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc), la prise du fort de Douaumont. Aie une pensée pour les sapeurs Dumont et Ygon. Ils y sont entrés les premiers, à la tête de leurs escouades, neutralisant casemates et équipages. Cela ne relève pas du hasard : un sapeur au combat marche en tête…Quant au fort de Vaux, si chacun se souvient du Commandant Raynal et de son célèbre message "C’est mon dernier pigeon…" on oublie que la bestiole s’appelait Vaillant et qu’elle fut citée pour ce fait d'arme. Dans la Sape, même les pigeons sont fichus de donner l'exemple... Nous finirons la guerre en 1919 devant Odessa et Budapest… avant de partir, dès le mois de juin de cette même année, au Liban et en Syrie…
D’une guerre à l’autre, j’oserai dire "travail normal dans l’emploi", comprendre, d’abord combattre, ensuite construire. Mais c'est une autre histoire que tu peux découvrir dans les ouvrages de ma bibliothèque.
Nous voici fin 1942, l’année charnière et bientôt, les premières défaites allemandes, entre-autre, Bir-Hakeim. Légionnaires et coloniaux adorent, ils y étaient ! Nous aussi…C’est un officier du génie, polytechnicien, qui organise et fortifie la place de Bir-Hakeim par un système bastionné, appliquant les concepts dictés par Vauban, remplaçant les remparts par des champs de mines. Si légionnaires et coloniaux en ont réchappé, c’est grâce à lui. Il était capitaine. Il s'appelait GRAVIER.
1943…j’allais dire "comme en 14"… Jadis, l'Armée d'Afrique quittait ses garnisons avec le 19e BG. Cette année-là, la 9e DIC part au combat avec le 71e BG, la 3e DIA avec le 89e BG, la 2e DMM avec le 87e BG, la 4e DMM avec le 82e BG. Le 13e BG est avec la 2e DB. Celle-là, depuis KOUFRA, malgré le sable chaud et le désert, s'obstine à rester blindée. Tous partent à la reconquête de la Mère Patrie et les bataillons du génie inscrivent dans la soie, après Tunisie et Bir-Hakeim, Italie, France, Allemagne, Vosges, Strasbourg, Colmar…pour ne citer que l’essentiel.
1945. A partir d’ici, tu crois tout savoir. Souviens-toi tout de même que nos bataillons sont de tous les combats, de toutes les opérations, sur les routes coloniales, sur les fleuves. A Dien-Bien-Phu, dans cette seule bataille, le 31e B.G. verra disparaître trois de ces compagnies. Nos bataillons reviennent chargés de gloire. Dans les plis de leurs fanions tu peux lire Annam, Tonkin, Laos, Cambodge et la fourragère aux couleurs des Théâtres d’Opérations Extérieurs y est accrochée.
En Algérie, nous poursuivons la lutte. Sur les réseaux, dans les grottes et les djebels, nous ne laissons à personne notre part de combat.
Ainsi avons-nous quitté l’Afrique, l’Indochine, le Levant et bien d’autres territoires, terres natales de tant de nos Unités.
De nous, sont nés le Corps du Génie US, l'Ecole Polytechnique, le Conservatoire des Arts et Métiers, l'Armée de l'Air, la Météorologie nationale, l'Arme des Transmissions et pour partie, celle du Matériel. Depuis trois siècles, nos épopées se lisent dans nos réalisations, nos édifices, nos ouvrages d'art. Nos traces, témoignent de nos valeurs et de celles de la France, sur tous les continents.
Tu vois, mon livre est bien rempli, mais toujours inachevé. J'ai écris des lignes, que ce fut au Liban, en Centre Afrique, au Cambodge ou au Tchad, mais il reste des pages blanches.
Celles-ci t’appartiennent, comme il t'appartient d’écrire la suite de notre histoire. Cette Coloniale, grande et glorieuse, née de l'Empire, unissant en son sein Marsouins, Tirailleurs, Tabors et Goumiers, en a également partagé le Destin. Pour elle, le rideau s’est baissé, mais pour Toi, l’aventure continue. A l'aube de ce XXI° siècle, dans ce monde moderne et toujours incertain, où les peuples exigent plus de sécurité, de protection et d'humanité, l’ouvrage ne manque pas, tu ne seras pas à la peine...Si tu me rejoins, comme mes Anciens, tu devras bâtir pour unir les peuples et construire les états.
Quant à la Gloire… Seras-tu différent des autres combattants, qu'ils soient fantassins, cavaliers, de la marine ou légionnaires ? Manier la mine, les explosifs, construire des ponts, des routes, des voies ferrées, réaliser des centrales électriques, des aéroports : tout cela, tu sauras le faire.
