Bientôt le 8 mai...

Il y a deux ans je réalisais enfin mon rêve d’aller voir nos cousins de l’ »autre bord ». Un offre IGESA  (CE militaire en qq sorte) alléchante et nous voila au Québec. Bien sur 90 % des personnes avaient un lien direct avec l’institution militaire.

Le jour du 8 Mai notre accompagnateur fait un bref aparté sur les événements de 1945. Puis sereinement il nous annonce « en fait c’est notre victoire pas la votre…. » .

Autant vous dire que je me suis cogné la tête sur le porte bagage du car.
Ma moitié prompte à reconnaitre mes montées en tensions (eh oui les chromosomes Corses  sont là). Me retiens immédiatement…. Pas d’esclandre.  

Je redescends dans les tours et là une paire de C… annoncent « c’est bien vrai cà , nous on l’a perdu «  et d’autres d’approuver :  nouvelle visite de mon cuir chevelu avec le porte bagage.
Nouvelle intervention de ma femme qui bien que je ne sois pas armé craint une tuerie de masse dans le car.

Bon je décide de régler cet épisode avec notre canadien de Guide (fort sympathique et très francophone au demeurant), pour les Français de France, la partie est visiblement perdue.

Le lendemain au calme avec une vue panoramique sur Niagara Falls j’interpelle notre guide. Et lui rappelle quelques fait historiques. Le sacrifice des Français à Bir Hakem pour sauver la 8ème armée britanique, les Forces françaises libre, la 2ème DB, le déparquement de Provence  et la 1ère armée ainsi que les coloniaux qui ont payé un si lourd tribut à « Monté Cassino » pour enfin décrocher une victoire qui avait échappée aux Américains et aux anglais. Enfin toutel'aventure des FFI et FTP qui ont payés le prix fort pour leur lutte armée. Il faut aussi mentionner les soldats de l'ombre  car bien au-delà de l’épopée des maquis dont Eisenhower disait qu’ils avaient économisé plusieurs divisions, il faut aussi se rappeler du travail de renseignement effectué par des hommes et des femmes depuis 1942 et dont l’espérance de vie se comptait en semaine.

En conclusions je lui indique donc que nous avons donc pas usurpé notre place à la table des vainqueurs, et que nous avons effectivement payé le prix fort du sang et des larmes.

Durant toute mon explication je l’ai bien sentis attentif. Puis il me dit ….. mais ce n’est pas ce que l’on nous enseigne, on ne nous parle pas de tout ca…

Cette révélation est terrible. L’oubli est la pire des défaites. L'oubli c'est la négation des sacrifices.  

Si il faut tirer une leçon de cet épisode c’est qu’il faut sans cesses rappeler les sacrifices des français. De la campagne de France à la libération il y a tant de fait d’armes symboliques que vous trouverez bien une histoire à raconter, à vos enfants, petits enfants, ou étranger à qui cette part de notre histoire à été masquée.

Il ne faut pas vivre dans le passé, mais l'oublier c'est condamner nos enfants à refaire les mêmes erreurs et en payer un prix à chaque fois plus élévé.

Si cet été ou les suivants vous passez devant une cérémonie, faites une petite halte offrez quelques instants pour faire revivre ces héros à qui nous devons la liberté et tant d'autres choses.

Je compte sur vous et tout  les héros de notre panthéon aussi.

