Tir Tydée le 25/07/1979

Des que je disposerai de temps je vous présenterai ce qui était le but de tout ce déploiement en hommes et en matériels.
La version plus ou moins officielle et la réalité sur l'atoll.

Le tir Tydée revient sur le devant de l'actualité pour trois ans en Polynésie et au MINDEF.
Avant d'expliquer il est nécessaire de décrire les méthodes utilisées pour réaliser les essais. Selon les procédures de tir employées les sapeurs étaient plus ou moins nombreux sur les sites.
Donc pour commencer il y a eu les tirs sur barges (4) au milieu des lagons.
Ensuite les tirs sous ballon (34) toujours au milieu des lagons.
Le tout mélangé avec des essais de tir réel de l'AN52 (3) larguée par avion Mirage IV A, Mirage III E et Jaguar A.
Vient le temps des essais souterrains en couronne sur les platiers des deux sites et des tirs sous lagon.
A cela il faut rajouter les tirs dits de sécurité (5) et les tirs froids.
A suivre.

Les tirs sur barges:
Les plus simples, les plus économiques à l'usage. L'engin à tester est simple pausé et arrimé sur la barge relié au PCT par une multitude de câbles pour les mesures.
Mais gros problème c'était particulièrement polluant. Les débris contaminés de la barge restaient au fond du lagon.
Le sable et l'eau du lagon étaient aspirés et venaient compléter le nuage. Tout cela faisait que les retombées étaient bien chargées en produit radioactif.
Tout cela rendait difficile l'occupation et la vie sur les atolls.
C'est pour cela que le plus gros des logements se faisait sur des (4) bateaux.
A suivre

Je reprends la suite du récit.
Les bateaux (Bâtiments-bases) étaient des anciens paquebots des Chargeurs Réunis avec une plate-forme Alouette III (sauf Moselle).

Donc,
BB A611 Maîne ex El Mensour (6 000 t)
BB A612 Medoc ex Sidi Ferruch (5 300 t)
BB A613 Morvan ex Sidi Mabrouk (5 300t)
BB A637 Maurienne ex Savorgnan de Brazza (8 700t)
BB A608 Moselle ex Foucault (8 700t)

Il est certain que le nom d'origine des BB va rappeler des souvenirs aux anciens qui ont traversés la Méditerranée pour rejoindre Alger.

Pour en revenir aux BB ils servaient de lieux de logement les personnels CEA, des personnels militaires ainsi que des civils travaillant pour soit le CEA ou le CEP sauf les militaires du 5é RMP qui embarquaient avant et pendant les tirs.
Par la suite nous sommes passé aux essais sous ballon captifs cela ne changeait pas grand chose sur le fond quand aux effets des suites des tirs.
Plus tard pour des raisons de politique internationale et de l'application de traités de l'ONU les essais sont devenus souterrains.
Les BB seront désarmés en métropole. Les effectifs civils et militaires sont répartis de manières différentes sur les atolls Mururoa voient les effectifs passer à 3 000 hommes plus ou moins environs selon les périodes. Hao est en perte d'effectif et se retrouve avec une base forte de 300 personnels. Par la suite les effectifs seront réduit continuellement.
A suivre.

La suite,
Le passage aux tirs souterrains est imposè par la communauté internationale, des impératifs économiques.
En gros on fore un puits de tir d'un diamètre important 1,50 à 1,70 m pour une profondeur de 700 ou 900 mètres.
Les forages étaient réalisés par une entreprise française. Après le tir des forages de petit diamètre étaient réalisés en diagonale pour atteindre le noyau de l'explosion pour procéder à des prélèvements qui par la suite étaient acheminés vers Hao puis vers Villacoublay et ................................on en sait rien pour études, analyses.
Pour nous sur Mururoa et Hao cela voulait dire Transport Spécial.
Le TS commençait du point zéro à soit la zone CEA ou à la zone aéro ou directement à la zone aéro sur le site de Mururoa.
Ensuite les Caravelles transportaient le chargement vers Hao. Après l'arrivée à Hao Les prélèvements rejoignaient la zone CEA (TS) pour attendre les autres prélèvements. Ensuite Re (TS) inverse vers la zone aéro de Hao et chargement dans un DC8 pour ce qui à l'époque était la plus grande ligne aérienne du monde, Hao - Point à Pitre - Paris.
Vous me direz pourquoi parler de cela ?
Parce que les points zéro étaient gardé en armes par le 5 éme RMP une fois l'engin rendu sur place et ce tant que une certaine profondeur n'était pas atteinte.
Les GMC plateau (1) étaient fournis à Mururoa par la CTR du 5éme RMP et à Hao par la STR soit du 5 ou du 502 et du 57 éme BCSP.
Les escortes en armes pendant les transits sur les deux sites incombaient également aux mêmes unités.
Donc les sapeurs participaient à cela.
A suivre.