Tu sauras aussi combattre. Là est la différence, car outre ton sang mêlé à celui de tes frères d’arme, la sueur en sus… souviens toi :
Tu vois, camarade, l'Histoire ne commence pas là, mais bien avant...
Amitié,
Bernard.
Bonsoir Dominique,
Que voilà s'il en fut un sujet polémique...
Des âmes chagrines, en général de petite noblesse, voire des roturiers ayant monnayé leurs seizième de quartiers de noblesse, y verront à contredire...
Il existe deux étapes majeures :
- Vauban, incontestablement, le Père spirituel du Génie "militaire". Entre guillemet car c'est le premier en Europe qui assure la transition entre les ingénieurs militaires et les ingénieurs du Roy.
- Carnot, incontestablement, le Père spirituel de l'Arme du Génie que nous connaissons aujourd'hui.
La différence primordiale entre les deux est simple :
Le premier n'entrevoit le mouvement qu'à travers l'obstacle alors que le second entrevoit le mouvement à travers l'obstacle ET l'ouverture...
Fine nuance dirons certains.
Carnot est réellement le Père fondateur de l'Arme. Connu pour être l'organisateur des armées de la Révolution, il est également celui qui a porté sur les fonds baptismaux notre Arme à travers deux décrets de la convention en 1790 et 1793.
La date exacte varie donc, suivant les parties, entre ces deux décrets. Deux mots sont à retenir :"Arme" et "Sapeurs".
Le premier décret reconnait, après l'Infanterie et la Cavalerie, l’existence en tant qu'Arme, de l'Artillerie et du Génie.
Le second décret dote l'Arme du Génie de troupes qui lui sont propres et les organise et douze bataillons.
La suite est liée aux aléas de l'Histoire. Point. Il me faudrait plus de vingts pages pour tout expliciter, ce que je ne ferais pas ici ce soir.
Si j'ai proposé Dantzig comme fête de l'Arme, ce n'est pas du hasard. En d'autres temps, un soir où j'avais les boules, j'avais écris ceci :
Lettre ouverte à mon prochain frère d'Arme,
Je ne te connais pas et pourtant, je te destine ces lignes. Tu es élève à Coëtquidan ou à St-Maixent et bientôt, il te faudra choisir une Arme. Tu crois tout savoir de l’Armée. Tu as tellement lu ou écouté ces récits de batailles dans des contrées lointaines… Face à la lande bretonne ou au Panier Fleuri, tu les imagines.
Des armes, plus que d’autres, te font rêver. Certains d’entre-nous on cédé au chant des sirènes. Adeptes de rites incantatoires obscurs, ils miment le pas lent des uns, le roulement d’épaules des autres. Parfois même, ils arborent d'étranges insignes et coiffures.
Chimères…
J'observe ces ouvrages qui ornent ta bibliothèque. La plupart relate la fin de l’empire colonial, l’Indochine, l’Algérie. Ils te racontent comment le rideau fut baissé, la fin de l’histoire en somme…
Légionnaires et marsouins, couverts de prestige et de gloire, témoignent de l'épopée. Quant à nous, nous avons tellement œuvré à leurs côtés, ils ne voient plus notre différence. Nous ne pouvons être que des leurs, ils en sont convaincus…Pourtant, nous étions là avant le lever de rideau, bien avant les trois coups…Pour le légionnaire ou le colonial, il était encore beaucoup trop tôt.
Nous n’avons pas de passé colonial, seulement un passé de combattant et de bâtisseur. Le Monde est notre terrain d’expression. Et l’histoire peut commencer à l’ouest avec La Fayette. Des officiers du Génie l’accompagnent. Ils combattent tous aux côtés de Georges Washington, se couvrent de gloire. Au-delà des combats, ils vont contribuer à construire un nouvel état, unissant déjà les peuples. Parmi eux, le Bègue du Portail, crée le corps du génie américain dont la devise est, encore aujourd'hui, "Essayons". Le général Simon Bernard fortifie et assure la défense des côtes, érige WEST POINT, fort MONROE et aménage les voies de communication de la côte Est. Le major l’Enfant, urbaniste, dessine la ville de Washington D.C. Simultanément, à l’est, le Capitaine OLIVIER, à la demande de l'Empereur GHIA LONG fortifie des villes de l'empire chinois dont HANOÏ et HUE.