 
Vauban

Complètement d'accord . J'avais 10 ans en 1944 et nous étions à 80 K de Royan. J'ai le souvenir de jeunes gens de 20 ans de la région qui sont partis clandestinement , avant 1944, rejoindre les F.F.L par l'Espagne. On l'a appris en les revoyant en permission après le débarquement . Dans la localité où nous habitions il y avait un très gros dépôt de munitions souterrain inattaquable par l'aviation. Un des jeunes réquisitionné pour y travailler a pris l'initiative de contacter un mouvement de résistance à Bordeaux pour le faire sauter de l’intérieur. Ce qu'il a fait en sautant avec le dépôt qui à continuer à exploser pendant des jours. Il avait 20 ans et était ancien enfant de troupe.
Sur ce forum j'ai transcrit les souvenirs de Serge Leroux qui a 17 ans était agent de liaison pour un mouvement de résistance dans les Ardennes. Dès l'arrivée des alliés dans l'Est il s'est engagé pour la 1ere DFL et a participé aux derniers combats des Alpes
Par la suite , bien plus tard en 1952 , j'ai été sous les ordres, après engagement, au 31° Génie à Port Lyautey, d'Officiers et de Sous Officiers qui avaient tous fait la campagne d'Italie. Ensuite cela m'arrivera souvent d'entendre la relation d'un souvenir particulier à une situation particulière de cette pèriode 1943/1944. Jamais de forfanteries. Un d'eux , rencontré plus tard, et qui avait vécu l'épopée Leclerc depuis l'Afrique Noire après avoir déserté du Maroc me disait en parlant de l’âpreté des premiers combats de la Division en Normandie " Nous avions 20 Ans et les Allemands qui étaient en face avaient 20 ans aussi" Pour lui cela expliquait tout.

Merci Adrien pour ces témoignages.
Je connais l’histoire de ce jeune qui à fait sauter le dépôt de munition, si ma mémoire est bonne sa petite amis à échappé de justesse au peloton.  Quel bel exemple de don de soi.

Comme je l’ai précisés dans ma présentation, je suis le fils d’un chef départemental des FFI, enregistré des 1941 comme activiste, il à été chassé par la police allemande et n’a du son salut qu’a sa prudence extrême. Son frère, plus âgé et chargé de famille n’a pas eu la chance de passer au travers des mailles du filet. Il a payé de sa vie à Auschwitz  sont engagement pour la France.

Comme vous l’imaginez j’ai souvent rencontré ces hommes. Tous étaient humbles et ne disaient qu’avoir fait leur devoir. Ceci est vrai pour tous du simple maquisard engagé dans la lutte (avant juin 1944…) aux chefs les plus reconnus  comme Monsieur Ravanel.  J’ai aussi rencontré les Hommes du 1er SAS (ceux du  Col Stirling) qui ont été parachutés le 6 ou 7 juin 44 dans le Morvan  au maquis Camille dont je porte le Blason.  Cela a toujours été des instants hors du temps d’être avec ces personnes. J’ai vu dans leurs yeux le lien indéfectible des « frères d’armes », d’une fidélité absolue ils sont restés jusqu’a la fin   liés par des chaines invisibles.

Le temps faisant son œuvre c’est à nous de prendre notre part de devoir vis-à-vis d’eux. C’est tout le sens des propos du précédent post.

Je pourrais parler des heures de la résistance Française. Je me suis déjà heurté avec des historiens pour qui la vérité se doit d’être absolue. Il est vrai que souvent il y a une part importante d’enjolivement des histoires, mais si ces « exagérations» permettent d’attirer l’attention des plus jeunes et de faire passer le message profond de la Résistance alors j’accepte le rôle de « saltimbanque »
j’ai vu mon Père dans un collège maintenir une matinée complète l’attention d’élèves  qui au départ n’avaient qu’une intervention de 55 minutes. C’est à LEUR demande que les cours suivant ont été annulés… Là le message était passé à coup sur.

Qui fait le mieux passer le message « Monsieur Decaux » et son récit  dynamique ou les docteurs en histoire avec leurs thèses mettant à nu un événement dans une rigueur quasi chirurgicale mais soporifique à  l’extrême (j’en ai lu !)

C’est toute la différence entre l’approche pour les autres et pour celle pour soi même. (décidément je n’aurais pas d’amis dans cette corporation…)
De nos jours « Star war » est plus propice à capter l’attention des jeunes qu’une rediffusion des rois maudits…

Ne pas condamner nos enfants à refaire les mêmes erreurs c’est une part de notre mission de parents ou grand parents.