(1)
Concernant cette photo  normalement l'individu en maillot de bain était dans une tenue interdite pour un déplacement et ensuite jamais au grand jamais se trouver le long de la route pendant le passage du TS. En regardant bien le conducteur porte une tenue chaude, les gants Butyl et un masque à gaz.
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La suite:
Donc le puits de tir est foré ensuite vient le temps de l'installation d'un grand portique destiné à tenir l'engin à tester est surtout à le descendre jusqu'à la profondeur souhaitée.
Ensuite du béton était coulé, les rejet du forage remplissaient le reste du puits et de nouveau du béton. L'engin était relié alors à la surface par des câbles de liaison divers. Ces câbles rejoignaient le PCT situé à Anénone soit une dizaine de kms.
Pour le test appelé Tydée cela aurait du ce passait comme cela. Mais l'engin c'est bloqué à x profondeur sans possibilité de le remonter. Que faire ? La décision de tirer à été prise et là vu la faible profondeur la secousse habituelle a duré plus longtemps que la normale échelle 6,5 à 7 de Richter, le lagon c'est partiellement vidé et a cet instant nous sommes passé en alerte tsunami. Des heures après l'eau est revenue en recouvrant totalement une grande partie de Mururoa.
A suivre;

C'est très intéressant et j'attend la suite avec impatience.

Je pense qu'à l'époque on ne percevait pas bien l'ampleur du risque d'exposition au danger radioactif, car à la lecture de ce récit, on a un peu une impression d’insouciance de la part du personnel qui est somme toute à proximité des bombes et des lieu de tir après explosion. Cela a du être une sacré expérience que de vivre ces essais?

Il est vrai que sur le champ de bataille, un trou individuel plus la demi toile de tente, à condition de ne pas être trop prés, devait nous protéger de tout ça.

Comme toujours l'ami Papynuc nous passionne avec ses récits précis.
J'ignorais que le lagon s'est partiellement vidé après Tydée. Cela me semble surréaliste  car la passe de Muru est immense. En revanche un pan immense côté océan s'est rompu deux ou trois heures après le tir provoquant le mini tsunami qui a d'ailleurs grièvement blessé des ingénieurs CEA venus en reco non loin du point-zéro.
Bon week-end.
Madron

Détail de deux pages de mon carnet de l'époque.



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Je suis impressionné Papynuc par tes notes de l'époque, même laconiques, qui présentent aujourd'hui un intérêt historique certain.
Une question, si elle n'est pas indiscrète, comment savait-on le niveau de millirads relâchés dans l'atmosphères ?
Pour l'essai Palamède, je ne trouve pas les mêmes dates ou ai-je mal lu tes notes manuscrites ?
Extrait liste officielle :
25 juillet 1979 17h57 Tydée 112 kt Moruroa (puits Ara 1)
28 juillet 1979 19h56 Palamède 14 kt Moruroa (puits Camélia 3)

Je savais par radio. J'avais un poste du CEA Thomson CSF pour la sécurité et on écoutait en attendant le top de reprise des activités et descendre de la plateforme.

Je vois...
Quant à Tydée, je pense que tu n'ignores pas Papynuc que le Président Giscard d'Estaing devait y assister...
Peut-être y étais-tu ?

Je possède l'enregistrement du Président à Mururoa et je me souviens bien d'avoir eu à faire fabriquer la hampe du fanion du président pour le fixer sur la 204 blanche et d'avoir gardé ce fanion une dizaine de jours ainsi que d'avoir fait des tests de vitesse pour voir si cela tenait sur une aile disons un peu corrodée.

Ce n'est pas banal comme anecdote ! J'espère que Giscard t'a remercié pour que  ses couleurs flottent bien avec la vitesse du véhicule présidentiel (relative sur la route de Muru) en prenant en compte aussi sur la force de l'alizé...

Bonjour à Papynuc et autres anciens sapeurs du CEP.
Pour en revenir aux intéressantes observations faites durant Tydée j'ai quelques interrogations à soumettre:
_Quand tu dis qu'il y a eu 200 mètres de marée, observée depuis Anémone ou Martine ? Il est vrai que le lagon face à la zone-vie était peu profond (5 à 10 mètres ?)
_ le reflux a-t-il eu lieu comme un tsunami et avait-il envahi la zone-vie ?
_ enfin, en 79, le muret côté lagon était-il déjà construit ?
Bon après-midi.
Madron

Bonjour,
Le niveau a baisé mais rien n'est revenu ou alors c'était très léger.
Concernant le muret côté lagon il n'existait pas. C'était aussi le début de la mise en place des autoponts et des plateformes de sécurité de différents modèles avec pour celles de la route sud et nord des équipement lumineux et sonores d'alerte.

Le retour "la vague" venant de l'océan a eu lieu en fin de matinée.

Officiellement, la rupture de "loupe" (pan extérieur du récif corallien) a eu lieu "quelques heures" après le tir...

Concernant le tir Palamède il était initialement prévu le 27 juillet. Il a été reporté au lendemain.
La raison m'est inconnue.

Bonsoir Ambroise et aux autres sapeurs et amis sapeurs.
En effet Palamède s'est déroulé le 28 juillet à 19h56 (UTC) pour une énergie de 15 kt environ...
Nombre de tirs souterrains ont connu des reports, pas toujours à cause des conditions météo ou de vent...

Ce qu était remarquable voir angoissant était que à H-3 les sirènes commençaient à se faire entendre est à partir de cet instant les oiseaux se taisaient, les chiens ne se montraient plus. Les personnels pour la plus part ne parlaient plus beaucoup et attendaient la fin du décompte. Après pendant un certain temps disons entre H+ 1 voir 3 au maximum tout redevenait normal.