Nul besoin de l’ombre d’un rempart pour nous épanouir. Pour défendre la République, les sapeurs cherchent…et trouvent. Deux d’entre-nous, COUTELLE et CONTE, grâce à leurs inventions, mettent au point le ballon captif. Le 2 juin 1794, au siège de Maubeuge, pour la première fois, le sapeur combat à terre et, malgré l'absence de parachute, combat également dans les airs. Employé à Fleurus, il sera l’élément déterminant de la victoire. Viendra ensuite la campagne d’Egypte. Les sapeurs du 1er bataillon combattent avec panache sous les pyramides comme à Saint Jean d'Acre. Le lieutenant du Génie Bouchard découvre la pierre de Rosette.
Puis vient l’Empire...
Nous sommes de toutes les batailles. Il en est une de remarquable, le siège de Dantzig. Le Génie s’y couvre de gloire. Les sapeurs, seuls, mènent l'assaut et s'emparent de la forteresse. L'Empereur atteste que nous nous sommes couverts de gloire et le Maréchal Lefebvre décide qu’il en sera désormais pour le défilé comme de la bataille, les sapeurs marcheront en tête, devant la musique. A Waterloo, nous combattons jusqu'au soir dans le carré de la Garde. Le capitaine VANEECHOUT et ses sapeurs seront les derniers à quitter ce champ de bataille qui vit sombrer la fortune de France.
Mais les trois coups se font entendre, le rideau se lève.
En ce mois de juin 1830, 1200 sapeurs du corps expéditionnaire débarquent à Sidi-Ferruch. Ils participent à la naissance de l'aventure coloniale. Le 5 juillet, ils entrent dans Alger. Ils y resteront jusqu’en 1964…134 ans de présence ininterrompue. Dès 1850, s'inscrivent dans la soie, après Anvers, Pampelune et Saragosse, Alger, Constantine, Zaatcha.
En ce milieu du XIX° siècle, lors de la guerre de Crimée, nous inscrivons dans nos soies Bomarsund, Alma, Sébastopol. La France s’engage au Mexique. La Légion vient de naître. Les légionnaires s'illustrent à Camerone, nous, au siège de Puebla.
Voilà bientôt un siècle que nous combattons aux frontières du monde connu. En cette fin de XIX° siècle, alors que les colonies sont paisibles, construites, équipées et aménagées par nos Anciens qui améliorent chaque jour les infrastructures sur tous les continents arrive, en fin, la Coloniale. Partout, après la bataille, nous avons bâti routes, ouvrages d’art, voies ferrées, ports. Des villes aussi : Port St Louis au Sénégal, Kenitra au Maroc, et même cette Sidi Bel Abbès, si chère au légionnaire. La liste n’est pas exhaustive, car nous sommes également en Chine dès 1865, en Cochinchine, au Tonkin, au Vietnam, au Laos, au Cambodge, à Madagascar en 1894, à Papeete, sur l’île Maurice…toutes ces contrées lointaines où il fait si bon pour les autres d'écrire leurs mémoires de campagne, à l'ombre de quartiers que nous avons bâtis. Nous avons assez peu de temps nous-même pour écrire. Il reste encore une église ou un hôpital à construire, et le temps nous est compté. Marsouins et légionnaires ont encore besoin de nous pour cette nouvelle campagne qui s’annonce.
Pour des raisons d’organisation, l’infanterie et l’artillerie éprouvent le besoin de différencier les régiments de recrutement auvergnat ou breton, des régiments de recrutement plus local. Ainsi vont naître l’infanterie et l’artillerie coloniale. Nous, nous n'avons pas d’état d’âme. Tout juste un instant marquerons-nous d’un ‘M’ les compagnies marocaines…Mais c'est la richesse de nos métiers qu'il convient de différencier. Car il existe le sapeur-mineur, le sapeur-conducteur, le sapeur-télégraphiste, le sapeur-colombophile, le sapeur de chemin de fer, le sapeur-aérostier, le sapeur-pontonnier… Le sapeur aviateur qui aura une vie éphémère, mais bien réelle et bientôt, le sapeur-électromécanicien.
Puis vient le premier conflit mondial. Rassure-toi, nous n’irons pas courir tous les champs de bataille ! Je choisirais deux actions. Le 19° BG est le bataillon du génie de l'Armée d'Afrique. Dans les pages de gloire du R.I.C.M (Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc), la prise du fort de Douaumont. Aie une pensée pour les sapeurs Dumont et Ygon. Ils y sont entrés les premiers, à la tête de leurs escouades, neutralisant casemates et équipages. Cela ne relève pas du hasard : un sapeur au combat marche en tête…Quant au fort de Vaux, si chacun se souvient du Commandant Raynal et de son célèbre message "C’est mon dernier pigeon…" on oublie que la bestiole s’appelait Vaillant et qu’elle fut citée pour ce fait d'arme. Dans la Sape, même les pigeons sont fichus de donner l'exemple... Nous finirons la guerre en 1919 devant Odessa et Budapest… avant de partir, dès le mois de juin de cette même année, au Liban et en Syrie…
D’une guerre à l’autre, j’oserai dire "travail normal dans l’emploi", comprendre, d’abord combattre, ensuite construire. Mais c'est une autre histoire que tu peux découvrir dans les ouvrages de ma bibliothèque.
Nous voici fin 1942, l’année charnière et bientôt, les premières défaites allemandes, entre-autre, Bir-Hakeim. Légionnaires et coloniaux adorent, ils y étaient ! Nous aussi…C’est un officier du génie, polytechnicien, qui organise et fortifie la place de Bir-Hakeim par un système bastionné, appliquant les concepts dictés par Vauban, remplaçant les remparts par des champs de mines. Si légionnaires et coloniaux en ont réchappé, c’est grâce à lui. Il était capitaine. Il s'appelait GRAVIER.
1943…j’allais dire "comme en 14"… Jadis, l'Armée d'Afrique quittait ses garnisons avec le 19e BG. Cette année-là, la 9e DIC part au combat avec le 71e BG, la 3e DIA avec le 89e BG, la 2e DMM avec le 87e BG, la 4e DMM avec le 82e BG. Le 13e BG est avec la 2e DB. Celle-là, depuis KOUFRA, malgré le sable chaud et le désert, s'obstine à rester blindée. Tous partent à la reconquête de la Mère Patrie et les bataillons du génie inscrivent dans la soie, après Tunisie et Bir-Hakeim, Italie, France, Allemagne, Vosges, Strasbourg, Colmar…pour ne citer que l’essentiel.
1945. A partir d’ici, tu crois tout savoir. Souviens-toi tout de même que nos bataillons sont de tous les combats, de toutes les opérations, sur les routes coloniales, sur les fleuves. A Dien-Bien-Phu, dans cette seule bataille, le 31e B.G. verra disparaître trois de ces compagnies. Nos bataillons reviennent chargés de gloire. Dans les plis de leurs fanions tu peux lire Annam, Tonkin, Laos, Cambodge et la fourragère aux couleurs des Théâtres d’Opérations Extérieurs y est accrochée.
En Algérie, nous poursuivons la lutte. Sur les réseaux, dans les grottes et les djebels, nous ne laissons à personne notre part de combat.
Ainsi avons-nous quitté l’Afrique, l’Indochine, le Levant et bien d’autres territoires, terres natales de tant de nos Unités.
De nous, sont nés le Corps du Génie US, l'Ecole Polytechnique, le Conservatoire des Arts et Métiers, l'Armée de l'Air, la Météorologie nationale, l'Arme des Transmissions et pour partie, celle du Matériel. Depuis trois siècles, nos épopées se lisent dans nos réalisations, nos édifices, nos ouvrages d'art. Nos traces, témoignent de nos valeurs et de celles de la France, sur tous les continents.
Tu vois, mon livre est bien rempli, mais toujours inachevé. J'ai écris des lignes, que ce fut au Liban, en Centre Afrique, au Cambodge ou au Tchad, mais il reste des pages blanches.
Celles-ci t’appartiennent, comme il t'appartient d’écrire la suite de notre histoire. Cette Coloniale, grande et glorieuse, née de l'Empire, unissant en son sein Marsouins, Tirailleurs, Tabors et Goumiers, en a également partagé le Destin. Pour elle, le rideau s’est baissé, mais pour Toi, l’aventure continue. A l'aube de ce XXI° siècle, dans ce monde moderne et toujours incertain, où les peuples exigent plus de sécurité, de protection et d'humanité, l’ouvrage ne manque pas, tu ne seras pas à la peine...Si tu me rejoins, comme mes Anciens, tu devras bâtir pour unir les peuples et construire les états.
Quant à la Gloire… Seras-tu différent des autres combattants, qu'ils soient fantassins, cavaliers, de la marine ou légionnaires ? Manier la mine, les explosifs, construire des ponts, des routes, des voies ferrées, réaliser des centrales électriques, des aéroports : tout cela, tu sauras le faire.
Tu sauras aussi combattre. Là est la différence, car outre ton sang mêlé à celui de tes frères d’arme, la sueur en sus… souviens toi :
Sapeur, tu ouvres la voie.
Tu ne marches derrière personne.
Capitaine(er) Giudicelli
Cellule Culture d'Arme
Texte édité dans un numéro de la Lettre du Génie
Tu vois, camarade, l'Histoire ne commence pas là, mais bien avant...
Amitié,
Bernard.
Dernière édition par Le Bègue le Dim 18 Aoû 2013 - 11:43, édité 3 fois
_________________
6°RG 1969-1972, 11° Cuir 1973-1975, 6°RG 1975-1980, ENSOA 1980-1984, D.A EAG 1984-1985, 71°RG 1985-1995, DG Marseille-1995-1996.
Le Bègue- modérateur
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Age : 72
Localisation : Angers
Re: Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
Bonjour à tous,
Bernard, comme d'ab et comme un livre,
Excellente présentation de notre arme. Si notre futur jeune cadre hésite après cette diatrible... Bernard, tu aurais dû servir aussi en CIRFA, mais je ne doute pas que tu ais pu influencer nos jeunes ENSOA lorsque tu y a été instructeur...
Le génie, l'arme savante aux 400 métiers.
J'ai pompé ton texte et le reservirait sans doute à un perplexe...
Amicalement
Voirin Denis- membre
- Messages : 253
Date d'inscription : 29/11/2011
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Re: Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
bonjour tout le monde ,
bonjour BERNARD, du grand art,
mais il me semble que si tu as écrit ce brillant plaidoyer d'une plume fort aisée ,c'était pour répondre à une question sans doute souvent posée .
Le Génie ,est couvert de gloire SEMPER UBIQUE ,mais dans l'esprit commun, il y a plus de panache dans une charge de cavalerie,une montée à l'assaut des biffins baïonnette au canon(même si les sapeurs le firent),que dans le fait de creuser des sapes ou consolider des positions afin d'y combattre .
Il existe je pense une vision "romantique" du combattant ,et ce n'est pas le sapeur qui l'illustra le plus.
Pour faire un parallèle avec le foot,le Génie est un arrière et les autres des avants ,et force est de constater que dans ce sport ce sont plus les attaquants qui passent à la postérité .
Mais il est clair qu'ici même ,nul ne doutera du rôle du sapeur combattant de l'ombre , souvent ,mais combattant de toujours,la question est de savoir depuis quand il est perçu comme tel par les autres (cavaliers,fantassins et institutions)et non comme une cheville ouvrière ou une sorte d'auxiliaire.
Pour conforter la conclusion de BERNARD,la devise du 10 ème RG:
"A ME SUIVRE,TU PASSES" ou FAIRE PASSER (moins connue)
D'autre part en parlant des devises,les devises du Génie sont en général moins guerrières que celles de l'infanterie ou de la cavalerie .
bonjour BERNARD, du grand art,
mais il me semble que si tu as écrit ce brillant plaidoyer d'une plume fort aisée ,c'était pour répondre à une question sans doute souvent posée .
Le Génie ,est couvert de gloire SEMPER UBIQUE ,mais dans l'esprit commun, il y a plus de panache dans une charge de cavalerie,une montée à l'assaut des biffins baïonnette au canon(même si les sapeurs le firent),que dans le fait de creuser des sapes ou consolider des positions afin d'y combattre .
Il existe je pense une vision "romantique" du combattant ,et ce n'est pas le sapeur qui l'illustra le plus.
Pour faire un parallèle avec le foot,le Génie est un arrière et les autres des avants ,et force est de constater que dans ce sport ce sont plus les attaquants qui passent à la postérité .
Mais il est clair qu'ici même ,nul ne doutera du rôle du sapeur combattant de l'ombre , souvent ,mais combattant de toujours,la question est de savoir depuis quand il est perçu comme tel par les autres (cavaliers,fantassins et institutions)et non comme une cheville ouvrière ou une sorte d'auxiliaire.
Pour conforter la conclusion de BERNARD,la devise du 10 ème RG:
"A ME SUIVRE,TU PASSES" ou FAIRE PASSER (moins connue)
D'autre part en parlant des devises,les devises du Génie sont en général moins guerrières que celles de l'infanterie ou de la cavalerie .
Dernière édition par KRAL DOMINIQUE le Dim 18 Aoû 2013 - 21:50, édité 1 fois
KRAL DOMINIQUE- membre
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Re: Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
Bonjour à tous,
Bonjour Denis,
Je connais déjà des bureaux dans des États-majors où le texte est imprimé et encadré sur du format A3 !!!
Amicalement,
Bernard.
Bonjour Denis,
Pas de problème !Voirin Denis a écrit:J'ai pompé ton texte et le reservirait sans doute à un perplexe...
Je connais déjà des bureaux dans des États-majors où le texte est imprimé et encadré sur du format A3 !!!
Amicalement,
Bernard.
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6°RG 1969-1972, 11° Cuir 1973-1975, 6°RG 1975-1980, ENSOA 1980-1984, D.A EAG 1984-1985, 71°RG 1985-1995, DG Marseille-1995-1996.
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Re: Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
Bonjour à tous,
Bernard, ce texte est superbe! rien à ajouter.
Bernard, ce texte est superbe! rien à ajouter.
Re: Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
Après presque deux mois d'absence, je replonge (normal pour un SAF) dans notre "Forum" en commençant par la lecture de ta "lettre ouverte".
Quel magnifique plaidoyer pour notre Arme et que de choses apprises. Rien à dire, Bravo.
Quel magnifique plaidoyer pour notre Arme et que de choses apprises. Rien à dire, Bravo.
_________________
Gilles CAMPILLO - CPIO : 1964: 6 RG - 1965: ENSOA + EAG - 1966: 33 RG/FMR/GCFR Pilote du Rhin - 1973: Ecole de Plongée Armée de Terre - 1976: 33, puis 32 RG Chef d'équipe SAF - 1981: 1 RPIMa - 1986: Coëtquidan Cdt de la CI - 1990 Fin de service actif.[b]
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Re: Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
je poste ici deux témoignages extraits du site
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qui illustrent la position délicate des sapeurs délayés au sein d'autres unités pendant le conflit de 14/18 et de la bataille de VERDUN en particuliers .Ces 2 témoignages soulignent l'exemplarité des sapeurs tant dans leur boulot de sapeur qu'au combat ,mais attestent que leurs actions ont parfois été détournées par les unités qui les accueillaient.
Témoignage de Fernand DUCON, sergent à la 19/2 compagnie du Génie :
" Les sapeurs du génie peuvent être comptés parmi les combattants les plus méritants et parmi les plus méconnus. On a trop tendance à ne voir dans ce corps d'élite, ou que les spécialistes souvent héroïques de l'effroyable guerre de mines, ou que les sapeurs plus favorisés de compagnies de chemin de fer, de télégraphistes ou de pontonniers.
En réalité, les compagnies divisionnaires groupèrent la majorité des hommes du génie, à la fois sapeurs et fantassins. Dans les divisions d'attaque notamment, ils vécurent en contact intime avec leurs camarades de l'infanterie, dirigeant leurs travaux de préparation, les accompagnant à l'assaut, le fusil ou le mousqueton à la main, la pioche passée dans le ceinturon lorsque l'heure H avait sonné, s'efforçant ensuite d'organiser le mieux possible l'effroyable chaos du terrain conquis. "
Témoignage du commandant P. :
" Si l'assaut terminé, la victoire gagnée, la gloire des citations oubliait trop souvent les sapeurs du génie, c'est que ceux-ci étaient au combat en de petites fractions réparties entre les grandes unités, qu'ils avaient joué le rôle de ces invités à qui l'on ne doit rien, puisqu'ils ne dépendent pas de vous.
L'ingratitude d'un colonel, d'un chef de bataillon, d'un commandant de compagnie pouvait même se transformer, dans l'esprit du chef, pour une vertu, puisque en grossissant le capital de son unité avec les belles actions accomplies par les étrangers de passage, il contribuait à diminuer l'écart entre les légitimes récompenses demandées par lui pour ses hommes et les récompenses, parcimonieuses, il le savait d'avance, qu'on lui accorderait en haut lieu. "
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qui illustrent la position délicate des sapeurs délayés au sein d'autres unités pendant le conflit de 14/18 et de la bataille de VERDUN en particuliers .Ces 2 témoignages soulignent l'exemplarité des sapeurs tant dans leur boulot de sapeur qu'au combat ,mais attestent que leurs actions ont parfois été détournées par les unités qui les accueillaient.
Témoignage de Fernand DUCON, sergent à la 19/2 compagnie du Génie :
" Les sapeurs du génie peuvent être comptés parmi les combattants les plus méritants et parmi les plus méconnus. On a trop tendance à ne voir dans ce corps d'élite, ou que les spécialistes souvent héroïques de l'effroyable guerre de mines, ou que les sapeurs plus favorisés de compagnies de chemin de fer, de télégraphistes ou de pontonniers.
En réalité, les compagnies divisionnaires groupèrent la majorité des hommes du génie, à la fois sapeurs et fantassins. Dans les divisions d'attaque notamment, ils vécurent en contact intime avec leurs camarades de l'infanterie, dirigeant leurs travaux de préparation, les accompagnant à l'assaut, le fusil ou le mousqueton à la main, la pioche passée dans le ceinturon lorsque l'heure H avait sonné, s'efforçant ensuite d'organiser le mieux possible l'effroyable chaos du terrain conquis. "
Témoignage du commandant P. :
" Si l'assaut terminé, la victoire gagnée, la gloire des citations oubliait trop souvent les sapeurs du génie, c'est que ceux-ci étaient au combat en de petites fractions réparties entre les grandes unités, qu'ils avaient joué le rôle de ces invités à qui l'on ne doit rien, puisqu'ils ne dépendent pas de vous.
L'ingratitude d'un colonel, d'un chef de bataillon, d'un commandant de compagnie pouvait même se transformer, dans l'esprit du chef, pour une vertu, puisque en grossissant le capital de son unité avec les belles actions accomplies par les étrangers de passage, il contribuait à diminuer l'écart entre les légitimes récompenses demandées par lui pour ses hommes et les récompenses, parcimonieuses, il le savait d'avance, qu'on lui accorderait en haut lieu. "
KRAL DOMINIQUE- membre
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ode aux sapeurs préface de l'historique du 4 ème RG
Encore un texte qui est un plaidoyer pour l'arme du Génie et les sapeurs ,glorieux combattants ,mais souvent restés dans l'ombre ,les sapeurs sont comparables parfois aux machinistes de théâtre que l'on ne voit jamais qui sont cachés dans l'ombre des cintres ,mais le spectacle sans eux ne pourrait avoir lieu.
Donc voici le texte lié à la Guerre de 14/18 mais applicable à tous les conflits antérieurs et aux conflits futurs où le Génie se couvre de gloire en toute discrétion mais avec panache ,car avec abnégation.
voici donc la Préface :
De par son rôle, le Génie ne peut pas, comme bien d'autres armes, combattre par grandes unités. Bien souvent les actions d'éclat des petits détachements, les hauts faits individuels, sont passés inaperçus, noyés qu'étaient les sapeurs dans la masse des combattants, mais ils n'en ont que plus de valeur parce qu'accomplis simplement par devoir, par abnégation. Tous les traits d'héroïsme connus et récompensés ne sont en effet qu'une bien faible partie de ceux qui sont à l'actif des sapeurs du Génie?
Ode aux Sapeurs du Génie
"Pendant plus de quatre ans, les armées françaises, toujours sur la brèche, dans les situations les plus critiques, ont fourni un effort gigantesque. Toutes les armes ont contribué à la victoire, mais les sapeurs du Génie peuvent être fiers du grand rôle qui leur a été confié et de la large part qui leur revient dans le succès final?/?
Les Régiments du Génie, avec leurs compagnies et leurs détachements (cyclistes, projecteurs, etc) ont été répartis dans toutes les armées. Aussi, faire l'historique des Régiments du Génie reviendrait à écrire toute la campagne.
Dans toutes les grandes batailles, dans les plus petites opérations de détail, sur tout le front français, des Vosges à la mer du Nord, de la Marne à l'Escaut, parfois même sur le front italien, nous retrouvons des sapeurs?/?
Et chaque fois ce sont de nouvelles pertes pour les Régiments (du Génie), mais chaque fois grandit l'auréole de gloire qui s'épanouira pleinement le jour de la Victoire.
De par son rôle, le Génie ne peut pas, comme bien d'autres armes, combattre par grandes unités. Bien souvent les actions d'éclat des petits détachements, les hauts faits individuels, sont passés inaperçus, noyés qu'étaient les sapeurs dans la masse des combattants, mais ils n'en ont que plus de valeur parce qu'accomplis simplement par devoir, par abnégation.
-Tous les traits d'héroïsme connus et récompensés ne sont en effet qu'une bien faible partie de ceux qui sont à l'actif des sapeurs du Génie?/? A tout instant le sapeur, sans se soucier du danger, ne songe plus qu'à la mission délicate qui lui est confiée?
Qu'il vienne du Massif Central, de la Savoie, des plaines de la Bourgogne ou de la Côte-d'Or, qu'il soit cultivateur, ouvrier, homme de lettres, une fois consacré « sapeur »?, le jeune homme savait qu'il devait être infatigable, courageux, insouciant de la mort qui le guetterait à chaque minute.
Il savait que ses anciens, les pontonniers de la Bérésina, les sapeurs de Malakoff et de Sébastopol, avaient en lettres d'or gravé leur nom dans l'Histoire, il voulait simplement se montrer digne d'eux.
Et pendant quatre années sous les obus et engins de toutes sortes qui semaient la mort, bravant les intempéries, sans trêve, toujours prêts à tout, les sapeurs ont lutté, méritant de voir inscrits sur leur drapeau les noms de toutes les fameuses batailles de la Grande Guerre?"-
(Préface de l'historique du 4e Régiment du Génie)
Donc voici le texte lié à la Guerre de 14/18 mais applicable à tous les conflits antérieurs et aux conflits futurs où le Génie se couvre de gloire en toute discrétion mais avec panache ,car avec abnégation.
voici donc la Préface :
De par son rôle, le Génie ne peut pas, comme bien d'autres armes, combattre par grandes unités. Bien souvent les actions d'éclat des petits détachements, les hauts faits individuels, sont passés inaperçus, noyés qu'étaient les sapeurs dans la masse des combattants, mais ils n'en ont que plus de valeur parce qu'accomplis simplement par devoir, par abnégation. Tous les traits d'héroïsme connus et récompensés ne sont en effet qu'une bien faible partie de ceux qui sont à l'actif des sapeurs du Génie?
Ode aux Sapeurs du Génie
"Pendant plus de quatre ans, les armées françaises, toujours sur la brèche, dans les situations les plus critiques, ont fourni un effort gigantesque. Toutes les armes ont contribué à la victoire, mais les sapeurs du Génie peuvent être fiers du grand rôle qui leur a été confié et de la large part qui leur revient dans le succès final?/?
Les Régiments du Génie, avec leurs compagnies et leurs détachements (cyclistes, projecteurs, etc) ont été répartis dans toutes les armées. Aussi, faire l'historique des Régiments du Génie reviendrait à écrire toute la campagne.
Dans toutes les grandes batailles, dans les plus petites opérations de détail, sur tout le front français, des Vosges à la mer du Nord, de la Marne à l'Escaut, parfois même sur le front italien, nous retrouvons des sapeurs?/?
Et chaque fois ce sont de nouvelles pertes pour les Régiments (du Génie), mais chaque fois grandit l'auréole de gloire qui s'épanouira pleinement le jour de la Victoire.
De par son rôle, le Génie ne peut pas, comme bien d'autres armes, combattre par grandes unités. Bien souvent les actions d'éclat des petits détachements, les hauts faits individuels, sont passés inaperçus, noyés qu'étaient les sapeurs dans la masse des combattants, mais ils n'en ont que plus de valeur parce qu'accomplis simplement par devoir, par abnégation.
-Tous les traits d'héroïsme connus et récompensés ne sont en effet qu'une bien faible partie de ceux qui sont à l'actif des sapeurs du Génie?/? A tout instant le sapeur, sans se soucier du danger, ne songe plus qu'à la mission délicate qui lui est confiée?
Qu'il vienne du Massif Central, de la Savoie, des plaines de la Bourgogne ou de la Côte-d'Or, qu'il soit cultivateur, ouvrier, homme de lettres, une fois consacré « sapeur »?, le jeune homme savait qu'il devait être infatigable, courageux, insouciant de la mort qui le guetterait à chaque minute.
Il savait que ses anciens, les pontonniers de la Bérésina, les sapeurs de Malakoff et de Sébastopol, avaient en lettres d'or gravé leur nom dans l'Histoire, il voulait simplement se montrer digne d'eux.
Et pendant quatre années sous les obus et engins de toutes sortes qui semaient la mort, bravant les intempéries, sans trêve, toujours prêts à tout, les sapeurs ont lutté, méritant de voir inscrits sur leur drapeau les noms de toutes les fameuses batailles de la Grande Guerre?"-
(Préface de l'historique du 4e Régiment du Génie)
KRAL DOMINIQUE- membre
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Re: Le Génie arme de combat mais depuis quand ?
Bonjour à tous,
Bonjour Dominique,
Hélas, le dépeçage continue de nos jours.
Il n'est que de voir la Légion Étrangère qui se précipite sur le patrimoine des unités du Génie engagées en Indochine...
Déjà que pour voir le JMO du 71°BG il faut se rendre à Fréjus, dans peu de temps, il faudra aller à Aubagne pour consulter les autres...
Et encore ! Si la L.E le veut bien !!!
Amitiés,
Bernard.
Bonjour Dominique,
Hélas, le dépeçage continue de nos jours.
Il n'est que de voir la Légion Étrangère qui se précipite sur le patrimoine des unités du Génie engagées en Indochine...
Déjà que pour voir le JMO du 71°BG il faut se rendre à Fréjus, dans peu de temps, il faudra aller à Aubagne pour consulter les autres...
Et encore ! Si la L.E le veut bien !!!
Amitiés,
Bernard.
_________________
6°RG 1969-1972, 11° Cuir 1973-1975, 6°RG 1975-1980, ENSOA 1980-1984, D.A EAG 1984-1985, 71°RG 1985-1995, DG Marseille-1995-1996.
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